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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bien le savoir. Une discrétion pareille, qui s’était poursuivie durant de longues années, méritait bien considération. Je me dis que le Concini le comprendrait, qu’il aurait pitié de ma détresse, et qu’il me donnerait quelque emploi modeste qui me permettrait de vivre. Je ne demandais pas la fortune, monsieur, je demandais simplement de quoi manger une fois par jour. C’était peu, comme vous voyez. Je me persuadai qu’il ne me refuserait pas cela. Je commis l’insigne folie d’aller le trouver et de lui exposer ma triste situation. Le résultat, vous l’avez vu, monsieur : Concini, effrayé de me retrouver vivant, persuadé que je le trahirais un jour ou l’autre, me faisait conduire à la potence lorsque j’ai eu la chance de vous rencontrer sur mon chemin et que vous m’avez délivré. Voilà toute l’histoire, monsieur. Concini s’est dit que j’en savais trop long sur son compte et que le meilleur moyen de s’assurer la discrétion des gens est encore de leur passer une bonne cravate de chanvre autour du col, attendu qu’il n’y a que les morts qui ne parlent jamais.
    – Heu ! fit Valvert, qui avait écouté avec attention, es-tu bien sûr de n’avoir pas quelque petite trahison à te reprocher à l’égard de ton ancien maître ?
    Landry Coquenard eut une imperceptible hésitation. Et se décidant tout à coup, baissant la tête comme, honteux, d’une voix sourde, il avoua :
    – C’est vrai, monsieur, j’ai quelque chose comme ce que vous dites sur la conscience.
    Et, redressant la tête, le regardant droit dans les yeux, d’une voix redevenue ferme :
    – Mais cette trahison, puisque trahison il y a, je n’en rougis pas. Cette trahison, c’est une bonne action. La seule peut-être dont se puisse honorer ma vie de sacripant. Et, bien que de cette bonne action dépendent tous mes malheurs, attendu que c’est à la suite de cela que j’ai quitté Concini, je vous jure Dieu que je ne l’ai jamais regrettée et que si c’était à refaire, je recommencerais encore.
    Et, après une nouvelle hésitation, il ajouta :
    – D’ailleurs, monsieur, pour peu que vous y teniez, je vous raconterai cette histoire.
    – Nous verrons cela tout à l’heure, répliqua Valvert dont l’œil clair pétillait. Pour l’instant, réponds à ceci : puisque tu es entrain de te confesser, voyons, n’as-tu rien d’autre de plus sérieux à te reprocher sur la conscience ?
    Landry Coquenard parut chercher dans sa mémoire, et finalement, très sérieux, très sincère, très convaincu :
    – Je suis un homme de sac et de corde et non pas un saint. C’est pour vous dire, monsieur, que je reconnais volontiers que je dois avoir sur la conscience à peu près tous les péchés que peut avoir commis un sacripant de mon espèce. Mais quant à avoir quelque chose de vraiment sérieux à me reprocher, en conscience, je ne le crois pas. D’ailleurs, je vous l’ai dit, de par mon éducation première, j’ai gardé des sentiments religieux qui font que je ne transige jamais sur certaines questions. Hélas ! monsieur, il faut bien le dire puisque cela est, c’est à cet excès de scrupules que je dois la guigne persistante contre laquelle je me débats vainement depuis si longtemps. Je le sais, et pourtant, c’est plus fort que moi, il y a certains actes que je ne peux pas prendre sur moi d’accomplir. C’est malheureux, mais je n’y puis rien. Je suis ainsi et non autrement.
    – Voyons l’histoire de ta trahison, demanda brusquement Valvert en souriant malgré lui.
    Et, comme s’il devinait que son convive avait besoin d’être excité, il remplit son verre à ras bord. Landry Coquenard vida son verre d’un trait, s’assura d’un coup d’œil soupçonneux lancé autour de lui qu’on ne les écoutait pas et, se penchant sur la table pendant que Valvert se penchait de son côté, baissant la voix :
    – En ce temps-là, le signor Concini avait pour maîtresse – une de ses innombrables maîtresses, veux-je dire – une grande dame… une très grande et très noble dame.
    – Une Florentine ? demanda curieusement Valvert.
    – Non, monsieur, une étrangère, répondit Landry Coquenard sans hésiter. Et reprenant son récit :
    – Il arriva une chose imprévue et qu’il eût été pourtant facile et prudent de prévoir : la dame devint enceinte des œuvres de son maître. Ceci pouvait avoir des conséquences terribles pour les deux amants. Je ne sais comment elle

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