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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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peuvent s’offrir le luxe de se mettre à table à l’heure fixe. Mais les pauvres hères comme moi ne dînent que quand ils le peuvent. Ce n’est pas tous les jours, comme vous pouvez le voir à ma maigreur.
    Et Landry Coquenard jeta un coup d’œil moitié railleur, moitié apitoyé sur sa maigre personne.
    – Tu dîneras aujourd’hui, fit Valvert en souriant. Je te veux régaler. Viens avec moi.
    – Monsieur, remercia Landry Coquenard, la mine épanouie, c’est un honneur dont je garderai le souvenir ma vie durant. Et il ajouta :
    – A table, comme au combat, comme partout, où il vous plaira de me conduire, croyez bien que je serai toujours très honoré d’être votre très humble et très dévoué serviteur.
    Quelques instants plus tard, ils s’asseyaient avec une égale satisfaction devant une table plantureuse garnie de choses succulentes, encombrée de flacons poudreux.
    Ceci se passait dans la salle commune d’une auberge de second ordre, bien achalandée, de la rue Montmartre, à deux pas des Halles. Derrière eux, quelques instants après, d’Albaran entra, se plaça près de la porte, assez loin d’eux, et se fit servir à dîner comme eux. Ils ne prêtèrent aucune attention à ce client solitaire.
    Landry Coquenard fit honneur au repas que lui offrait le comte de Valvert, en homme qui n’a pas tous les jours pareille aubaine et qui ne sait pas quand ses moyens lui permettront de souper. Il mangea comme quatre et but comme six. Cependant, s’il se révéla du premier coup gros mangeur et buveur intrépide, Valvert, qui l’observait avec attention, sans en avoir l’air, remarqua qu’il se tint très correctement, avec une aisance parfaite, sans être le moins du monde impressionné. Et tout en se montrant bavard et un peu familier, il n’oublia pas un seul instant la distance qui le séparait du noble amphitryon qui le traitait si magnifiquement et avec une simplicité de manières qui aurait pu faire croire à un autre, ayant moins de tact, qu’il se trouvait en présence d’un égal. Il remarqua en outre que malgré l’énorme quantité de liquide qu’il avait absorbé, il se tenait ferme comme un roc et gardait toute sa lucidité.
    Tant que dura le repas – et il fut long – ils ne parlèrent que de choses banales qui ne méritent pas d’être rapportées ici. Pour mieux dire, Valvert fit bavarder Landry Coquenard qui s’y prêta de bonne grâce, n’ayant pas, comme on dit, « la langue dans sa poche ».
    – Sais-tu que tu t’exprimes bien, lui dit-il.
    – Je vais vous dire, monsieur le comte, j’ai étudié autrefois pour être clerc. Mais mon mauvais caractère m’a fait renvoyer du collège où j’étais. Et c’est bien fâcheux pour moi. Aujourd’hui, je serais peut-être un chanoine ventru et gras à lard, au lieu du minable compagnon n’ayant que la peau et les os que je suis devenu.
    – Tu as de belles manières.
    – J’ai servi chez des gens de qualité, monsieur. Il m’en est resté quelque chose parce que la Providence m’a gratifié d’une certaine facilité d’assimilation, voire d’un certain talent d’imitation.
    – Il est de fait, fit Valvert en riant, que je n’ai jamais entendu quelqu’un imiter aussi bien que toi le chat, le chien, l’âne et le cochon. C’est à s’y méprendre, et j’avoue que j’y ai été pris.
    – Oh ! fit modestement Landry Coquenard, ceci n’est rien. Vous en verrez bien d’autres avec moi.
    – Tu comptes donc que nous nous reverrons ?
    Landry Coquenard réfléchit une seconde. Et, regardant Valvert bien en face :
    – Monsieur, dit-il, je vous ai dit que j’ai étudié pour me faire clerc. C’est vous dire que j’ai des sentiments religieux très solides. Je crois que c’est le seigneur Dieu, qui sait bien ce qu’il fait, qui nous a rapprochés. Dès lors, pourquoi irions-nous contre sa volonté ? Pourquoi nous séparerions-nous ? Pourquoi ne me garderiez-vous pas avec vous ?
    – Si je t’entends bien, tu me demandes de te prendre à mon service ?
    – Oui, monsieur. Vous avez heurté ce matin le seigneur Concini, qui est tout-puissant en ce pays. Entre vous et lui, c’est désormais une lutte sans merci. Je crois, je suis sûr que, dans cette lutte, je pourrai vous être utile. Moi, de mon côté, je m’appuierai sur vous contre le Concini qui me hait.
    – Je ne dis pas, fit Valvert rêveur. Mais je suis pauvre, moi.
    – Vous ferez fortune, monsieur, assura Landry

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