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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Coquenard. En attendant, je ne suis pas exigeant. Le gîte, la pâtée, vos vieilles nippes, c’est tout ce que je vous demande.
    – Il est entendu que les jours où vous n’aurez rien à vous mettre sous la dent, je me contenterai, moi, de faire un cran à mon ceinturon.
    Valvert réfléchissait en observant Landry. Cette physionomie intelligente, rusée, ne lui déplaisait pas. Le regard clair, qui ne se dérobait pas, annonçait la franchise. Il avait vu l’homme à l’œuvre. Dans le combat, il serait un compagnon sur lequel on pourrait compter. Il se disait donc qu’il aurait en lui un excellent serviteur capable de le seconder dans la bataille comme au conseil. Un serviteur qui lui serait dévoué comme un homme de cœur peut l’être à quelqu’un à qui il doit la vie.
    – Ecoute, fit-il brusquement, raconte-moi un peu pourquoi Concini te voulait pendre.
    La longue et maigre figure de Landry Coquenard s’éclaira d’un large sourire de satisfaction ; il sentait qu’il avait partie gagnée. Et, devenant subitement sérieux, il commença :
    – Il faut vous dire, monsieur, que j’ai été le valet, l’homme de confiance du signor Concini.
    – Toi ! sursauta Valvert, pris d’une vague méfiance. Quand ?
    – Il y a dix-sept ans. Vous voyez que cela ne date pas d’aujourd’hui et ne me rajeunit guère. C’était à Florence. Le signor Concini était loin d’être alors ce qu’il est devenu depuis. Mais c’était un jeune et élégant cavalier, fort beau garçon, la coqueluche des grandes dames florentines qui se le disputaient et auprès desquelles il se poussait autant qu’il le pouvait, ayant déjà compris dès lors que c’est par les belles qu’il arriverait à faire son chemin. Il y a joliment réussi, il faut le reconnaître, car le voilà devenu par les femmes, par une femme, pour mieux dire, le véritable maître du plus beau royaume de la chrétienté. C’est pour vous dire, monsieur, que ce n’était pas une petite affaire que d’être l’homme à tout faire, le confident d’un aussi élégant cavalier, si avancé dans la faveur des belles.
    « Vive Dieu, en avons-nous eu de galantes aventures ! Filles ou femmes mariées, du bas peuple, de la bourgeoisie, de la cour grand-ducale, toutes y passaient, à condition qu’elles fussent jeunes et jolies. Et ce que le signor Concini arrachait à celles qui étaient riches, il le dépensait sans compter avec celles qui ne l’étaient pas. Car, il faut lui rendre cette justice : il a toujours été magnifique et généreux jusqu’à la prodigalité. Pour satisfaire un caprice, briser une résistance, acheter une complicité, il n’hésitait pas à répandre l’or à pleines mains. Vous me direz que pour ce qu’il lui coûtait, il pouvait ne pas y regarder de près. Toutes ces intrigues, et il y en avait, monsieur, n’allaient pas, bien entendu, sans quelques fâcheux inconvénients. Il y avait les jaloux : pères, maris bafoués, amants supplantés, frères outragés, tout cela, souvent, nous donnait la chasse. Il fallait en découdre, fournir aux uns quelques bons coups d’épée, expédier les autres à la douce, avec le poignard. Et cela me regardait plus particulièrement.
    – Diable, observa Valvert, je n’aime pas beaucoup ce métier de bravo, maître Landry.
    – Evidemment, monsieur, il ne faut pas être trop délicat pour l’exercer. Mais, moi, monsieur, je puis du moins me vanter de n’avoir jamais frappé par derrière. C’est toujours en face que j’ai attaqué mon homme, à chances égales. Je risquais ma peau loyalement.
    – C’est déjà mieux. Quoique… Enfin, passons…
    – C’est pour vous dire aussi, monsieur, que je sais bien des choses sur le compte du signor Concini. Des choses terribles que pour rien au monde il ne voudrait voir divulguées. Maintenant surtout qu’il est un grand personnage. Or, j’avais quitté le Concini depuis longtemps. Je ne l’avais pas oublié. Mais lui me croyait mort. La guigne, monsieur, une guigne noire, affolante, à vous rendre enragé, me poursuivait depuis ce temps avec un acharnement dont vous ne pouvez pas vous faire une idée. J’avais essayé d’une infinité de métiers. Rien ne me réussissait. J’étais en train de mourir lentement de misère, lorsque je me ressouvins de mon ancien maître Concini, devenu tout-puissant ici. L’idée, idée funeste, me vint d’aller le trouver. En somme, je ne l’avais jamais trahi. Il devait

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