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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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loyalement ce qu’il en était. Je ne l’ai pas fait. J’ai eu tort et c’est à moi de vous demander pardon pour les tourments que vous devez à ma sottise et à mon manque de franchise.
    Radieux, il exprima toute sa gratitude :
    – Ah ! comme vous êtes bonne !… Et comme je vous adore !
    – Maintenant, dit-elle en retrouvant son sourire espiègle, il faut que vous sachiez tout… tout ce que je sais de moi-même et de Loïse. Et je sais si peu de choses que j’aurai vite fait de tout vous dire.
    Elle se recueillit un instant. Il s’enhardit. A son tour, il lui prit la main, qu’il effleura d’un baiser respectueux et, la gardant entre les siennes sans qu’elle songeât à la retirer.
    – Je vous écoute, dit-il avec un accent de tendresse profonde.
    – Qui suis-je ? commença-t-elle. Où suis-je née ? Que sont mes parents et vivent-ils encore ? Je n’en sais rien. Du plus loin que je me souvienne, je me vois au pouvoir d’une femme qui s’appelait La Gorelle et qui prenait soin de me rappeler à chaque instant que j’étais une fille abandonnée qu’elle gardait par charité. Dans ce temps-là, il paraît que j’avais un nom de baptême, comme tout le monde, que La Gorelle connaissait et me donnait de temps en temps ? Je crois que si on le prononçait devant moi, je le reconnaîtrais. Mais il y a si longtemps et je l’ai si peu entendu que, seule, je n’ai jamais pu parvenir à le retrouver, car j’ai longtemps cherché à le retrouver. J’ai fini par y renoncer. La Gorelle, qui devait avoir ses raisons pour cela, me donna bien vite un autre nom. Elle m’appela d’abord « Fille abandonnée ». Puis, trouvant sans doute ce nom trop long, elle m’appela : « l’Abandonnée » tout simplement. C’est le seul nom que je me connaisse. La Gorelle n’était peut-être pas une méchante femme, mais elle était d’une cupidité inimaginable, insatiable. Et cette cupidité lui faisait commettre froidement les pires méchancetés. Elle avait mis dans sa tête que c’est moi qui pourvoirais à ses besoins d’abord et qui, plus tard, assurerais sa fortune. Tous les moyens lui étaient bons pour arriver à ce résultat. Quand j’étais toute petite, elle me prenait dans ses bras, à demi-nue, et s’en allait mendier. Et elle me pinçait jusqu’au sang pour me faire pleurer, parce que les larmes d’un enfant excitent la compassion des âmes charitables, qui se montrent plus généreuses.
    – L’abominable mégère ! gronda Valvert indigné.
    – Plus tard, vers trois ou quatre ans, comme elle n’aimait pas s’exposer elle-même aux intempéries, elle m’envoya mendier toute seule. Si la recette que je rapportais lui paraissait insuffisante, elle me rouait de coups et m’envoyait coucher sans manger. Cette recette, pourtant assez fructueuse, ne lui paraissait jamais suffisante, parce que son insatiable cupidité lui faisait sans cesse augmenter ses exigences. Plus tard encore, vers sept ou huit ans, elle m’envoya dans les champs ramasser des fleurs sauvages que j’allais vendre ensuite. C’est ainsi que j’ai appris mon métier de bouquetière. Je ne connais qu’une seule bonne action à l’actif de cette femme, encore devait-elle avoir un intérêt que j’ignore qui la guida en cette occasion : elle ne manquait pas d’une certaine instruction, elle m’apprit à lire et à écrire. Abandon, misère, labeur acharné, au-dessus des forces d’une enfant, privations et mauvais coups, voilà en quelques mots toute mon histoire et j’aurais aussi bien pu ne pas vous en dire plus long.
    – Pourquoi ? fit-il en lui pressant tendrement la main. Pensez-vous que rien de ce qui vous touche peut me laisser indifférent ? Je vous en prie, dites-moi tout, au contraire… Tout ce que vous savez.
    Elle reprit :
    – Si encore elle s’en était tenue là. Mais je grandissais. Je devenais gentille – c’est elle qui le disait. Et elle avait fait cet abominable rêve de me livrer, moyennant finances, à quelque seigneur généreux et débauché. Si je ne suis pas allée rouler dans la fange du ruisseau, ce n’est pas la faute des ignobles conseils qu’elle ne cessait de me prodiguer.
    – Ah ! l’exécrable guenon, la détestable truie !… si je la tenais, celle-là !… s’emporta Valvert en serrant les poings.
    – Bah ! fit-elle avec son sourire malicieux, tout cela est bien loin, maintenant. Ecoutez l’histoire de ma petite

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