Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
fer :
    – N’est-ce pas une chose vraiment merveilleuse que ce soit moi qui vienne vous visiter, vous.
    Concini saisit à merveille l’allusion. Il ne cessa pas de sourire. Et, de sa voix la plus caressante, riposta du tac au tac :
    – En effet, madame, qu’une princesse souveraine comme vous daigne se déranger pour un simple gentilhomme comme moi, c’est là un honneur inestimable, dont je garderai le souvenir précieux ma vie durant. Mais laissez-moi vous dire que, si vous en aviez manifesté le désir, je me serais fait un devoir d’accourir moi-même prendre vos ordres.
    – Non, dit Fausta avec un enjouement bien rare chez elle, il serait outrecuidant de la part d’un solliciteur de demander au sollicité de se déranger. Et, puisque aussi bien je viens solliciter, c’était à moi de venir à vous.
    – Oh ! madame, que me dites-vous là ? se récria Concini. Et, avec son exquise politesse :
    – La princesse Fausta ne sollicite pas : elle commande, et on obéit.
    – Voilà qui me met à mon aise et me fait bien augurer du succès de ma démarche, sourit Fausta.
    – Quoi que ce soit que vous ayez à me demander, tenez-le pour accordé d’avance, assura Concini avec un accent de franchise qui eût trompé tout autre que Fausta.
    Et, tout de suite, avec son plus doux sourire, il ajouta cette restriction :
    – A condition que cela dépende de moi, car je ne puis m’engager que pour moi.
    – Cela va sans dire, accepta Fausta sans cesser de sourire. Voici donc ce que je viens solliciter du tout-puissant maréchal et marquis d’Ancre. Peu de chose en vérité : la grâce d’un pauvre prisonnier auquel je m’intéresse particulièrement.
    Evidemment, Concini s’attendait à tout autre chose. Il fut si stupéfait, qu’il en laissa tomber un instant le masque derrière lequel il s’abritait et laissa voir sa stupeur. Il regarda Fausta comme s’il ne pouvait en croire ses oreilles. Elle souriait toujours, d’un sourire qui n’eût pas manqué de le remettre sur ses gardes, s’il l’avait mieux connue.
    – N’est-ce que cela ? s’écria-t-il ? Et, avec un empressement joyeux :
    – Comment se nomme ce prisonnier auquel vous vous intéressez ?
    Fausta prit un temps. Et le fouillant de son regard profond, avec une lenteur calculée :
    – C’est M. le comte d’Auvergne, duc d’Angoulême, qui gémit à la Bastille depuis tantôt dix ans.
    Cette fois, Concini s’était ressaisi, avait remis son masque. Fausta eut beau le dévisager, elle ne parvint pas à découvrir l’effet produit par la révélation de ce nom. Concini, cependant, se disait :
    – Je commence à entrevoir son jeu ; elle veut rendre la liberté au bâtard de Charles IX pour le lâcher ensuite sur moi. Ce n’est pas mal calculé. Mais si elle se figure que je vais la laisser faire, elle se trompe étrangement.
    A ce moment, la portière, en face de lui, s’écarta légèrement, sans bruit. Et le visage disgracié de Léonora, ce visage que les fards, dont il était recouvert, parvenaient difficilement à rendre supportable, apparut une seconde. La tête fit un non énergique, résolu, et disparut aussitôt derrière la portière. Ce non ne fit que confirmer Concini dans sa résolution déjà prise. Ceci, comme on pense, avait pris à peine le temps d’un éclair. Déjà Concini répondait. Et il se désolait, exagérant outrageusement son accent italien :
    – 
O peccato !
Je croyais qu’il s’agissait d’un prisonnier ordinaire et je me faisais fort d’obtenir… Mais le duc d’Angoulême !…
Diavolo… !
c’est une autre affaire !… Ah !
povera signora !
vous vous êtes trompée de porte !… Ce n’est pas à moi qu’il fallait vous adresser : c’est à Sillery… ou Villeroy… ou Puisieux… je ne sais pas au juste quel est le ministre compétent.
    – N’êtes-vous pas Premier ministre ? demanda Fausta, qui ne pouvait pas être dupe de la comédie.
    – Moi ! se récria Concini, mais je ne suis rien,
illoustrissima signora !…
Rien que l’ami de Sa Majesté la reine régente !… Le plus humble, le plus dévoué de ses amis et serviteurs.
    – Qu’à cela ne tienne, dit Fausta conciliante, ami de la régente, c’est un titre qui a son poids… son bon poids. Intercédez près d’elle pour mon protégé. Je me suis laissé dire que la reine, quand vous le voulez bien, ne sait rien vous refuser.
    – On exagère, madame, on exagère beaucoup…

Weitere Kostenlose Bücher