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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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ª
    Il comprit alors qu'il était déjà mort.
    Laguna Beach, Californie
    Pour Dominick Corvaisis, NoÎl ne différait pas vraiment des autres jours. Il n'avait ni femme ni enfants.
    Ayant été élevé dans des foyers multiples, il n'avait pas de parents avec qui manger la dinde et la tarte à la citrouille. quelques amis, dont Parker Faine, l'invi-taient à se joindre à eux pour les fêtes, mais il refusait toujours leur offre. Il savait qu'en leur compagnie il aurait l'impression d'être la cinquième roue du carrosse. Le jour de NoÎl n'avait cependant rien de triste.
    Il aimait bien être seul et lire un bon livre en écoutant de la musique.
    Mais ce NoÎl-là, Dom se montra bien incapable de se tenir à un roman. Il était préoccupé par le mystérieux courrier de la veille et par la nécessité de résister à l'envie de prendre un Valium. Bien que craignant de rêver et de déambuler en dormant, il n'avait pas pris de Valium la veille ni de Dalmane la nuit dernière. Il était bel et bien décidé à faire cesser cette stupide dépendance. D'ailleurs, il avait jeté les comprimés dans les toilettes et tiré la chasse d'eau. Mais les heures s'écoulaient et l'angoisse renaissait en lui, presque aussi forte qu'avant le début de la chimiothérapie.
    A sept heures du soir en ce jour de NoÎl, Dom arriva chez Parker Faine et accepta le verre de grog à la cannelle qu'on lui offrit. Ils s'installèrent devant l'immense baie vitrée donnant sur la mer et Dom dit:
    ´ Je vais partir en voyage. Un long voyage. Je vais prendre l'avion jusqu'à Portland et, une fois là-bas, je loue-rai une voiture. Je vais suivre le même itinéraire que l'été de l'année dernière, je traverserai le Nevada et une partie de l'Utah par la nationale 80 et j'irai jusqu'à
    Mountainview.
    -que se passe-t-il? demanda Parker d'une voix tendue. Tu fais à nouveau des crises de somnambulisme ? S˚rement, oui. Ce n'est pas une route qu'on emprunte pour son plaisir. Il a d˚ t'arriver quelque chose pour que tu penses que ton état a un quelconque rapport avec la façon dont tu as changé l'année der-niere.
    - Je n'ai pas eu de nouvelle crise, mais ça ne sau-rait tarder, j'ai balancé tous mes médicaments. Tiens, voilà pourquoi j'ai envie de partir. ª Il sortit de sa poche les deux feuilles de papier reçues la veille. ´ Le problème n'est pas seulement en moi, il n'est pas seulement d'ordre psychologique. Il se passe quelque chose de bien plus étrange. ª Il tendit l'un des messages au peintre qui le lut, abasourdi.
    Dom dit: Ć'est arrivé par la poste, sans adresse d'expéditeur. ª Il lui raconta avoir tapé plusieurs centaines de fois les mots ´ la lune ª sur son traitement de texte. Il lui dit aussi s'être réveillé d'un rêve en prononçant ces mêmes mots, puis il tendit la deuxième feuille à Parker.
    Śi je suis le premier à qui tu racontes tout cela, comment a-t-on pu t'adresser une telle lettre ?
    -Je ne sais pas de qui il s'agit, dit Dom, mais il est au courant de mes crises de somnambulisme, peut-
    être parce que je suis allé chez un médecin pour...
    - Tu veux dire qu'on te surveille ?
    - D'une certaine façon, oui. Je ne crois pas qu'on m'observe en permanence, de temps à autre seulement. Celui qui me surveille sait que je suis somnambule, mais il ne sait probablement pas que j'ai tapé ces mots sur mon ordinateur ou que je les ai répétés à
    haute voix en pleine nuit. A moins de se trouver dans ma chambre, ce qui n'est pas le cas. Cependant, il sait de manière indiscutable que je réagirai aux mots ´ la lune ª, que cela me fera peur. Il doit donc savoir tout ce qui se cache derrière cette histoire.
    - Trouve-le et on connaîtra la vérité.
    - New York est une grande ville, dit Dom, et je ne dispose d'aucun autre élément. En tout cas, quand j'ai reçu la première lettre, j'ai compris que tu devais avoir raison en disant que j'avais changé de personnalité.
    Pour moi, le trajet Portland-Mountainview y est pour quelque chose. Si je suis le même itinéraire, si je m'arrête dans les mêmes motels, les mêmes restau-

    rants, il se passera peut-être quelque chose en moi, un déclic en quelque sorte.
    - Mais enfin, si cet événement est si important, comment aurais-tu pu l'oublier ?
    - Peut-être que je ne l'ai pas oublié. Peut-être que ce souvenir m'a été ôté.
    -quoi qu'il en soit, dit Parker après un instant de réflexion, quelles raisons aurait-on de t'envoyer ces mots ? Tu t'es créé

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