Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
Vom Netzwerk:
des médecins, elle le cachait bien.
    Cette nuit-là, Marcie coucha dans son propre lit avec pour seule compagnie un ours en peluche nommé Chocolat. Jorja se leva trois fois entre minuit et l'aube pour aller voir sa fille. Une fois, elle entendit la litanie désormais familière-´ la lune, la lune, la lune ª-, murmurée de telle façon que ce curieux mélange de peur et de plaisir la fit frissonner.
    Le vendredi, alors que Marcie avait encore trois jours de vacances scolaires devant elle, sa mère la mena chez Kara Persaghian afin de retourner travailler au casino. Ce fut pour elle presque un soulagement que de retrouver le tumulte et la fumée des tables de jeu. Les cigarettes, l'odeur de la bière et la mauvaise haleine des parieurs lui parurent agréables à côté des vapeurs d'éther planant en permanence sur les couloirs de l'hôpital.
    Le soir, elle reprit Marcie chez Kara. Pendant le trajet, la petite fille lui montra, tout excitée, ce qu'elle avait dessiné pendant la journée: des dizaines de lunes de toutes les couleurs possibles.
    Le dimanche 5 janvier au matin, Jorja se leva pour préparer le café et trouva Marcie installée à la table de la salle à manger. Elle ôtait toutes les photographies de l'album de famille et les empilait sur la table.

    ´ Je vais les ranger dans un carton à chaussures parce que j'ai besoin de l'album, dit-elle avec infiniment de sérieux. Il me le faut pour ma collection de lunes. ª Elle lui montra une image découpée dans un magazine. ´ Je vais avoir une super-collection. ª
    C'est ainsi que la phobie des docteurs a commencé, se dit Jorja avec une certaine appréhension. Tout doucement, innocemment. Est-ce que Marcie aurait tro-qué une phobie contre une autre ?
    Elle observa sa fille pendant quelques instants et se dit qu'elle se faisait des idées. Marcie n'avait pas modifié l'objet de sa phobie. Elle n'avait pas peur de la lune.
    Ce n'était rien de plus qu'une fascination, un enthousiasme temporaire. Tous les parents d'enfants du même ‚ge ont eu à subir ces marottes qui disparaissent aussi vite qu'elles apparaissent.
    Malgré tout, elle en parlerait au Dr Coverly lors de leur deuxième rendez-vous, mardi prochain.
    A minuit vingt, juste avant d'aller se coucher, Jorja alla voir si Marcie dormait paisiblement. La petite fille n'était pas dans son lit. La chambre était plongée dans l'obscurité. Marcie avait tiré une chaise près de la fenêtre et regardait au-dehors.
    ´ qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ?
    - Rien, maman. Viens voir. ª Elle avait une voix très douce, comme si elle parlait dans un rêve.
    Jorja s'approcha de sa fille ´ qu'est-ce que tu veux me montrer ?
    - La lune ª, dit Marcie. Un croissant argenté se découpait sur un ciel d'un noir très profond. ´ La lune. ª
    Boston, Massachusetts Le lundi 6 janvier, un vent froid et mordant souffla en permanence de l'Atlantique. Il était tombé de la neige fondue la nuit précédente. Les arbres dénudés étaient recouverts d'une couche blanch‚tre; parfois, des branches noir‚tres pointaient sous le givre comme des doigts.
    Herbert, le majordome qui régentait tout dans la maison des Hannaby, emmena Ginger Weiss à son septième rendez-vous avec Pablo Jackson. Le mauvais temps avait coupé des lignes électriques et la moitié
    des feux ne fonctionnaient plus. On roulait très mal dans les rues et ils arrivèrent dans Newbury Street à
    onze heures cinq, c'est-à-dire avec cinq minutes de retard.
    De grands progrès avaient été effectués lors de la précédente séance et Ginger voulait entrer en contact avec les hôtes du Tranquility Motel. Si eux aussi avaient été soumis à un lavage de cerveau, peut-être connaissaient-ils le même type d'angoisses irraisonnées.
    Pablo était fermement opposé à une confrontation immédiate. Pour lui les risques étaient trop importants. qu'est-ce qui se passerait si les propriétaires du motel n'étaient pas des victimes mais des complices ?
    Íl faut que vous ayez de la patience. Avant de les approcher, réunissez sur eux le maximum d'informations possible. ª
    Ginger avait donc accepté de poursuivre le programme proposé par Pablo. Il voulait être seul dimanche pour étudier la dernière bande magnétique; il lui avait aussi dit qu'il ne pourrait pas la recevoir avant une heure de l'après-midi, il lui fallait en effet voir un ami à l'hôpital dans la matinée.
    Le matin, il l'avait appelée pour dire que son ami était sorti bien plus

Weitere Kostenlose Bücher