La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
l'histoire des élections papales et Brendan lui avait apporté des documents collectés dans la Ville Sainte.
Brendan devait ensuite se mettre à la disposition de ses supérieurs, à Chicago. C'était sa ville natale et il devait y être nommé curé. Comme il disposait encore de deux semaines, il avait passé quelques jours près de Monterey puis décidé de faire un peu de tourisme, loué une voiture et pris la direction de l'est.
Le père Wycazik entourait son verre de brandy de ses deux mains. ´ Je me souviens de votre séjour chez l'évêque Santefiore, mais je ne me rappelais plus que vous aviez traversé le pays en voiture. Vous êtes donc passé par Elko County ?
-Oui, j'ai séjourné dans un motel perdu en pleine nature, le Tranquility Motel. Je ne voulais y passer qu'une nuit, mais c'était un endroit si agréable que j'y suis resté plusieurs jours. Il faut maintenant que j'y retourne.
-Pourquoi ? qu'est-ce qui s'est passé là-bas ?
- Rien, fit Brendan en haussant les épaules. Je me suis reposé, c'est tout. J'ai dormi. J'ai lu quelques livres. J'ai regardé la télévision. Ils ne devaient pas avoir une bonne réception, mais ils avaient posé une antenne parabolique sur le toit.
-qu'est-ce qu'il y a ? fit Wycazik. Vous paraissez bizarre. On dirait que vous... que vous répétez une leçon bien apprise.
-Je vous explique seulement ce que j'y ai fait.
-Pourquoi cet endroit est-il si important s'il ne vous y est rien arrivé ? qu'est-ce qui se passera quand vous y reviendrez ?
-Je n'en suis pas certain, mais ce sera quelque chose... d'incroyable. ª
Ne pouvant plus dissimuler sa frustration devant l'entêtement de son curé le père Wycazik lui posa la question qui lui br˚lait les lèvres: Ést-ce Dieu qui vous appelle ?
- Je ne le pense pas. Mais c'est possible. A moins que ce ne soit le Malin. Mon père, je veux votre permission d'y aller. Mais je vous préviens, je partirai même si vous ne me donnez pas votre bénédiction. ª
Elko County, Nevada
Après sa sortie précipitée du Tranquility Grill, Dom se rendit directement à la réception du motel. quand il eut poussé la porte, il arriva au beau milieu d'une scène qu'il prit tout d'abord pour une querelle de ménage, mais qui lui parut rapidement bien plus étrange que cela.
Un homme à la charpente robuste, portant pantalon et pull-over, se tenait derrière le comptoir. Il ne mesurait que quatre ou cinq centimètres de plus que Dom mais était bien plus large que lui. Il paraissait taillé
dans du chêne. Ses cheveux grisonnants coupés très court et les rides de son visage indiquaient qu'il avait la cinquantaine, bien qu'une certaine vigueur se dégage‚t de toute sa personne.
L'homme tremblait de fureur. A ses côtés, une femme le regardait d'un air inquiet. Blonde aux yeux bleus, elle était plus jeune que lui, bien que son ‚ge f˚t incertain. Le visage livide de l'homme était inondé
de sueur. Dom franchit le seuil et comprit que sa première impression était fausse: l'homme n'était pas furieux, mais terrorisé.
´ Détends-toi, dit la femme, essaie de contrôler ta respiration. ª
L'homme haletait. Les épaules vo˚tées, la tête baissée, les yeux rivés au sol, il respirait bruyamment, par saccades, en proie à une peur panique crois-sante.
´ Respire bien à fond, dit la femme. Souviens-toi de ce que t'a dit le Dr Fontelaine. quand tu seras calmé, nous irons faire un tour.
- Non ! s'écria l'homme en secouant la tête.
- Mais si, Ernie, dit-elle en lui posant la main sur l'épaule. Nous irons faire un tour et tu verras que la nuit n'est pas plus terrible ici qu'à Milwaukee. ª
Ernie. Le nom frappa Dom et lui rappela instantanément les posters de la lune qu'il avait vus dans la maison de Zebediah Lomack, à Reno.
La femme aperçut Dom, qui dit: ´ Je voudrais une chambre.
-C'est complet, répondit-elle.
- L'enseigne est allumée.
-Bon, fit-elle, mais pas tout de suite. Plus tard.
Allez vous balader, aller dîner, faites ce que vous voulez mais revenez plus tard. Dans une demi-heure. Je vous en prie. ª
Avant cette brève conversation, Ernie n'avait pas eu conscience de la présence de Dom. Il releva la tête et poussa un gémissement désespéré. ´ La porte. Fermez-la vite, ne laissez pas entrer la nuit !
- Mais non, lui dit la femme, la nuit ne viendra pas.
Tu ne risques rien.
-Si, elle va venir ici ª, insista-t-il misérablement.
Dom se rendit compte que l'éclairage de la réception
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