Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
Vom Netzwerk:
rappelait pas allaient en empirant. Chaque nuit, il lut-tait pour se débarrasser du lien qui le maintenait au lit.
    Le samedi, Dom croyait toujours que la réponse à
    ses terreurs nocturnes et à ses crises de somnambulisme résidait à Reno. Mais il décida de ne rien changer à ses plans et de gagner Mountainview. Si son périple s'achevait sans qu'il e˚t la moindre révélation, il pourrait toujours revenir à Reno.
    L'été de l'année dernière, il était parti à dix heures et demie du matin, le vendredi 6 juillet, après un petit déjeuner rapide. En ce samedi 11 janvier, fidèle à son emploi du temps, il s'engagea sur la nationale 80 à

    onze heures moins vingt et prit la direction du nord-est, roulant au milieu des paysage désolés du Nevada vers la lointaine ville de Winnemucca o˘, en d'autres temps, Butch Cassidy et le Kid avaient pillé une banque.
    Ces territoires immenses, pratiquement sans aucune population, étaient quasiment les mêmes depuis des millénaires. Les routes goudronnées et les c‚bles électriques étaient bien souvent les seules marques de la civilisation, tout au long de ce qui, à l'époque de la conquête de l'Ouest, s'appelait la piste Humboldt. Dom traversa des plaines nues bordées de collines recouvertes d'une végétation chétive, il longea des lacs asséchés et des coulées de lave durcie, aperçut au loin des colonnes de cristal et des montagnes aux crêtes acérées. Des monolithes de soufre et de sel se dressaient parfois, ainsi que des buttes rocheuses gris‚tres, ocre ou couleur d'ambre. Et puis le paysage changea, et le désert fut remplacé par des vallées fertiles à la végétation luxuriante, mais pas à profusion. Suffisamment d'eau se traduisait par l'existence de communautés agricoles, mais même dans les vallées les plus hospitalières les implantations restaient petites, l'emprise de la civilisation, ténue.
    Comme toujours, Dom se sentait écrasé par la majesté de l'Ouest mais, cette fois-ci, les paysages sus-citaient en lui de nouveaux sentiments: l'étrange conscience de possibilités illimitées. Dans un monde aussi irréel, il n'était pas difficile de croire que quelque chose d'effrayant avait pu se produire.
    A trois heures moins le quart, il fit une halte pour prendre de l'essence et manger un sandwich à Winnemucca, petite ville de cinq mille ‚mes, la plus grande de toute la région pourtant. Puis la nationale 80 bifurqua vers l'est. La route grimpa vers la bordure du Grand Bassin. A l'horizon, s'élevaient des cimes enneigées.
    Au crépuscule, Dom quitta la nationale pour s'engager sur la bretelle conduisant au Tranquility Motel. Il se gara près de la réception, sortit de voiture et fut surpris par la fraîcheur du vent. La traversée du désert avait été si longue qu'il était psychologiquement préparé à la chaleur, bien qu'il s˚t que l'hiver régnait en maître sur les hautes plaines. Il ouvrit la portière, prit une veste de daim fourrée qu'il enfila et se dirigea vers le motel. Il s'arrêta subitement, plein d'appréhension.
    C'était là.
    Il ne savait pas comment il pouvait en être si s˚r.
    Il le savait, c'est tout.
    C'était là que quelque chose d'étrange était survenu.
    Il avait fait étape ici, le vendredi 6 juillet, l'été de l'année dernière. Cet établissement perdu dans un paysage aussi magnifique lui avait immédiatement plu. Il s'était dit qu'un tel environnement ne pourrait que l'inspirer et il avait décidé de passer plusieurs jours ici afin de se familiariser avec le lieu et de recueillir des anecdotes propres à étayer un texte littéraire. Il n'était parti pour Mountainview que le 10 juillet au matin.
    Pivotant lentement sur lui-même, il observa attentivement le paysage dans l'espoir de réveiller ses souvenirs. Et, ce faisant, il fut convaincu que ce qui lui était arrivé était infiniment plus important que tout ce qu'il pourrait jamais connaître, d˚t-il vivre cinq cents ans.
    Le petit restaurant, avec ses grandes fenêtres et ses néons bleus, se situait à l'extrémité occidentale du complexe, un peu à l'écart du motel, au milieu d'un vaste parking o˘ stationnaient trois semi-remorques.
    L'aile ouest du motel comportait dix chambres aux portes peintes en vert. Elle était séparée de l'aile est par un b‚timent abritant la réception et les appartements des propriétaires du lieu. L'aile est n'était pas rectiligne, elle avait la forme d'un L majuscule, avec six chambres d'un

Weitere Kostenlose Bücher