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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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étaient là, qui le regardaient. ´ J'ai vu... c'était comme cela, cette nuit de juillet... ª Deux soirs plus tôt, dans la petite salle du restaurant, il avait inconsciemment recréé le bruit assourdissant et les vibrations du 6 juillet. Cette fois-ci, il n'y avait plus de manifestation de ce genre, peut-être parce que le souvenir n'était plus réprimé et commençait à se manifester librement.
    Dom baissa la tête, fixa le blanc immaculé et...
    Le rugissement est si violent qu'il lui déchire les tympans, les vibrations si fortes qu'il les ressent dans ses tempes et ses m‚choires et il tombe sur le macadam, la tête levée vers le ciel nocturne et là-là!-, voici un avion qui passe à quelques centaines de pieds seulement au-dessus de la campagne, à une altitude si faible que la lumière du cockpit est visible du sol. C'est un jet, un chasseur, à en juger d'après le vrombissement de ses réacteurs, mais en voici un autre, encore plus bas, encore plus assourdissant, qui disparaît bientôt dans le ciel nocturne. Tout tremble autour de Dom, les vibrations qui ont désintégré les fenêtres et renversé
    tous les objets ne s'apaisent pas pour autant. Et Dom pousse un cri de terreur en découvrant qu'un troisième jet passe à moins de quarante pieds du restaurant, si près qu'il peut remarquer le drapeau américain et le numéro de série peints sur le fuselage. Cet avion est trop bas, il va s'écraser et Dom se jette à terre, instinctivement, s'attendant d'une seconde à l'autre à recevoir une pluie de kérosène enflammé...
    ´Dom! ª
    Il se retrouva couché à plat ventre dans la neige, les doigts crispés comme ce soir du 6 juillet lorsqu'il crut que le chasseur allait s'écraser sur lui.
    ´ Dom, ça ne va pas ? ª lui demanda Sandy Sarver.
    Elle était agenouillée à côté de lui, une main posée sur son épaule.
    Ginger se tenait de l'autre côté. ´ Tu n'as rien ? ª
    Les deux femmes l'aidèrent à se relever. ´ Mon blocage est en train de l‚cher ª, balbutia-t-il. Il leva les yeux, espérant que le ciel enneigé céderait la place à
    un ciel nocturne et que les souvenirs continueraient à exploser comme des bulles à la surface de sa conscience. Mais en vain. Le vent lui cinglait le visage. Les autres l'observaient en silence. Il dit: ´ Je me suis souvenu d'avions à réaction, des appareils de l'armée...
    deux tout d'abord, assez bas, puis un troisième, juste au-dessus du toit du restaurant...
    -Des avions ! ª s'écria Marcie.
    Chacun la regarda, éberlué. En dehors de ´ la lune ª

    elle n'avait absolument rien dit depuis plusieurs heures. Elle était dans les bras de sa mère, blottie contre sa poitrine pour se protéger des intempéries. Elle avait tourné son petit visage vers le ciel. Elle aussi semblait chercher dans la bourrasque le souvenir des chasseurs de cet été-là.
    ´ Des avions, dit Ernie en levant les yeux à son tour.
    Je ne me rappelle pas...
    - Des avions! Des avions ! ª s'écria Marcie, une main tendue vers les nuages.
    Dom se rendit compte qu'il faisait de même comme s'il voulait arracher les souvenirs à la gangue du passé.
    Mais tous ses efforts restaient vains.
    Les autres ne parvenaient pas à se souvenir de ce qu'il avait décrit et l'espérance formidable qui avait été la leur se changea soudain en frustration.
    Marcie baissa la tête. Elle mit son pouce dans sa bouche. Son regard se fit lointain.
    ´ Venez, dit Jack. Il faut décamper. ª Ils se dirigèrent vers le motel afin de se vêtir et de s'armer en prévision des épreuves à venir. A contrecoeur, alors que les parfums de juillet faisaient encore frémir ses narines et que le rugissement des jets se répercutait encore dans ses os, Dom les suivit.
    TROISIEME PARTIE
    La nuit
    de Thunder Hill
    Le courage, l'amour, l'amitié,
    la compassion et la communauté d'‚me
    nous placent au-dessus de l'animal
    et définissent l'humanité.
    Inventaire des peines et afflictions Par des mains étrangères, ton humble tombeau est paré; Par des étrangers honoré, et par des étrangers pleuré.
    Alexander POPE
    Mardi 14 janvier au soir Luttes
    Le père Stefan Wycazik prit l'avion de Chicago à Salt Lake City, puis une correspondance pour Elko. Il arriva après que la neige se fut mise à tomber, mais avant que la visibilité de plus en plus mauvaise et le faux jour n'interdisent tout trafic aérien.
    Une fois dans l'aérogare, il trouva une cabine publique, chercha dans l'annuaire le numéro du

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