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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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semblaient ne pas devoir cesser. Il scrutait le paysage comme si une révélation extraordinaire l'attendait au-delà des rideaux mouvants des flocons.
    Mais chaque rideau s'écartait sans résistance, ne révélant que celui qui le suivait.
    Au bout d'un certain temps, il comprit ce qu'il attendait avec tant d'intensité: le retour du souvenir qui s'était brutalement imposé à lui lors de sa sortie du petit restaurant. Des avions de chasse... que s'était-il passé après le passage en rase-mottes du troisième jet ?
    Le crépuscule officiel n'était prévu que dans trois quarts d'heure, mais la tempête obscurcissait le ciel, qui paraissait déjà plongé dans la pénombre. Parfois, des rochers ou des arbres surgissaient de la brume, tels des monstres préhistoriques dans le brouillard primitif. Conduire dans un tel paysage était extrême-

    ment périlleux, mais Dom savait que Jack ne prendrait pas le risque d'allumer les phares.
    Jack avait tout de même réussi à retrouver les traces de la jeep et, quand celles-ci obliquèrent vers l'est, il comprit que le moment était venu de se séparer définitivement. Il mit le cap sur le nord, aidé en cela par la boussole que Dom tenait serrée dans sa main.
    Une centaine de mètres plus loin, ils arrivèrent dans une impasse. C'était la fin du vallon. Devant eux, la pente était très escarpée. Jack changea de vitesse et le véhicule s'engagea péniblement dans les rochers, brinquebalant en tous sens, envoyant Ginger buter contre Dom.
    Pendant plusieurs minutes, ils roulèrent ainsi. Et puis, tout à coup, Jack écrasa la pédale de frein et s'écria: ´ Les chasseurs ! ª
    Dom poussa un cri de surprise. Il scruta la campagne environnante, s'attendant à voir un avion foncer sur eux, puis il comprit que Jack parlait des avions de l'été de l'année dernière. Il se rappelait la même chose que Dom une heure plus tôt. A en juger par son réflexe, le souvenir n'était pas aussi vif. Il se rappelait les avions, il ne les voyait pas.
    ´ Les chasseurs ª, répéta Jack, les mains crispées sur le volant. Il contemplait la neige, mais ses yeux se perdaient dans le temps. ´ Deux jets qui passent assez bas, comme vous l'avez raconté, Dom, et puis un troisième, juste au-dessus du restaurant... et un quatrième...
    -Je ne me souviens pas d'un quatrième appareil, dit Dom.
    - Il est apparu juste au moment o˘ je sortais du motel. Je ne me trouvais pas au restaurant avec vous.
    Il y a eu ce bruit formidable et ces vibrations et je me suis précipité hors de ma chambre pour voir le troisième chasseur-un F16, je crois. Son altitude ne devait pas dépasser les quarante ou cinquante pieds.
    Et puis, le quatrième chasseur est passé, encore plus bas que le précédent, et il a fait exploser la vitre de ma chambre...
    - Et ensuite ? ª demanda Ginger. Elle avait parlé
    très doucement, comme si le moindre éclat pouvait faire fuir les souvenirs.

    ´ Les deux derniers jets, ceux qui faisaient du rase-mottes, ont foncé vers la nationale à six ou sept mètres au-dessus des lignes électriques; ils se sont séparés, l'un vers l'est et l'autre vers l'ouest, puis ils sont revenus... Et moi, j'ai couru vers vous qui sortiez du restaurant, et je vous ai demandé ce qui se passait... peut-être que vous sauriez quelque chose... ª
    La neige s'accumulait sur le pare-brise.
    ´ Je n'en sais pas plus ª, dit Jack Twist.
    Il repassa en première, l‚cha la pédale de frein. La fourgonnette repartit lentement en direction de Thunder Hill.
    Le colonel Leland Falkirk et le lieutenant Horner, accompagnés par deux caporaux du Gisa armés jusqu'aux dents, prirent l'un des Wagoneer de la base de Shenkfield et se rendirent vers la section ouest de la zone de quarantaine. Deux énormes camions de l'armée avaient été garés en travers de la nationale 80. (La route était également barrée à une quinzaine de kilomètres de là.) Des faisceaux cligno-tants avaient été installés sur des chevaux de frise. Une demi-douzaine d'hommes du Gisa se tenaient là, portant des treillis blancs, comme des chasseurs alpins.
    Avec infiniment de courtoisie trois d'entre eux mettaient les automobilistes arrÎtés au courant de la situation.
    Falkirk dit à Horner et aux deux caporaux de l'atten-dre en voiture. Il alla à pied vers le barrage afin d'échanger quelques mots avec le sergent Vince Bidakian, responsable de cet aspect de l'opération. ´ «a va comme vous voulez ? demanda-t-il.
    - Oui, mon

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