La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
Sandy à Ned.
Ernie savait à quoi elle pensait: quelqu'un venant de Thunder Hill ou s'y rendant pourrait arriver et les repérer accidentellement.
Ned fit bondir le 4 x 4 par-dessus la route déserte et se pressa tellement de rejoindre le bas de la pente de l'autre côté, que Brendan et Jorja coincèrent à plusieurs reprises Ernie, assis au milieu. Ils se retrouvèrent bientôt dissimulés par la neige qui tombait comme une tempête de cendres d'un ciel qui aurait br˚lé, glacial. Une autre voie secondaire nord-sud se trouvait à dix kilomètres à l'est; leur but était de l'atteindre. Cela fait, ils prendraient la direction du sud avant de s'engager sur une autre route secondaire, parallèle à la nationale, qui les conduirait jusqu'à
Elko.
Ernie se rendit soudain compte que le crépuscule battait définitivement en retraite devant l'armée des ombres de la nuit. L'obscurité était presque complète.
Elle se tenait un peu plus loin, non dans l'espace mais dans le temps, et il la voyait qui les surveillait parmi des milliards de trous de serrures, entre les flocons de neige, gagnant du terrain à chacun de ses battements de paupières, prête à bondir à travers les rideaux de neige pour s'emparer de lui...
Non. Il y avait bien assez de choses réellement terrifiantes pour ne pas gaspiller son énergie à lutter con-
tre de stupides phobies. Même avec une boussole, ils pouvaient se perdre dans le maÎlstrom hurlant de la nuit. La visibilité étant réduite à quelques mètres, ils risquaient de franchir la crête d'une falaise, de s'engouffrer dans une faille, et de ne voir le trou que trop tard. Cette menace était si réelle que Ned ne pouvait avancer qu'au pas.
J'ai peur de ce qui mérite de faire peur, se dit Ernie avec détermination. Je n'ai pas peur de vous, ténèbres.
Faye se tourna un instant pour le regarder. Il lui sourit et lui fit signe que tout allait bien, pouce en l'air.
Mais son doigt tremblait légèrement.
Faye lui répondit de même; c'est à ce moment-là que Marcie se mit à crier.
Le Dr Miles Bennell était assis dans la pénombre de son bureau proche du Noyau, au coeur même de Thunder Hill. Les faibles lueurs qui pénétraient par les petites fenêtres donnant sur la caverne centrale du deuxième étage de l'entrepôt ne suffisaient pas à révéler les détails de la pièce.
Bennell était soucieux. Il avait devant lui six feuilles de papier, qu'il avait bien relues vingt ou trente fois au cours des quinze derniers mois. Il les connaissait par coeur, au mot près. Il s'agissait du rapport concernant le profil psychologique de Leland Falkirk-rap-port obtenu dans la plus grande illégalité parce que dérobé aux archives secrètes du Groupement d'intervention spécial de l'armée.
Miles Bennell était, entre autres choses, un informa-ticien remarquable. Dix-huit mois auparavant, quand son travail sur le projet Thunder Hill l'avait obligé à
rencontrer fréquemment le colonel Falkirk, Bennell avait tout de suite compris que Falkirk était un individu au psychisme perturbé, un type qui aurait normalement d˚ être déclaré inapte au service militaire.
Seulement, il était apparemment l'un de ces rares paranoÔaques qui ont appris à utiliser leur folie pour se couler dans le moule du bon serviteur, du robot humain qui fait et dit tout ce qu'on lui demande. Bennell avait voulu en savoir plus. qu'est-ce qui pouvait faire craquer le vernis de Falkirk ? La réponse existait mais elle se trouvait dans les archives du Gisa. Et Bennell avait donc d˚ bricoler son ordinateur personnel et y adapter un modem capable d'entrer en contact avec les dossiers secrets du Gisa à Washington.
Miles Bennell avait eu peur en découvrant le profil psychologique du militaire. Et aujourd'hui, il était totalement en son pouvoir. Prisonnier au centre de la terre, il attendait d'être jugé et condamné par un homme dont les notions de culpabilité et de ch‚timent étaient des plus particulières.
Miles Bennell était épouvanté.
Premièrement, Leland Falkirk redoutait et mépri-sait la religion. L'amour de Dieu et du pays représentant les valeurs suprêmes de l'armée, Falkirk avait fait taire ses sentiments antireligieux. Il était clair que cette attitude était la conséquence d'une enfance et d'une jeunesse passées dans une famille de fanatiques.
Deuxièmement, Leland Falkirk était obsédé par le contrôle, la maîtrise. Il avait besoin de dominer le moindre aspect de son
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