La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
dédaigneux. Ć'est valable pour les réparations et les pièces détachées, monsieur, pas pour les gros achats. ª
Parker Faine sentait la moutarde lui monter au nez.
Écoutez, mon vieux, l'intérêt de la carte American Express, c'est de pouvoir acheter n'importe quoi n'importe o˘. quand j'étais à Paris, j'ai payé avec une toile de Salvador Dali qui co˚tait plus de cinquante mille dollars ! Vous n'allez pas me dire que...
-Je n'y peux rien, monsieur, c'est le règlement.
- Pour l'amour de Dieu, mon bonhomme, bougez-vous les fesses ! ª rugit le père Wycazik en abattant le poing sur le bureau de Schellenhof. Il était écarlate des cheveux jusqu'à son col romain. ´ Pour nous c'est une question de vie ou de mort ! Appelez l'American Express. (Il leva haut la main, et le vendeur suivit avec inquiétude la courbe qu'elle décrivait.) Débrouillez-vous pour vérifier que cet achat est possible. Et pour l'amour du ciel, grouillez-vous ! ª tonna-t-il pour conclure.
Le prêtre n'eut pas besoin de préciser ce qu'il comptait faire en cas de refus. Schellenhof remplit un formulaire de vente, passa un coup de fil pour obtenir l'autorisation de l'American Express, et revint faire signer le coupon à Parker Faine.
´ Je vais chercher les clefs ª, balbutia le vendeur.
Faine siffla d'admiration: Éh bien, si vous vous y prenez comme ça pour convertir les paÔens, il doit y avoir foule dans votre église ! ª
Wycazik baissa modestement la tête.
Felix Schellenhof leur présenta une Cherokee flambant neuve.
´ quelle semaine ! dit-il en secouant la tête. Lundi dernier, un client m'a réglé une Cherokee en espèces il avait des paquets de billets plein ses poches. Certainement qu'il avait gagné au casino...
-Il y a des chances, oui, dit Parker.
- Dites-moi, monsieur, je pourrais téléphoner ? ª
demanda le père Wycazik au vendeur.
Celui-ci lui montra le téléphone et Wycazik appela Michael Gerrano à Chicago. Il lui parla de sa rencontre avec Parker Faine et de la fermeture de la nationale 80. Et tout à coup, il dit quelque chose qui étonna Parker: ´Michael, il se peut qu'il nous arrive quelque chose. Dès que j'aurai raccroché, vous contacterez Simon Zoderman à la Tribune. Vous lui raconterez tout. Tout, vous comprenez ? Dites à Simon ce qui unit Brendan à Winton Tolk, à la petite Halbourg et à Calvin Sharkle. Dites-lui ce qui s'est passé ici, dans le Nevada, l'été de l'année dernière. Dites-lui ce qu'ils ont vu. Et s'il a encore des doutes, dites-lui que moi, j'y crois. Il me connaît, cela devrait le rassurer. ª
Après qu'il eut raccroché, Parker dit: ´ Je vous ai bien compris ? Vous savez vraiment ce qui s'est passé
cette nuit-là ?
-Je suis pratiquement persuadé de connaître toute la vérité. ª
Ils montèrent dans la Cherokee sans se préoccuper du vendeur qui voulait leur prodiguer quelques conseils d'entretien. Wycazik s'installa au volant.
Íl va falloir tout me dire.
- Dès que nous serons sur la route ª, répondit le père Wycazik en mettant le contact.
Ned poursuivait en direction de l'est dans la Cherokee de Jack, avançant au pas sur les pentes enneigées.
Sandy et Faye, à l'avant avec lui, se penchaient sur le pare-brise, anxieuses, pour aider Ned à repérer les obs-tacles dans le chaos de blancheur au milieu duquel ils s'enfonçaient.
Coincé à l'arrière entre Brendan et Jorja (sans parler de Marcie sur les genoux de sa mère), Ernie cherchait à se persuader qu'il ne succomberait pas à la panique lorsque les ténèbres auraient définitivement pris le pas sur le jour. La nuit dernière, quand il s'était glissé dans le lit, son anxiété avait été bien moins grande que la veille, son état s'améliorait.
Le retour du souvenir des avions dans la mémoire de Dom lui redonnait aussi espoir. Si Dom pouvait se souvenir, lui le pourrait aussi. Et lorsque le blocage mnémonique s'effondrerait, lorsque enfin il se souviendrait de ce qu'il avait vu en cette soirée de juillet, il n'aurait plus peur de l'obscurité.
´ La départementale ª, dit soudain Faye, tandis que la jeep s'arrêtait.
Ils venaient en effet d'atteindre la route qui passait à côté du motel et sous la nationale 80. Le motel se trouvait à trois kilomètres au sud, et Thunder Hill à
douze kilomètres au nord en la suivant. Elle venait d'être dégagée récemment, car le gouvernement payait le comté pour la maintenir ouverte en permanence jusqu'au dépôt.
´ Vite ª, dit
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