La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
colonel, dit Bidakian qui dut élever la voix pour se faire entendre. Il n'y a pas grand monde sur la route. La tempête a commencé vers l'ouest et la plupart des automobilistes ont fait halte assez loin d'ici, à Battle Mountain ou à Winnemucca. Il semble que les routiers aient fait de même. Il faudra plus d'une heure pour que nous ayons une file de deux cents voitures. ª
Ils avaient décidé de ne pas détourner les véhicules vers Battle Mountain. Ils disaient à tout le monde que le barrage routier ne durerait pas plus d'une heure et que l'attente serait supportable.
Une durée plus longue aurait nécessité des moyens plus importants. Et puis, Falkirk aurait d˚ prévenir la police du Nevada et le shérif du comté d'Elko. Ceux-ci se seraient adressés à ses supérieurs pour savoir s'il avait bien l'autorisation d'agir de la sorte, et ils auraient eu vite fait de comprendre qu'il agissait pour son propre compte. Une heure... il ne lui fallait pas plus de temps pour arrêter les témoins et les emmener vers les cachots de Thunder Hill.
Falkirk dit à Bidakian: Śergent, assurez-vous que les automobilistes ont assez d'essence. Dans le cas contraire, prenez-en dans nos propres citernes et faites remplir leurs réservoirs.
-Oui, mon colonel.
- Pas de police ni de chasse-neige en vue ?
- Pas encore, mon colonel, dit Bidakian. Mais ils ne devraient pas tarder.
- Vous savez quoi leur raconter ?
- Oui, mon colonel. Un petit camion s'est renversé.
Il n'y a pas eu de fuite, mais comme il transportait à
la fois des produits inoffensifs et des substances toxiques, nous avons préféré...
- Mon colonel ! ª Le lieutenant Horner arrivait en courant. ´ J'ai reçu un message du sergent Fixx, à
Shenkfield. La situation se détériore au motel. Il n'a pas entendu une seule voix depuis quinze minutes, rien que la radio qui marche à tue-tête. Il croit qu'il n'y a plus personne.
- Ils seraient retournés au restaurant ?
- Non, mon colonel. Fixx pense qu'ils sont... partis, tout simplement.
- Partis ? Mais o˘ cela ? ª hurla Falkirk, qui ne s'attendait d'ailleurs pas à ce qu'on lui réponde.
Le coeur battant, il regagna en toute h‚te le Wagoneer.
Elle s'appelait Talia Ervy et c'était certainement la fille la plus charmante que Parker Faine ait vue depuis plus d'une semaine. Non seulement elle s'était proposée pour conduire Parker et le père Wycazik jusqu'au motel, mais encore elle avait refusé d'être dédommagée. ´Je devais rentrer chez moi, dit-elle en guise d'explication, mais comme personne ne m'attend... ª
Sa Cadillac avait une bonne dizaine d'années, mais elle était équipée de pneus neige et de chaînes. Talia prétendait que Śuzy ª, puisque tel était le nom qu'elle donnait à sa voiture, pouvait les emmener n'importe o˘, par n'importe quel temps. Parker s'assit à droite de la conductrice et Wycazik s'installa à l'arrière.
Ils n'avaient pas fait plus d'un kilomètre quand ils entendirent le commentateur de la radio locale annoncer qu'il y avait une fuite de produits toxiques sur la nationale 80 et que celle-ci était fermée un peu à
l'ouest d'Elko.
´ Les salauds! s'écria Talia. Ils pourraient quand même faire gaffe avec toutes leurs saloperies. Vous vous rendez compte, c'est quand même la deuxième fois en moins de deux ans ! ª
Ni Parker Faine ni le père Wycazik n'émirent la moindre remarque. Ils savaient que ce qu'ils redoutaient de pire pour leurs amis était en train d'arriver.
´qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Talia Ervy.
-Il y a un endroit o˘ on peut louer des voitures ? dit Parker. Il nous faudrait un 4 x 4. Une jeep, par exemple.
- Il y a un concessionnaire Jeep, dit la jeune femme.
- Vous pouvez nous y emmener ?
- Moi et Suzy, on passe partout, qu'il neige ou qu'il vente ! ª dit-elle en riant.
Felix Schellenhof, le concessionnaire Jeep, était moins exubérant que Talia. Il était même du genre sinistre. Costume gris, cravate grise, cheveux gris, teint gris‚tre. Il expliqua d'une voix lasse qu'il ne louait pas de véhicules, mais qu'il en avait un certain nombre de disponibles immédiatement. Cependant, l'autorisation de crédit prendrait au moins vingt-
quatre heures. Parker dit qu'il réglait rubis sur l'ongle et sortit son carnet de chèques, mais Schellenhof refusa, Faine n'étant pas domicilié dans l'…tat du Nevada. Parker posa alors sur le bureau sa carte American Express, mais l'autre la repoussa avec un sourire
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