La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
Alvarado, commandant en chef de Thunder Hill, entra dans le bureau, apportant avec lui un peu de la lumière nacrée dans laquelle baignait le Noyau. ´ Vous aimez méditer dans le noir, hein ? Le colonel Falkirk interpréterait cela plutôt mal.
- C'est un dingue.
- Il n'y a pas si longtemps de ça, dit le général, j'ai soutenu que c'était un excellent officier, un peu trop strict sur le règlement peut-être, mais excellent tout de même. Ce soir, je me vois obligé de me ranger à
votre avis. Ce type est en train de perdre les pédales.
Je me demande même s'il ne les a pas perdues complètement. Il y a quelques minutes, il m'a adressé une requête par téléphone. Enfin, c'était censé être une requête, bien que cela ressembl‚t plutôt à un ordre.
Il voulait que tous les hommes, civils ou militaires, soient consignés dans leurs quartiers jusqu'à nouvel ordre. Mes consignes seront diffusées par haut-parleurs dans quelques minutes.
-Mais pourquoi veut-il faire cela ? ª demanda Bennell.
Alvarado prit place sur une chaise tout près de la porte ouverte. La lumière extérieure éclairait son corps tout entier, à l'exception de son visage, qui demeurait dans la pénombre. ´ Falkirk va faire venir les témoins et il ne veut pas qu'ils soient vus par qui que ce soit, à l'exception de ceux qui les connaissent déjà. Enfin, c'est ce qu'il prétend.
- Si le moment est venu de leur faire subir un autre lavage de cerveau, demanda Bennell, pourquoi ne pas le faire au motel ? Autant que je sache, il n'a pas encore convoqué les spécialistes.
- Non, dit Alvarado. Il dit que la couverture ne tiendra peut-être plus très longtemps. Il veut que vous étudiiez les témoins, tout particulièrement Cronin et Corvaisis. Il croit qu'ils ne sont plus tout à fait humains. Il m'a dit aussi qu'il avait réfléchi à la conversation que vous aviez eue tous les deux, qu'il s'était montré peut-être un peu trop soupçonneux. Il dit que si vous reconnaissez qu'ils sont parfaitement humains si vous prouvez que leurs dons ne sont pas la preuve d'une présence inhumaine en eux, il vous croira sur parole. Il les épargnera. Il décidera alors de ne plus recourir au lavage de cerveau et demandera même à
ses supérieurs de révéler toute l'affaire au grand public. ª
Miles Bennell resta un moment silencieux, puis il s'agita sur sa chaise. Ón dirait qu'il a finalement recouvré ses esprits. Mais, je ne sais pas pourquoi, j'ai du mal à y croire. qu'est-ce que vous en pensez, vous ? ª
Alvarado se pencha de côté, referma la porte et replongea le bureau dans la pénombre. Miles voulut allumer la lampe de bureau, mais le général dit: ´ Restons ainsi, voulez-vous ? Il est peut-être plus facile de faire preuve de franchise quand on ne se voit pas.
Miles, répondez-moi... Est-ce vous qui avez envoyé les photographies aux Block et à Corvaisis ? ª
Bennell ne répondit pas.
´ Miles, nous sommes amis. Je l'espère, tout au moins. Et je vais vous faire une confidence. C'est moi qui ai mis Jack Twist sur la piste du motel.
- Vous ? s'écria Miles, stupéfait. Mais comment ?
Pourquoi ?
- Eh bien, je savais comme vous que le blocage mental de certains témoins était en train de se fissurer et que cela déclenchait chez eux un certain nombre de problèmes d'ordre psychologique. Avant que quelqu'un ne décide de les éliminer l'un après l'autre j'ai pensé attirer leur attention sur ce motel. J'espérais faire assez de vagues pour ruiner tout notre projet de couverture.
- Mais enfin, pourquoi ? répéta Miles.
-Parce que j'ai réfléchi et que je me suis dit que notre attitude était mauvaise. Si je m'étais directement adressé au grand public, j'aurais désobéi aux ordres. J'aurais ruiné ma carrière, perdu ma pension.
Et puis... je craignais d'être tué par Falkirk. ª
Les mêmes craintes avaient effleuré Bennell.
Alvarado reprit: ´ J'ai commencé par Twist parce que je pensais que son passé de Ranger et son inclination à défier l'autorité feraient de lui le chef idéal des autres témoins. C'est gr‚ce aux informations qu'il a involontairement livrées lors des séances de lavage de cerveau que j'ai appris l'existence des coffres. J'ai étudié les dossiers le concernant, j'ai eu le nom de ses banques, ses pseudonymes. Il y avait aussi des copies des clefs des coffres. J'ai donc fait des copies de ces copies.
Fin décembre, j'ai eu dix jours de permission; j'en ai profité pour me rendre
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