La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
environnement, chacune des personnes qu'il côtoyait. Ce besoin insatiable de contrôle du monde extérieur était le reflet des efforts constants qu'il devait déployer pour maîtriser sa rage et sa paranoÔa.
Troisièmement, Leland Falkirk souffrait d'une claustrophobie assez bénigne, qui empirait, toutefois, quand il se trouvait dans un lieu souterrain.
Enfin-surtout-, Leland Falkirk était masochiste.
Il se soumettait à toutes sortes d'expériences sur la douleur, prétendant que de telles épreuves lui étaient nécessaires pour conserver ses réflexes et rester digne d'être un officier du Gisa. La vérité était plus simple, bien qu'il ne la conn˚t pas lui-même: il aimait la souffrance.
De là à aimer l'idée de mourir, il n'y avait qu'un pas.
Dans la pénombre, Miles Bennell pensait.
Ce n'était ni sa propre mort ni celle de ses collègues qu'il redoutait le plus. Ce qu'il craignait, c'était qu'en supprimant toutes les personnes impliquées dans le projet Leland Falkirk ne détruisît le projet lui-même.
Le colonel Falkirk se trouvait dans la cuisine des Block. Il vit l'album posé sur la table et l'ouvrit. Sur les pages, il n'y avait rien d'autre que des photos et des dessins représentant la lune, tous coloriés en rouge.
Une douzaine d'hommes du Gisa fouillaient les lieux et s'interpellaient, leurs voix étouffées par le vent et la neige.
Les pas du lieutenant Horner résonnèrent dans l'escalier. Un instant plus tard, il traversa le living et entra dans la cuisine. Ńous avons inspecté toutes les chambres du motel, mon colonel. Il n'y a plus personne. Ils sont partis par-derrière, à travers champs.
On a relevé deux séries d'empreintes dans la neige, mais c'est plutôt vague. Avec un temps pareil, ils ne pourront pas aller très loin.
-Vous avez lancé des hommes à leur poursuite ?
- Pas encore, mon colonel. J'ai fait amener le camion et le Wagoneer à l'arrière du motel.
- Dites-leur d'y aller, dit Falkirk.
- Ne vous inquiétez pas, mon colonel. On va les rattraper.
-J'en suis persuadéª, dit Falkirk, parfaitement maître de lui.
Horner fit demi-tour et se préparait à partir, quand son supérieur lui dit: ´ Dès que vous aurez envoyé les hommes, rejoignez-moi en bas avec une carte détaillée des environs. Ils ont certainement l'intention de rejoindre une petite route. Nous anticiperons leur décision et nous les attendrons là-bas.
- A vos ordres, mon colonel. ª
Une fois seul, Falkirk tourna lentement les pages de l'album. Des lunes rouges.
Il entendit les pas de Horner au rez-de-chaussée.
Très calmement, il continua de feuilleter l'album.
Dehors, Horner cria des ordres aux hommes. Deux groupes de quatre partirent à la recherche des fugitifs.
Leland tourna encore quelques pages, puis soudain, il jeta l'album à travers la pièce, qui rebondit sur le réfrigérateur, tomba à terre. Des dizaines de photographies s'en détachèrent. Falkirk vit sur une étagère un pot en céramique représentant un ours assis sur son postérieur. Il le balaya du revers de la main. L'ours se brisa en mille morceaux et les pastilles en chocolat qu'il contenait se répandirent sur le carrelage. Ce fut ensuite le tour d'un poste de radio, d'un pot de confitures, d'une boîte remplie de farine. Puis d'une boîte de biscuits qui percuta la machine à café.
Falkirk reprit son souffle. Sans un regard pour les objets cassés, il sortit lentement de la cuisine et descendit l'escalier afin d'étudier la carte avec son lieutenant et de discuter calmement de la stratégie à adopter.
´ La lune ! cria Marcie, avant de pousser un nouveau son inarticulé. Maman, maman regarde, la lune ! Pourquoi, maman, pourquoi ? Regarde, la lune ! ª
Soudain, la fillette tenta de se dégager de sa mère; elle se débattit si bien qu'elle réussit à lui faire un instant l‚cher prise.
Surpris par les cris, Ned s'était arrêté.
Toujours hurlante, Marcie voulut passer par-dessus les genoux d'Ernie; on aurait dit qu'elle ne se rendait pas compte de l'endroit o˘ elle se trouvait et qu'elle cherchait simplement à fuir le souvenir qui la terrorisait.
Ernie l'attrapa avant qu'elle n'all‚t jusque sur les genoux de Brendan. Il prit la petite fille dans ses bras puissants et la serra contre lui et, comme elle continuait de crier, il lui parla doucement pour la calmer.
Peu à peu, la terreur de Marcie s'estompa. Elle arrêta de se débattre et devint toute molle dans ses bras. Ses cris cessèrent et
Weitere Kostenlose Bücher