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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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Elle prit une poignée de Kleenex dans la boîte à gants et essuya le volant maculé de sang.
    quatre épisodes tragiques en cinq semaines.
    Elle ne pouvait plus se contenter de laisser s'écouler le temps, d'attendre que les mornes journées d'hiver se succèdent que survienne une nouvelle crise ou qu'un psy lui explique ce qui n'allait pas.
    C'était le lundi 16 décembre et Ginger se sentit soudain décidée à agir avant la cinquième crise. Elle ne savait pas ce qu'elle ferait, mais elle était persuadée de trouver une solution. Elle avait touché le fond; elle avait connu la peur, l'humiliation, le désespoir elle ne pouvait tomber plus bas. Elle ne pouvait plus que remonter, lutter jusqu'à la limite de ses forces pour quitter ce puits de ténèbres o˘ elle s'était enfoncée.
    Veille et jour de NoÎl
    Laguna Beach, Californie Il était huit heures du matin, le mardi 24 décembre, quand Dom Corvaisis quitta son lit et procéda à ses ablutions dans un brouillard quasi total, conséquence des nombreux comprimés de Valium et de Dalmane avalés la veille.
    Pour la onzième nuit d'affilée il n'avait été dérangé
    ni par une crise de somnambulisme ni par le cauchemar de l'évier. La chimiothérapie faisait merveille et il préférait dépendre de médicaments plutôt que déambuler dans son sommeil.
    Il ne croyait pas courir le danger d'acquérir une dépendance physique-voire psychologique-par rapport au Valium ou au Dalmane. Oui, il avait largement dépassé les doses prescrites, mais il ne s'en sou-

    ciait pas pour autant. A court de comprimés, il avait demandé une nouvelle ordonnance à Cobletz et s'était justifié en racontant que sa maison avait été cambriolée et que les médicaments avaient disparu en même temps que la télé et la chaîne stéréo. Dom avait menti à son médecin et il lui arrivait de juger très mal ce qu'il avait fait mais, la plupart du temps dans le léger brouillard dans lequel il baignait en pérmanence, il s'accommodait parfaitement de la réalité.
    Il n'osait pas penser à ce qui lui adviendrait en janvier si les crises de somnambulisme se poursuivaient après la fin de la chimiothérapie.
    A dix heures, incapable de se concentrer sur son travail, il passa une veste en velours et sortit. La matinée était fraîche. Les plages seraient désertées jusqu'en avril.
    Tandis que Dom descendait les collines dans la Firebird, en direction du centre-ville, il fut frappé de l'air lugubre de Laguna sous le ciel d'un gris sombre. Il se demanda dans quelle mesure cette couleur plombée reflétait la réalité et dans quelle mesure elle n'était pas un effet secondaire des médicaments, mais il abandonna rapidement cet inquiétant sujet de réflexion.
    Ayant toutefois conscience de percevoir les choses dans le brouillard et d'avoir des réflexes ralentis, il conduisait avec un soin exagéré.
    Dom recevait surtout son courrier poste restante. Il était abonné à tant de revues qu'il avait loué non pas un petit coffre, mais une sorte de grand tiroir. En cette veille de NoÎl, ce dernier était plus qu'à moitié plein.
    Il prit le courrier avec l'intention de le dépouiller tranquillement devant un bon petit déjeuner.
    Installé le long de la route dominant l'océan, le Cottage était un restaurant réputé depuis des décennies.
    A cette heure-ci, les clients matinaux étaient déjà partis et ceux du déjeuner pas encore arrivés. Dom s'assit près de la grande baie vitrée. Il commanda deux oeufs au bacon, des toasts, un café et un verre de jus de pam-plemousse.
    Tout en mangeant, il parcourut son courrier. En plus des magazines et des factures, il y avait une lettre de Lennart Sane, l'agent littéraire suédois qui s'occupait des droits de son roman pour la Scandinavie et la Hollande, et une grosse enveloppe matelassée envoyée par Random House. Il sut de quoi il s'agissait dès qu'il vit l'étiquette portant le nom de son éditeur.
    Il reposa le toast qu'il grignotait, déchira l'enveloppe et en tira un exemplaire de son premier roman. Nul homme ne peut savoir ce qu'une femme éprouve en prenant pour la première fois son enfant dans ses bras, à l'exception peut-être du romancier qui a devant lui le premier exemplaire de sa toute première oeuvre.
    Dom posa le livre bien à plat sur la table et sans le quitter des yeux, acheva son petit déjeuner. Ce n'est qu'une fois la dernière goutte de café bue qu'il put penser à autre chose. Il détourna son attention de

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