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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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plutôt Madame Hyde, ce qui n'est certainement pas le cas. Vous n'avez encore battu personne à mort à
    coups de canne, Madame Hyde ? ª
    Ginger éclata de rire et secoua la tête. ´ Vous êtes vraiment quelqu'un, Rita.
    - Parfait. Vous apporterez tellement à l'organisation. ª
    Même si Rita ne voyait pas en Ginger une autre occasion d'exercer son sens de la charité, elle s'était attelée à sa remise sur pied comme à une nouvelle cause à
    défendre. Elle avait retroussé ses manches et se consacrait corps et ‚me à la t‚che consistant à faire franchir à Ginger cette étape critique; personne sur terre ne pourrait l'arrêter. Ginger etait émue par l'attitude de Rita-mais aussi déprimée d'avoir tant besoin de son aide.
    La Mercedes s'arrêta à un carrefour, à quelques mètres de l'intersection. Taxis, camions, voitures et autobus formaient un réseau très dense. Dans la Mercedes, la cacophonie de la ville était atténuée, mais ne disparaissait pas complètement. quand Ginger regarda par la vitre pour découvrir la source d'un bruit particulièrement irritant, elle vit une grosse moto. Le motard tourna la tête vers elle, mais elle ne distingua pas son visage. Il portait un casque avec une visière teintée qui lui descendait jusqu'au menton.
    Pour la première fois depuis dix jours, les brumes de l'amnésie enveloppèrent Ginger. Cette fois-ci cela se produisit bien plus vite que lors de l'épisode des gants noirs, de l'ophtalmoscope ou de l'évier. A la vue de la visière lisse, impénétrable, son coeur fit un bond dans sa poitrine. Le souffle coupé, elle se sentit balayée par une formidable vague de terreur et s'évanouit.
    Ginger prit d'abord conscience des klaxons. Klaxons de voitures, de camions, d'autobus. Semblables à des hurlements d'animaux ou à des grondements sauvages. Gémissements, aboiements, plaintes, r‚les.
    Elle ouvrit les yeux. Sa vision redevint nette. Elle était toujours dans la voiture. Le carrefour était là
    mais les véhicules alentour n'étaient plus les mêmes.
    Plusieurs minutes s'étaient écoulées. La Mercedes occupait deux files à la fois, ce qui provoquait la colère des conducteurs.
    Ginger s'entendit geindre.
    Rita Hannaby était penchée au-dessus de l'accou-doir séparant le siège du conducteur de celui du passager. Elle serrait les mains de Ginger entre les siennes.
    ´ Ginger ? Vous êtes là ? «a va, Ginger ? ª
    Du sang. Après les klaxons furieux et la voix de Rita, Ginger prit conscience du sang qui souillait sa jupe verte et la manche de son manteau. Ses mains paraissaient gantées de sang, de même que celles de Rita.

    Ó mon Dieu ! dit Ginger.
    -Ginger, vous êtes avec moi ? Vous êtes là, Ginger ? ª
    Elle avait un ongle cassé, la peau de la cuticule était arrachée et des écorchures lui barraient le dos la paume et les doigts des deux mains. Apparemment, tout ce sang était celui de Rita.
    ´ Ginger, dites-moi quelque chose. ª
    Les klaxons continuaient de retentir.
    Ginger vit que la coiffure de Rita était en désordre.
    Une griffure balafrait son visage et du sang coulait sur son menton.
    ´ Vous voilà revenue à vous, dit Rita avec un soulagement certain.
    - qu'est-ce que j'ai fait ?
    -Rien de grave. Ce ne sont que des égratignures.
    Vous avez pris peur, vous avez tenté de sortir de la voiture. Je vous en ai empêchée, vous auriez pu être ren-versee. ª
    Le conducteur d'une voiture leur lança une bordée d'injures.
    ´ Je vous ai blessée ª, dit Ginger. Elle se sentit submergée de dégo˚t à l'idée d'avoir pu la frapper.
    Les voitures continuaient de klaxonner d'impa-tience, mais Rita les ignora. Elle prit à nouveau les mains de Ginger, non pour la ranimer mais pour la réconforter. ´ Tout va bien, c'est fini maintenant. Un peu de teinture d'iode et ce ne sera plus qu'un mauvais souvenir. ª
    L'homme à la moto. La visière noire.
    Ginger jeta un coup d'oeil par la vitre. Le motard avait disparu. Après tout, il ne s'était pas montré
    menaçant. Ce n'était qu'un étranger dans la rue, rien de plus.
    Des gants noirs, un ophtalmoscope, un évier et, à
    présent, la visière sombre d'un casque de moto. Pour-

    quoi ces objets l'avaient-ils troublée à ce point ?
    qu'avaient-ils en commun ? Et d'ailleurs, avaient-ils quelque chose en commun ?
    Une larme coula sur sa joue et Ginger dit: ´ Je suis vraiment désolée.
    - Mais non, voyons, ce n'est rien, répondit Rita. Je crois que je devrais me garer un peu mieux. ª

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