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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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attirante. Mais sa beauté était plus celle d'une fée, alors que Rita avait la gr‚ce de celles qui peuvent prendre place sur un trône et se faire immédiatement respecter de tout un peuple.
    Rita ne faisait rien qui p˚t déclencher un complexe d'infériorité chez Ginger. Elle la traitait non pas comme une fille, mais comme une soeur et une égale.
    Ginger savait bien que le fait qu'elle ne se sentît pas à la hauteur était la conséquence directe de son état morbide. Deux semaines auparavant, elle ne dépendait de personne. Mais voici qu'elle redevenait dépendante, incapable de veiller totalement sur elle-même. La bonne humeur de Rita Hannaby, les sorties soigneusement organisées et les bavardages de femme à femme ne suffisaient pas à faire oublier à Ginger que le destin avait à nouveau fait d'elle une enfant-et ce bien qu'elle e˚t plus de trente ans.

    Ensemble, elles descendirent dans le hall de marbre, enfilèrent leurs manteaux puis franchirent la porte pour rejoindre la Mercedes rangée devant la porte.
    Herbert, qui tenait à la fois du majordome et de Vendredi, était allé chercher la voiture cinq minutes plus tôt et avait laissé tourner le moteur pour qu'il régn‚t une douce chaleur dans l'habitacle.
    Rita conduisait avec sa prudence habituelle. Elle quitta le vieux quartier et les rues bordées d'arbres dénudés, puis s'engagea dans des rues plus animées.
    C'est là, dans State Street que se trouvait le cabinet du Dr Immanuel Gudhausén. Ginger avait rendez-vous à onze heures trente. Elle l'avait déjà vu à deux reprises au cours de la semaine passée et devait revenir chez lui chaque lundi, mercredi et vendredi jusqu'à ce qu'ils eussent découvert l'origine de ses crises de fugue. Dans ses instants de découragement, Ginger se disait qu'elle irait consulter Gudhausen jusqu'à la fin de ses jours.
    Rita avait l'intention de faire un peu de shopping pendant que Ginger serait chez le médecin. Elles iraient ensuite déjeuner dans quelque restaurant raffiné o˘, sans aucun doute, le décor aurait l'air d'avoir été conçu pour mettre Rita Hannaby en valeur et o˘
    Ginger se sentirait comme une écolière essayant l'insensée, de passer pour une adulte.
    Ávez-vous un peu réfléchi à ce que je vous ai suggéré vendredi dernier ? demanda Rita tout en conduisant. Les Auxiliaires féminines à l'hôpital ?
    -Je ne crois pas être réellement prête pour ça. Je me sentirais tellement maladroite !
    -C'est un travail important, reprit Rita, déboîtant habilement de derrière un camion livrant des journaux pour profiter d'un vide dans la circulation.
    -Je sais. Je suis au courant de tous ces fonds que vous avez recueillis pour l'hôpital, des nouveaux équipements qui ont été achetés... Mais je crois qu'il vaut mieux que je reste à l'écart du Memorial pour le moment. Ce serait trop frustrant de me retrouver sur place, d'être constamment confrontée au fait que je ne peux pas faire le travail pour lequel j'ai été formée.
    - Je comprends, ma chère. N'y pensez plus. Il reste cependant le Comité de l'Orchestre symphonique, la Ligue des Femmes pour l'Aide aux Personnes ‚gées, et le Comité de Défense des Enfants en Danger. Votre aide serait précieuse dans n'importe lequel de ces organismes. ª
    Dès qu'il s'agissait d'oeuvres charitables, Rita était infatigable; elle en présidait plusieurs, organisant non seulement des sociétés de secours, mais mettant la main à la p‚te pour les faire tourner efficacement.
    ´qu'en pensez-vous ? insista-t-elle. Je suis s˚re que vous trouveriez le travail auprès des enfants très grati-fiant.
    -Certainement; mais si jamais j'avais une de mes crises pendant que je m'occupe d'eux, Rita ? Je risquerais de les terroriser et...
    -Oh des bêtises. Chaque fois que je vous ai fait sortir de la maison, depuis quinze jours, vous m'avez servi les mêmes prétextes pour ne pas quitter votre chambre. (Oh, Rita, je vais avoir une de mes crises et vous allez être affreusement gênée.) Mais vous n'en avez pas eu et vous n'en aurez pas. Et si jamais cela se produisait, je ne serais pas affreusement gênée. Il n'est pas facile de me rendre affreusement gênée, ma chère.
    -Oh, je ne vous ai jamais prise un instant pour une timide violette. Mais vous ne m'avez pas vue en état de fugue. Vous ne savez pas de quoi j'ai l'air et ce que...
    -Pour l'amour du ciel, à vous entendre on dirait que vous êtes le Docteur Jekyll devenant Mister Hyde, ou

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