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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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empestée par les burritos qu'il avait mangés à midi.
    Ses chefs lui en voulaient d'avoir repoussé un client si intéressant. Rainy Tarnell, le responsable du jour du black jack, lui avait dit de ne pas ´ faire sa mijau-rée ª. Comme si se laisser culbuter par un étranger de Houston avait aussi peu d'importance que mettre des chaussures blanches le jour de la fête nationale.
    Elle haÔssait son boulot de serveuse mais elle ne pouvait malheureusement pas démissionner. Aucun autre travail ne rapportait autant. Divorcée, mère d'une petite fille, elle ne touchait aucune pension et allait jusqu'à payer les traites qu'Alan avait laissées à son départ-elle savait donc parfaitement ce que valait le moindre dollar. Son salaire n'était pas extraordinaire, mais les pourboires étaient très avan-tageux, surtout quand un des joueurs se mettait à
    gagner gros aux cartes ou aux dés.
    En cette veille de NoÎl, le casino était aux deux tiers vide et les pourboires maigres. Les affaires ralentis-saient à cette époque à Las Vegas et il fallait attendre le 26 pour voir revenir l'affluence. Le sifflement-cliquetis-tintement des machines à sous s'était tu.

    Autour des tables de black jack vides, la plupart des croupiers attendaient sans rien faire.
    Pas étonnant que je sois de mauvaise humeur, songea Jorja. Mal aux pieds, mal au dos, cette espèce d'enfoiré qui s'imagine qu'il peut m'avoir comme les apéros que je lui sers, une engueulade avec Rainy Tarnell et pas l'ombre d'un pourboire.
    Lorsque se termina son service, à quatre heures, elle fila en bas jusqu'au vestiaire, pointa à l'horloge, se changea et se retrouva dans le parking des employés à une vitesse qui aurait pu lui valoir les félicitations d'un coureur de cent mètres.
    La météo imprévisible du désert ne faisait rien pour l'imprégner de l'esprit de NoÎl. A Las Vegas, une journée d'hiver pouvait tout aussi bien être froide avec un vent à vous geler les os, que chaude à se mettre en short et débardeur. Cette année, NoÎl serait chaud.
    Sa Chevette, poussiéreuse et en piteux état, partit dès le troisième coup de démarreur, ce qui aurait d˚
    lui mettre du baume au coeur. Mais à écouter les grincements du pignon sur la couronne et les hoquets du moteur rétif le souvenir de la Buick flambant neuve avec laquelle Alan était parti quinze mois auparavant, les abandonnant, elle et la petite, lui était revenu à
    l'esprit.
    Alan Rykoff. Plus que son travail, plus que toutes les autres choses qui l'irritaient, Alan était responsable de l'humeur exécrable de Jorja. Elle avait rejeté son nom quand leur mariage avait été défait et repris son nom de jeune fille, Monatella, mais elle ne pouvait se débarrasser aussi aisément du souvenir des ennuis qu'il leur avait causés, à elle et à Marcie.
    Plus tard, alors qu'elle quittait le parking de l'hôtel, Jorja s'efforça de chasser Alan de ses pensées, mais il revenait toujours l'obséder. Avec sa petite amie du moment, une blonde décolorée surnommée Pepper, il était parti pour une semaine à Acapulco sans prendre la peine de leur envoyer un cadeau pour NoÎl. qu'est-ce que vous répondez à une gamine de sept ans qui vous demande pourquoi son père ne lui a pas fait de cadeau de NoÎl et pourquoi il ne vient pas la voir ?
    Bien qu'il f˚t parti en lui laissant le soin de rembour-ser une copieuse ardoise, elle avait refusé le principe de la pension alimentaire: elle éprouvait alors tant de mépris pour ce qu'il était qu'elle ne voulait pas dépendre de lui. Elle avait cependant demandé quelque chose pour Marcie-pour s'entendre répondre, à sa stupéfaction scandalisée, que la gamine n'était pas de lui et qu'il n'en était donc pas responsable. Le salopard. Jorja avait dix-neuf ans et Alan vingt-quatre quand elle l'avait épousé, et jamais elle ne l'avait trompé. Alan le savait parfaitement, mais conserver son mode de vie fastueux-il avait besoin du moindre centime pour ses frusques, ses voitures de sport et les femmes-était sans doute plus important à ses yeux que de ne pas entacher la réputation de sa femme ou que le bonheur de sa fille. Afin d'épargner souffrances et humiliations à Marcie, Jorja avait dégagé Alan de toute responsabilité avant qu'il p˚t lancer publiquement ses ignobles accusations devant un juge.
    Ainsi en avait-elle terminé avec lui. Elle pouvait le chasser de son esprit.
    Mais tandis qu'elle passait le carrefour du centre commercial de

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