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La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours

Titel: La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christophe Verneuil
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d'épuisement, regardant ses mains.
    Pendant les quelques jours qui avaient suivi la première apparition des anneaux boursouflés, il avait utilisé la cortisone prescrite par le Dr Heeton de Saint-Joseph, mais il avait arrêté les applications de la lotion dès la disparition des marques, et il avait presque oublié l'incident. Il s'était agi d'une curiosité, certes déconcertante, mais qui ne l'avait pas inquiété
    outre mesure. Maintenant, tandis qu'il contemplait ces ronds étranges, il entendait les voix brouillées et comme lointaines, autour de lui.
    Śeigneur, tout ce sang !
    -Peut pas être vivant... deux fois dans la poitrine !
    -Sors de mon chemin, bon Dieu !
    - Plasma !
    -Prends son groupe sanguin... Non, dans l'ambulance ! ª
    Finalement, Brendan releva les yeux et regarda la foule agglutinée autour de Winton Tolk.
    Il vit les infirmiers soulever le blessé, l'étendre sur une civière, l'emporter hors de la boutique.
    Il vit un policier tirer sans ménagement le cadavre de l'homme à la veste pour laisser passer les infirmiers.
    Il vit Paul Armes accompagner la civière jusqu'à
    l'ambulance.
    Il vit que le sang o˘ avait baigné Tolk ne formait pas seulement une mare, mais un lac.

    Il regarda ses mains. Les anneaux avaient disparu.
    Las Vegas, Nevada
    Le Texan au pantalon jaune fluo n'aurait certainement pas essayé de draguer Jorja Monatella s'il avait su qu'elle était prête à ch‚trer le premier venu.
    Bien que ce f˚t l'après-midi du 24 décembre, Jorja n'était pas spécialement visitée par l'esprit de NoÎl.
    D'ordinaire assez calme et philosophe, elle était aujourd'hui d'une humeur massacrante.
    Elle déambulait dans les allées du casino, faisant l'aller-retour entre les tables de black jack et le bar apportant aux joueurs leurs consommations.
    Elle détestait son boulot. Serveuse dans un bar, ce n'était déjà pas formidable, mais dans une salle de jeu plus grande qu'un terrain de football, c'était vraiment la mort. quand sa journée était achevée, ses pieds lui faisaient mal et elle avait les chevilles gonflées. Et puis, les horaires étaient très irréguliers-comment peut-on assurer une certaine stabilité à une gamine de sept ans quand on n'a pas des horaires normaux ?
    Elle détestait aussi son costume, un petit rien du tout rouge, même pas la taille d'un maillot de bain, qui faisait ressortir le galbe des cuisses et la rondeur des seins chez la première venue et qui, chez une fille aussi bien roulée que Jorja, tournait à l'érotisme le plus torride.
    Elle détestait enfin la façon dont les joueurs et les employés du casino la considéraient. Pour eux, une fille qui acceptait de porter un costume aussi provocant ne pouvait être que facile.
    Elle était s˚re que son nom avait également quelque chose à voir avec leur attitude: Jorja. Un nom mignon.
    Trop mignon. Sa mère devait avoir eu un coup dans l'aile lorsqu'elle avait décidé de réinventer Georgia. A la rigueur, si les gens n'avaient fait que l'entendre prononcer: mais elle était obligée de porter un badge-Jorja -et elle avait droit à une bonne douzaine de commentaires quotidiens sur son ´ mignon ª prénom.
    Il avait quelque chose de frivole et de provocant que l'on projetait sur celle qui le portait. Elle avait envi-

    sagé d'aller devant un tribunal pour demander le rétablissement de son orthographe normale, mais elle ne voulait pas blesser sa mère. De toute façon, à la manière dont ses collègues de travail la lutinaient, il aurait fallu prendre celui de Mère Térésa pour avoir une chance de calmer certains de ces foutus salauds.
    Mais se bagarrer avec les patrons n'était pas le pire.
    Chaque semaine, un flambeur plein aux as-un mani-tou de Detroit, Los Angeles ou Dallas, qui jetait sur la table un gros paquet-qui en pinçait pour Jorja demandait au chef des croupiers de lui arranger un rendez-vous avec elle. quelques-unes des serveuses jouaient à ce petit jeu-pas beaucoup, mais quelques-unes. Mais lorsque le croupier en chef posait la question à Jorja, sa réponse était invariablement: ´ qu'il aille se faire foutre. Je suis une serveuse, pas une pute. ª Ses refus polis n'y faisaient rien, les hommes la relançaient inlassablement, comme ç'avait été le cas une heure plus tôt. Un gros pétrolier de Houston en pantalon jaune, chemise bleue et cravate rouge-un des meilleurs clients de l'hôtel-s'était subitement amouraché d'elle et lui avait fait des avances. Son haleine était

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