La France et les étrangers: du milieu du XIXe siècle à nos jours
veste de Marcie, un gros livre de contes de NoÎl et une assiettée de g‚teaux. Jorja mit la veste à Marcie, lui donna son livre.
´ Jorja, je pourrais vous parler deux minutes ? dit Kara. Rien que nous deux.
- Bien s˚r. ª
Jorja envoya Marcie s'installer dans la voiture.
Ć'est à propos de Marcie ? Elle a fait des bêtises ?
-Oh, non, c'est un vrai petit ange ! Elle le voudrait qu'elle n'y arriverait même pas. Voilà... aujourd'hui, elle m'a encore parlé de ce qu'elle voudrait pour NoÎl.
Ce qui lui ferait le plus plaisir, c'est une panoplie de docteur.
-Je sais, elle m'en parle à moi aussi tous les jours. C'est la première fois qu'elle tient tant à un jouet.
-Vous comptez la lui acheter ? ª
Jorja se tourna vers la voiture et s'assura que Marcie ne les entendait pas. ´ Le Père NoÎl l'a déjà dans sa hotte.
-Bon. Elle serait très triste si elle ne l'avait pas.
Mais c'est vraiment bizarre ce qu'elle m'a dit aujourd'hui et je me suis demandé si elle avait déjà
été gravement malade.
- Elle ? Elle n'a jamais eu un rhume !
- Elle n'est jamais allée à l'hôpital ?
- Non, pourquoi ?
- Eh bien, aujourd'hui, elle m'a reparlé de la panoplie et elle m'a dit qu'elle voulait être docteur quand elle serait grande pour se soigner toute seule quand elle serait malade. Elle a dit qu'elle ne voulait plus jamais qu'un docteur la touche parce que une fois, de vrais docteurs lui ont fait très mal. Je lui ai demandé
ce qu'elle voulait dire. Elle ne m'a pas répondu tout de suite, et puis elle m'a raconté d'une drôle de voix comment des docteurs l'avaient attachée sur un lit d'hôpital pour qu'elle ne se sauve pas; ils lui avaient ensuite mis plein d'aiguilles et des lumières dans les yeux plus toutes sortes d'autres choses aussi horribles. Elle disait qu'ils lui avaient fait très mal et que c'était pour cela qu'elle serait son propre docteur.
- Elle vous a dit ça ? Mais c'est complètement faux ! fit Jorja. Je me demande pourquoi elle a inventé
une histoire aussi extravagante.
-Ce n'est pas tout. Je me suis un peu étonnée que vous ne m'ayez pas prévenue, mais enfin... Je lui ai posé des questions, comme ça, et puis tout à coup, la pauvrette a éclaté en sanglots. Elle tremblait comme une feuille. J'ai essayé de la calmer, de la prendre dans mes bras, mais elle a hurlé de plus belle. Et alors, elle s'est sauvée dans le salon et s'est réfugiée derrière le canapé, comme si elle se cachait de quelqu'un.
- Seigneur...
- Il m'a fallu au moins cinq minutes, reprit Kara pour arriver à la calmer et dix de plus pour la faire sortir de sa cachette. Elle m'a fait promettre, si jamais ces docteurs revenaient, que je la laisserais se cacher encore derrière le canapé et que je ne leur dirais pas o˘ elle était. Je veux dire, Jorja, elle était vraiment dans tous ses états.
Sur le chemin du retour, Jorja demanda à Marcie:
´ qu'est-ce que c'est que cette histoire que tu as racontée à Kara cet après-midi ?
- Ce n'est pas une histoire, dit Marcie. C'est vrai !
- Mais non, voyons.
- Si, c'est vrai, dit très doucement la petite fille.
- Le seul hôpital o˘ tu sois jamais allée, c'est celui o˘ tu es née, et cela m'étonnerait que tu t'en souviennes, dit Jorja. Je t'ai déjà dit que ce n'était pas très beau de mentir.
- Surtout à son papa ou à sa maman, dit Marcie avec beaucoup de sérieux.
-Ou aux gens qui s'occupent bien de toi. Raconter des histoires à Kara pour lui faire peur, c'est exactement comme mentir.
-Je n'ai pas dit ça pour lui faire peur, dit Marcie.
- C'est pour te faire plaindre, alors. Tu n'es jamais allée à l'hôpital.
-si.
- Ah oui ? Et quand cela, s'il te plaît ?
-Je ne m'en souviens plus.
- Ben voyons...
- Presque plus.
- Et o˘ il était, cet hôpital ?
- Je ne sais plus trop. Des fois... je m'en rappelle mieux que d'autres. Des fois, je m'en rappelle plus du tout et des fois, je m'en rappelle très bien... et j'ai peur.
- Maintenant, tu t'en souviens bien ?
- Non, je ne vois rien du tout, mais aujourd'hui, c'était drôlement clair... et j'ai eu peur. ª
Jorja conduisit quelques instants en silence. Elle ne savait pas trop comment affronter cette situation.
C'était de la folie de croire un instant que l'on comprenait son enfant. Marcie avait toujours réussi à surprendre Jorja par des agissements, des remarques, des idées, des fantaisies et des questions qui ne semblaient pas venir d'elle-même mais paraissaient avoir
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