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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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de se
diriger vers la cuisine.
    — Je m'en sacre!
laissa tomber sa femme avant de le suivre. Si je m'écoutais, je commencerais
par lui couper les cheveux à cet agrès-là. Il a l'air d'une vraie fille avec la
tête qu'il a.
     
    Le portillon de
la clôture de la cour arrière fut repoussé bruyamment et Gérard quitta La
Patrie des yeux durant un moment pour regarder deux enfants se poursuivre
jusqu'au balcon en se lançant des boules de neige.
     
    — Vlà Alain et
Denis qui arrivent, annonça-t-il à sa femme en train de ranger sa provision
hebdomadaire de cigarettes qu'elle venait de confectionner.
     
    Avant même
qu'elle ait eu le temps de répondre, on sonna à la porte d'entrée. Gérard
déposa son journal sur l'appui-fenêtre et alla ouvrir. Denise entra en poussant
devant elle Sophie, sa petite fille de trois ans. Pierre Crevier pénétra à son
tour dans la maison de ses beaux-parents et s'empressa de refermer la porte
derrière lui.
     
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    Pendant un bref
moment, l'imposante stature du mari de Denise sembla obstruer toute la largeur
de l'étroit couloir.
     
    — Bonjour,
monsieur Morin, dit-il à son beau-père avant de se pencher vers sa belle-mère
pour l'embrasser sur une joue. Je suppose que mes deux singes sont déjà en
train de se chamailler dans votre cour en se lançant de la neige, ajouta-t-il
avec un sourire en retirant ses bottes.
     
    — Dis donc pas ça
de mes petits-fils, le réprimanda Laurette avec bonne humeur.
     
    — Je vous dis
qu'ils bougent tellement, m'man, reprit Denise en retirant son manteau, qu'il
faudrait les clouer sur une chaise pour les empêcher de grouiller.
     
    — C'est vrai
qu'ils me rappellent Richard quand il était jeune, reconnut Laurette en aidant
sa petite-fille à se déshabiller.
     
    Gérard se chargea
des manteaux des invités et alla les déposer sur son lit pendant que sa femme
entraînait ces derniers vers la cuisine.
     
    Avant de
s'asseoir, la grand-mère frappa contre la vitre de la fenêtre pour attirer
l'attention des deux gamins en train de jouer dans la cour. Quand ils levèrent
la tête, elle leur fit un signe de la main.
     
    — Ils ont l'air
en pleine santé, dit-elle, toute fière, aux parents en admirant leurs joues
rouges.
     
    — Je comprends,
dit Pierre. Il y a pas un sacrifice de microbe assez vite pour les attraper,
ces deux-là.
     
    Jean-Louis sortit
de sa chambre et vint s'asseoir à table.
     
    Pendant que
Gérard s'informait de la Malibu 1960 achetée le mois précédent par son gendre,
son fils et sa fille se mirent à parler de jeunes du quartier qu'ils avaient
revus dernièrement par hasard.
     
    Laurette prit
Sophie sur ses genoux pour la bercer. En serrant contre elle sa petite-fille,
elle se rappela à quel
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    point elle avait
eu de la peine à supporter le choc d'être devenue grand-mère huit ans plus tôt.
     
    Lorsque Denise
lui avait annoncé être enceinte de son premier enfant, elle n'avait pas tout à
fait réalisé ce que cela impliquait pour elle. Ce ne fut qu'en voyant Alain à
la pouponnière qu'elle comprit réellement ce qui venait de lui arriver. Elle
s'était sentie subitement vieille, même si elle n'avait alors que quarante-six
ans.
     
    — Maudit verrat,
qu'on vienne pas me dire que je vais ressembler à la belle-mère! avait-elle
juré. Je me suicide tout de suite en me tapant la tête sur les murs si je suis
pour ressembler à Lucille Morin.
     
    Pendant les
quelques jours qui avaient suivi, la nouvelle grand-mère n'avait pas cessé de
s'examiner chaque fois qu'elle passait devant un miroir, comme pour s'assurer
qu'elle n'avait pas vieilli subitement.
     
    — En tout cas,
que j'en poigne jamais un à m'appeler «grand-mère» parce que je l'étrangle,
avait-elle dit d'une voix menaçante alors qu'elle était seule dans la maison.
     
    Toutefois, ses
inquiétudes avaient fondu comme neige au soleil dès qu'elle avait tenu le petit
Alain entre ses bras.
     
    Serrant le bébé
contre sa large poitrine, elle s'était sentie envahie par une tendresse qu'elle
n'avait jamais éprouvée auparavant.
     
    — Il est encore
plus beau que Jean-Louis quand il est venu au monde! s'était-elle exclamée en
embrassant la joue du bébé.
     
    Un tel compliment
disait assez à quel point elle était bouleversée de tenir contre elle le
premier enfant de sa fille aînée. Pour la première fois de sa vie, elle
comprenait ce que sa mère avait ressenti envers ses petits-enfants.
     
    — C'est ben
spécial,

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