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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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assez ce qu'elle pensait. Au même
moment, on sonna à la porte et Carole s'empressa d'ouvrir à un jeune homme dont
la canadienne beige était largement ouverte malgré le froid qui régnait à
l'extérieur.
     
    — J'espère que
t'es pas venu à pied tout dépoitraillé comme ça, dit affectueusement Carole en
lui montrant son manteau ouvert.
     
    — J'avais pas le
choix de venir à pied. Mon char voulait rien savoir de partir à matin.
     
    — Il est presque
neuf, lui fit remarquer Carole.
     
    — Je le sais,
mais j'ai oublié les lumières dessus hier soir, quand je suis revenu.
     
    — En tout cas,
t'aurais pu au moins te boutonner et te mettre un chapeau sur la tête.
     
    — Laisse faire.
On gèle pas tant que ça. T'en viens-tu? lui demanda-t-il avec une certaine
brusquerie.
     
    Le jeune homme
aux longs cheveux blonds et aux épais favoris avait un air assez déplaisant.
     
    39
    Laurette
l'aperçut du fond de la cuisine, mais comme le visiteur ne faisait pas mine de
la saluer, elle l'ignora tout à fait et continua à brosser ses cheveux. André
Cyr adressa un «salut» désinvolte à Jean-Louis et à Gilles quand ils
s'avancèrent tous les deux dans le couloir avec l'intention de prendre leurs
manteaux.
     
    Quand la porte
d'entrée se referma sur les quatre jeunes, Laurette ne put s'empêcher de dire à
son mari qui sortait des toilettes: — Lui, je peux pas le sentir.
     
    — De qui tu
parles? — du chum de Carole.
     
    — Il t'a rien
fait, ce gars-là, lui fit remarquer Gérard.
     
    — J'aime pas ses
airs fendants, c'est tout. En plus, il sait pas vivre. Il est même pas capable
de dire «bonjour» quand il arrive quelque part. Ça a pas été élevé, ce gars-là,
ça a été garroché, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la patère du couloir pour
y prendre son manteau.
     
    Gérard l'imita et
tous les deux quittèrent à leur tour l'appartement de la rue Emmett pour
prendre la direction de la rue Fullum. La neige s'était transformée en lourde
giboulée de mars et Laurette se cramponna au bras de son mari pour ne pas
glisser sur le trottoir.
     
    La cloche de
l'église Saint-Vincent-de-Paul sonna au moment où ils arrivaient au coin de la
rue Sainte-Catherine.
     
    Quelques dizaines
de fidèles escaladaient déjà la douzaine de marches menant au parvis de
l'église à une centaine de pieds de là.
     
    — Je suis sûre
d'avoir aperçu André Cyr avec une fille avant-hier soir quand je suis allée
faire mes commissions chez Tougas, dit Laurette à son mari. Ils étaient tous
les deux de l'autre côté de la rue et ils sortaient de la pâtisserie.
     
    — Ça veut rien
dire ton affaire, laissa tomber Gérard.
     
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    — Je me suis
retenue pour pas en parler à Carole, mais je voudrais pas que ce maudit bum- à
vienne rire d'elle en pleine face et lui fasse perdre son temps.
     
    — Commence pas à
faire du trouble avec ça, la mit en garde son mari en lui ouvrant la porte de
l'église.
     
    — Inquiète-toi
pas, la rassura sa femme. Mais lui, il perd rien pour attendre.
     
    À leur entrée
dans l'église, les lieux étaient déjà plus qu'à demi remplis. Le curé
Perreault, vêtu d'une aube blanche, était debout à l'arrière pour accueillir
ses paroissiens.
     
    Au lieu de se
diriger vers l'allée centrale, comme elle l'avait toujours fait dans le passé,
Laurette trempa le bout de ses doigts dans le bénitier et s'empressa de monter
l'allée de droite pour éviter d'avoir à saluer le prêtre. Tout en se déplaçant,
la mère de famille cherchait ses enfants du regard pour s'assurer qu'ils
étaient bien présents. Elle aperçut d'abord Carole et son ami qui avaient pris
place dans l'un des derniers bancs. Au passage, elle adressa un regard plein de
reproches à sa fille.
     
    — Un peu plus et
ils s'assoyaient dehors, murmura-
    t-elle,
mécontente, à Gérard en continuant à s'avancer lourdement vers l'avant.
     
    Elle tourna la
tête et vit Gilles et Jean-Louis assis au centre du temple. Rassurée, elle
entraîna Gérard vers l'un des dix premiers bancs demeuré libre. Peu à peu,
l'église se remplissait pendant que la chorale paroissiale finissait de
s'exercer dans le jubé. Un animateur vint prendre place au micro, derrière le
lutrin placé à gauche du choeur. Il invita l'assistance à se lever pour saluer
l'arrivée du célébrant en train de remonter l'allée centrale en compagnie des
deux adultes qui allaient servir la messe. La chorale entonna le

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