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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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cette affaire-là, avait-elle expliqué à son gendre. Ça vient peut-être
de ce que j'ai juste à l'aimer et que j'ai pas à l'élever, cet enfant-là.
     
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    En tout cas,
Laurette avait vite découvert qu'elle allait devenir une «grand-mère gâteau»,
comme sa propre mère l'avait été, tant elle avait du plaisir à gâter ses
petits-enfants.
     
    Ainsi, à la
naissance de Denis puis à celle de Sophie, elle s'était précipitée chez sa
fille pour prendre soin de la jeune mère et, surtout, s'occuper du nouveau-né.
     
    — Savez-vous où
je suis allé hier après-midi? demanda Pierre Crevier à la cantonade.
     
    — T'es pas allé
magasiner comme ta belle-mère, j'espère, se moqua Gérard en lui adressant un
clin d'oeil.
     
    — Vous êtes pas
sérieux, monsieur Morin. Vous savez ben que j'ai jamais assez d'argent pour
aller le gaspiller comme ça dans les grands magasins, tous les samedis que le
bon Dieu fait, fit son gendre en entrant dans son jeu.
     
    — Aïe, vous
deux!’les prévint Laurette en feignant d'être fâchée. Si vous voulez souper à
soir, vous êtes mieux de changer de ton et de filer doux.
     
    — Blague à part,
poursuivit le mari de Denise, mon chum Lavigne m'a amené avec lui voir ce
qu'ils sont en train de faire avec l'île Sainte-Hélène et l'autre, la nouvelle,
celle qu'ils appellent l'île «Notre-Dame». C'est écoeurant comme c'est gros. Il
faut le voir pour le croire.
     
    — J'ai lu qu'ils
font cette île-là avec la terre qu'ils sortent en creusant le métro, intervint
Jean-Louis.
     
    — C'est ce que Lavigne
m'a dit. Mais en plus, ils allongent l'île Sainte-Hélène. Il paraît qu'ils vont
construire là une sorte de parc Belmont en plus gros. J'ai jamais vu autant de
gros trucks chargés de roches et de terre se promener. C'est un vrai défilé.
mon chum en conduit un.
     
    Il dit que c'est
comme ça jour et nuit.
     
    — Ça va être
quelque chose à voir, cette affaire-là, dit Denise, enthousiaste.
     
    — Je me demande,
moi, combien ça va nous coûter cette idée de fou là du maire Drapeau, intervint
Laurette
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    en s'allumant une
cigarette. Il a beau crier partout que ça va se payer tout seul parce qu'il va
venir cinquante millions de visiteurs, j'ai ben de la misère à croire ça.
     
    — De toute façon,
il faut pas s'énerver non plus, admit Gérard. Il y a encore rien de construit
sur ces îles-là. On verra ben.
     
    — Moi, j'ai vu un
portrait de ce qu'ils appellent «Habitat
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Pierre. C'est laid en maudit leur affaire. On dirait un paquet de cubes en
ciment. Ils disent que c'est moderne, mais je voudrais pas vivre là-dedans pour
une terre.
     
    Laurette jeta un
coup d'oeil par la fenêtre et se leva pour aller ouvrir la porte après avoir
déposé Sophie par terre.
     
    — Entrez en
dedans, les enfants, ordonna-t-elle à ses deux petits-fils. Votre linge est
tout mouillé. Vous allez attraper la grippe.
     
    Il y eut quelques
protestations à l'extérieur, mais les enfants obéirent. Ils quittèrent la cour
et escaladèrent les trois marches conduisant au balcon.
     
    — Secouez-vous un
peu dehors avant d'entrer, leur ordonna leur grand-mère.
     
    Les gamins, âgés
de huit et six ans, obéirent et entrèrent dans la cuisine.
     
    —
Déshabillez-vous et allez porter votre linge et vos bottes proches de la
fournaise pour les faire sécher. Vous soupez avec nous autres à soir, dit
Laurette en se tournant vers sa fille et son gendre. On va être tous ensemble.
     
    Richard et
Jocelyne s'en viennent. Gilles et Carole m'ont promis d'être là pour souper. On
va faire manger les enfants avant. J'aime ben ça quand vous êtes tous ici
dedans, avoua la mère de famille, ça me rassure.
     
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    Pourtant,
Laurette aurait été passablement moins rassurée si elle avait pu voir ce qui se
passait entre sa Carole et André Cyr.
     
    Dès que le couple
eut quitté l'appartement, à la fin de l'avant-midi, André avait proposé à son
amie d'aller dîner tôt au Rialto, le restaurant situé coin Sainte-Catherine et
Frontenac.
     
    — On va manger de
bonne heure et après, on ira prendre mon char pour aller au Grenada. Je pense
qu'il va y avoir pas mal de monde là-bas. Si on veut avoir une bonne place, on
est mieux d'arriver pas trop tard.
     
    — On aurait pu
manger chacun chez nous, lui fit remarquer Carole, raisonnable.
     
    — Aïe! C'est pas
parce que j'ai pas d'ouvrage qu'on est obligés de toujours se priver, protesta
avec

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