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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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furent accueillis par un brouhaha
assourdissant. Les clients, énervés, voulaient savoir ce qu'ils devaient faire
pour avoir leur argent.
     
    — Ils sont partis
avec mon chèque de paye, les écoeurants! dit un gros homme furieux en
s'approchant
    d'un policier.
     
    — Attendez qu'on
vous interroge, monsieur, lui commanda sèchement ce dernier.
     
    — Est-ce qu'on
peut s'en aller? demanda une vieille femme un peu tremblante.
     
    — Non, madame.
Vous devez attendre.
     
    — Comment on va
faire pour avoir notre argent? l'interrogea une autre dame d'une voix un peu
hystérique.
     
    — La banque est
fermée, répondit un inspecteur habillé en civil qui venait d'entrer. Est-ce
qu'il y a quelqu'un de blessé? ajouta-t-il après s'être rapidement présenté au
gérant.
     
    — Oui, un de mes
caissiers. On a demandé une ambulance.
     
    409
    Marthe Paradis,
agenouillée par terre aux côtés de Jean-
    Louis, toujours inconscient,
avait pris sur elle de lui glisser un coussin sous la tête et elle appliquait
un pansement temporaire sur la tempe du blessé. Quelques minutes plus tard,
deux ambulanciers, munis d'une civière, firent leur entrée dans la succursale.
Après avoir rapidement examiné l'état du caissier, ils le déposèrent sur la
civière.
     
    — Est-ce qu'il y
a quelqu'un qui va l'accompagner à l'hôpital? demanda l'un des ambulanciers à
la ronde.
     
    — Moi, se
contenta de dire Marthe après avoir consulté du regard son patron qui lui fit
signe d'y aller.
     
    La jeune femme
suivit la civière et profita de la trouée que firent les ambulanciers à travers
la foule de curieux qui s'était massée devant les portes de la banque. Quatre
autos-
    patrouilles
stationnées à la diable, moitié sur le trottoir, moitié dans la rue, les
gyrophares allumés, nuisaient à la circulation.
     
    — Je pense qu'il
est mort, dit une femme à sa voisine au passage de la civière devant elle.
     
    — Ça me
surprendrait pas, reconnut l'autre. Il paraît que c'est plein de sang partout
en dedans.
     
    Marthe, follement
inquiète du sort de Jean-Louis, se contenta de suivre les deux ambulanciers
jusqu'à l'arrière du véhicule. Après avoir, glissé la civière à l'intérieur,
ils l'aidèrent à prendre place avant que le conducteur referme la portière sur
elle et sur l'autre ambulancier. L'homme s'installa derrière le volant,
actionna la sirène et le véhicule prit rapidement de la vitesse.
     
    — Où est-ce que
vous l'amenez? demanda Marthe à l'ambulancier installé près de la civière.
     
    — À Notre-Dame,
madame. C'est l'hôpital le plus proche.
     
    410
    En ce vendredi
soir, le silence dans l'appartement de la rue Emmett n'était brisé que par la
voix de Real Caouette qui clamait haut et fort à la télévision que le premier
ministre du Canada, Lester B. Pearson, devait absolument s'inspirer du credo
créditiste en matière d'économie s'il voulait redresser les finances publiques.
Selon lui, il suffisait d'imprimer des dollars.
     
    — Il est fou à
enfermer, ce maudit-là, déclara Gérard à l'intention de sa femme, attablée dans
la cuisine.
     
    Laurette ne dit
rien, toujours aussi peu intéressée au monde de la politique. Après avoir collé
durant près d'une heure des timbres Gold Star dans des livrets, elle consultait
le catalogue pour savoir à quelle prime elle pouvait aspirer avec les six
livrets complets qu'elle possédait maintenant.
     
    — Maudit verrat,
je ramasse des timbres depuis l'hiver passé et ils me donnent presque rien
pour! explosa-t-elle.
     
    — T'as juste à
continuer à en ramasser, lui conseilla Gérard, toujours assis dans sa chaise
berçante dans la pièce voisine. Lâche ça et viens voir le programme qui
commence, c'est sur l'Expo.
     
    Au même moment,
elle entendit le «Un jour, un jour, quand tu viendras...», la chanson-thème de
l'exposition universelle de Montréal qui allait ouvrir ses portes au mois
d'avril suivant. «Terre des hommes. Là où le monde entier va se donner
rendez-vous dans moins de cinq mois», affirmait avec grandiloquence Jean-Paul
Nolet, le commentateur.
     
    — Bonyeu, on va ben
se marcher sur les pieds si tout le monde vient à Montréal, s'exclama Laurette
en entendant cette présentation. À part ça, est-ce qu'ils vont nous achaler
encore ben longtemps avec cette exposition-là? — Arrête donc de chialer, lui
lança son mari. Tu vas être la première à te garrocher là pour tout voir quand
ça va

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