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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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aller voir si mon garçon s'est
rendormi.
     
    Marthe Paradis
longea l'étroit couloir qui conduisait à la cuisine et prit place sur l'une des
chaises en bois placées autour de la table. Pendant que son hôtesse
disparaissait quelques instants, la jeune femme regarda avec curiosité
l'endroit où vivait son camarade de travail.
     
    Laurette ouvrit la
porte de la chambre de son fils. Il y eut des chuchotements et elle referma la
porte avant de revenir dans la cuisine, toute souriante.
     
    — Il s'en vient.
Je nous fais une tasse de café en attendant. Comment va Carole? — Elle va bien,
madame Morin, mais elle commence à avoir hâte que ça finisse. Son huitième mois
débute la semaine prochaine et ça paraît.
     
    — Elle est pas
malade? — Non. Je dirais même que plus ça va, plus elle est en forme. Il y a
juste qu'elle sait pas encore quand son patron va décider qu'elle doit lâcher
son ouvrage.
     
    — C'est vrai.
J'avais pas pensé à ça pantoute, reconnut la mère de famille, la mine
soudainement assombrie.
     
    Comment elle va
faire pour arriver quand elle pourra plus travailler? — Inquiétez-vous pas pour
ça, lui conseilla la jeune femme, l'air affable. Elle a eu le temps
d'économiser un peu et je suis là. Une amie, ça sert à quelque chose.
     
    — T'es ben fine.
     
    Jean-Louis vint
enfin rejoindre les deux femmes attablées dans la cuisine en affichant un
sourire un peu contraint.
     
    En fait, il était
gêné de montrer à son amie l'endroit misérable où il habitait. Après avoir vu
l'appartement confortable qu'elle louait rue Saint-Denis, il réalisait à quel
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    point elle
pouvait trouver minable la maison de la rue Emmett. En fait, c'était la
dernière place où il aurait voulu la voir, mais le mal était fait.
     
    En le voyant,
Marthe s'empressa de prendre des nouvelles de sa santé tout en tirant une
feuille du Montréal-
    Matin de son sac
à main.
     
    — Si ça peut te
remonter le moral, dit-elle avec un large sourire, on parle de toi dans le
journal d'aujourd'hui.
     
    — Ah oui? demanda
Laurette en tendant déjà la main pour s'emparer de l'article.
     
    — Le journaliste
vante pas mal le courage de votre garçon, madame Morin. Il écrit qu'il a pas eu
peur de se jeter sur un des bandits armés.
     
    Jean-Louis ne put
s'empêcher de rougir devant le regard admiratif des deux femmes et il éprouva
toutes les peines du monde à ne pas se jeter sur l'article consacré au vol à
main armée pendant la visite de Marthe.
     
    La jeune femme
demeura plus d'une heure chez les Morin et ne se décida à les quitter que
lorsque Laurette l'invita à souper.
     
    — Vous êtes bien
gentille, madame Morin, mais je peux pas aujourd'hui, la remercia Marthe en se
levant. J'ai promis d'aller voir La Mélodie du bonheur au Château avec Carole,
ce soir. C'est dommage que tu sois trop amoché pour venir avec nous autres,
ajouta-t-elle avec un regret apparent en s'adressant à Jean-Louis.
     
    — Ben là, dit ce
dernier, hésitant.
     
    — T'aurais pu
venir souper à la maison et on serait sortis tous les trois.
     
    Le fils de
Laurette hésita encore un bref moment avant de se décider à dire: — Si tu
m'attends cinq minutes, je vais y aller avec vous autres. N'importe quoi pour
pas être obligé d'écouter la partie de hockey de ma chambre.
     
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    Tout heureuse,
Marthe continua à bavarder quelques instants avec Laurette pendant que
Jean-Louis se préparait.
     
    Lorsqu'il parut
dans la cuisine, son bandage avait disparu et il avait étalé ses cheveux de manière
à ce que les points de suture sur sa tempe ne soient pas trop visibles.
     
    — T'es sûr que
t'es capable de sortir? lui demanda sa mère en examinant l'importante ecchymose
qui ornait le front de son fils.
     
    — Ben oui, m'man.
Si j'ai mal à la tête pendant la soirée, je prendrai mes pilules. Je les ai
apportées.
     
    Quand Gérard
rentra à l'heure du souper, sa femme déposa, devant lui, avec une fierté
évidente, l'article de journal consacré à l'exploit de leur fils.
     
    — Je l'ai lu, se
contenta de répondre Gérard, fatigué d'avoir lavé des voitures toute la
journée.
     
    — Et c'est tout
l'effet que ça te fait de voir notre garçon dans le journal? fit-elle sur un
ton de reproche.
     
    — Bâtard,
Laurette, il y a pas de quoi grimper dans les rideaux! Je sais pas si t'as lu
la même chose que moi, mais c'est écrit que c'était pas ce qu'il y avait de
plus intelligent à faire que de se

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