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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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l'appartement. Même
s'il faisait encore noir, un coup d'oeil à l'extérieur lui apprit qu'il
pleuvait abondamment.
     
    — Je pense ben
que l'été indien est fini, dit-elle à Gérard quand il entra dans la pièce en se
grattant la tête.
     
    Il mouille et il
a pas l'air de faire chaud. J'espère que ça va se calmer cet après-midi pour
que je puisse aller faire mes commissions chez Tougas. S'il mouille encore, je
vais t'attendre et on va essayer le Dominion sur Sainte-
    Catherine.
Pauline m'a dit qu'ils ont de la belle viande.
     
    — La température
a encore le temps de changer, se contenta de dire Gérard en se versant une
tasse de café.
     
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    Ce vendredi
d'octobre fut une journée sans histoire à la succursale de la Banque d'Épargne
de la rue Sainte-
    Catherine. Il y
eut un flot continu de clients durant toute la journée avec des moments forts à
l'heure du dîner et un peu avant trois heures. Comme d'habitude, leur nombre
allait être beaucoup plus important de sept à huit heures.
     
    Les travailleurs
avaient l'habitude d'envahir les lieux pour monnayer leur chèque et payer leurs
comptes à ce moment-
    là de la semaine.
Les trois caissiers allaient être débordés, comme tous les jeudis et vendredis
soirs.
     
    Par chance, la
pluie avait cessé au début de l'après-midi et les nuages avaient été chassés
par un petit vent du nord qui incitait les badauds à hâter le pas. Jean-Louis
s'empressa de manger la sauce aux oeufs que sa mère venait de lui servir au
souper avant de retourner à la succursale un peu après six heures trente.
     
    Lorsqu'il arriva
devant la porte de la banque, il dut se frayer un chemin au milieu d'une trentaine
de personnes attendant avec impatience la reprise des activités de la
succursale. Il sonna et la comptable vint lui ouvrir. Elle referma
immédiatement derrière lui.
     
    À son entrée dans
les lieux, les commis étaient déjà au travail sous la direction de Marthe
Paradis et les deux autres caissiers attendaient devant la voûte que Huguette
Bélanger fasse la combinaison pour l'ouvrir. Cette dernière consulta l'horloge
murale et ouvrit l'imposante porte en acier qui maintenait à l'abri le chariot
sur lequel les caissiers avaient déposé leur caisse à la fin de l'après-midi.
     
    — Perdez pas de
temps, leur commanda-t-elle. Il reste juste cinq minutes avant que je laisse
entrer les clients.
     
    Marcelle
Desjardins poussa son chariot hors de la voûte et alla immédiatement préparer
sa caisse. Quand Olivette Poirier voulut l'imiter, l'une des roues du sien
bloqua et Jean-Louis, impatient de regagner sa caisse, dut tout de
    405
    même l'examiner
et enlever ce qui empêchait l'une des roues de tourner librement. La seconde
caissière le remercia et sortit à son tour de la voûte.
     
    Au moment où le
jeune homme allait pousser son chariot, des bruits de voix et de galopades
envahirent la succursale.
     
    — Une vraie bande
de sauvages, songea-t-il en croyant qu'il s'agissait, comme d'habitude les
soirs de grande affluence, du flot de clients courant aux caisses pour être les
premiers servis dès leur entrée dans l'immeuble.
     
    Il allait
franchir la porte de la voûte quand un cri le figea sur place.
     
    — Personne bouge!
C'est un hold-up!
     
    Ce cri fit
l'effet d'un coup de tonnerre éclatant dans la succursale. Jean-Louis
n'entendit plus rien. C'était comme si les lieux s'étaient soudainement vidés
par miracle. Son coeur cessa de battre un court moment et il sentit la sueur
lui couler dans le dos.
     
    Depuis quelques
années, les succursales bancaires étaient victimes d'un véritable raz-de-marée
de vols à main armée. Toutes les banques avaient eu beau engager un garde de
sécurité posté à la porte, cela n'avait rien changé.
     
    Les voleurs
savaient bien que ces gardiens sous-payés s'empressaient de déposer leur arme
dès qu'ils se sentaient menacés. C'était une véritable épidémie que rien ne
semblait en mesure d'enrayer. Certaines succursales bancaires de Montréal
avaient même reçu jusqu'à trois fois la visite de voleurs le mois précédent. Le
conseil d'administration des grandes banques en était encore à chercher un
moyen efficace pour contrer ce fléau. En attendant, on conseillait aux employés
de ne pas tenir tête aux voleurs et de leur remettre le contenu de leur caisse
sans résister.
     
    Par un heureux
concours de circonstances, la succursale où travaillait Jean-Louis Morin
n'avait jamais été

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