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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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portière avant, côté passager,
pour faire admirer aux siens la propreté de l'habitacle.
     
    — Regarde,
ordonna-t-il à Laurette. Les bancs sont recouverts de plastique. Ils sont comme
neufs. Assis-toi dessus. Tu vas voir comment ils sont confortables.
     
    Laurette
s'exécuta d'assez mauvaise grâce.
     
    — Regarde. Il y a
un bon radio et il y a pas une tache sur les tapis. Richard, fais partir le
moteur pour le faire entendre à ta mère.
     
    Richard fit le
tour de l'automobile et prit place dans la Chevrolet dont il fit démarrer le
moteur.
     
    — OK. Tu peux
arrêter le moteur, lui ordonna sa mère, en descendant de la voiture sans
formuler le moindre commentaire. A cette heure, on va aller souper.
     
    — Toi, qu'est-ce
que t'en penses? demanda Gérard à Jean-Louis qui avait examiné le véhicule aux
côtés de sa mère sans ouvrir la bouche.
     
    — Je connais rien
dans les chars, p'pa, mais il a l'air pas mal. Je pense que j'haïrais pas ça,
moi aussi, apprendre à conduire un char comme ça.
     
    — Bon, un autre
malade dans la maison! s'écria Laurette en rentrant dans l'appartement.
     
    — On te le
montrera, lui promit son père en adressant un clin d'oeil à son fils.
     
    Tout au long du
repas, Laurette sentit une espèce de complicité assez déplaisante entre les
trois hommes assis autour de la table. Elle parvint cependant à réprimer son
envie de reprendre la discussion sur l'utilité de posséder une automobile. A
son avis, le mal était fait. Il ne restait
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    plus maintenant
qu'à voir si Gérard parviendrait jamais à conduire, ce qui était loin d'être
prouvé.
     
    Après le repas,
un peu angoissée tout de même, elle vit son mari prendre place derrière le
volant. Sans rien dire, elle se planta sur le trottoir près de la Chevrolet.
     
    — Inquiétez-vous
pas, m'man, chercha à la rassurer Richard. Il y a pas de danger. On va aller se
pratiquer dans la grande cour, en arrière.
     
    Le jeune homme
s'adressa ensuite à son père, sous l'oeil goguenard de trois jeunes qui
s'étaient avancés sur le trottoir pour mieux voir ce qui se passait.
     
    — Faites de
l'air, leur ordonna Richard. Il y a rien à voir.
     
    Le moteur
démarra, mais la voiture ne bougea pas.
     
    Richard expliqua
lentement à son père les secrets de l'embrayage. Il y eut un pénible grincement
dans la transmission, la voiture eut un soubresaut et le moteur cala.
     
    Gérard reprit la
manoeuvre. Nouveau grincement, mais cette fois, la voiture se mit à avancer
lentement, par à-coups, jusqu'au coin de la rue Archambault, tout près. Le
moteur s'étouffa une autre fois. Le conducteur redémarra et la Chevrolet tourna
lentement à droite avant de disparaître en direction de la grande cour.
     
    Sans perdre un
instant, Laurette rentra chez elle, traversa son appartement et sortit sur le
balcon arrière pour voir les manoeuvres effectuées par son mari. Durant plus
d'une heure, l'apprenti conducteur apprit à avancer, à reculer, à freiner et,
surtout, à enclencher les vitesses avec un succès inégal.
     
    — Il va finir par
défoncer une clôture ou par accrocher un autre char, s'inquiéta Laurette,
toujours debout sur son balcon.
     
    Finalement,
Richard accepta que son père sorte de la grande cour par la rue Fullum et
revienne doucement
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    immobiliser sa
Chevrolet devant la porte, dans la rue Emmett. Quand le conducteur descendit du
véhicule, il était pâle et couvert de sueur.
    — Cybole, je suis
plus fatigué qu'après une journée d'ouvrage! admit-il en s'épongeant le front
avec son mouchoir après être descendu de la voiture.
     
    — Viens surtout
pas te plaindre, le rembarra sa femme, venue l'accueillir à la porte. Il y a
rien qui t'obligeait à faire cette folie-là.
     
    Au moment où son
mari allait lui répondre, la Pontiac blanche de Richard, pilotée par Jocelyne,
vint s'arrêter derrière la Chevrolet.
     
    — Je m'habituerai
jamais à voir une femme conduire un char, avoua Laurette en voyant sa bru
descendre de voiture.
     
    — Eh ben,
monsieur Morin! Ça fait plaisir de voir que vous devenez moderne, dit Jocelyne
en s'avançant vers ses beaux-parents.
     
    — Ouais. Il va
faire un beau mort moderne! laissa tomber sa belle-mère.
     
    La jeune femme
jeta un regard inquisiteur à son mari qui lui adressa un signe discret.
     
    — Bon. Je suis
venue récupérer mon mari, reprit-elle.
     
    Je l'ai vu juste
dix minutes aujourd'hui.
     
    — T'as ben le
temps de venir

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