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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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l'as pas entendu tout à l'heure quand il a dit
qu'il allait voir un film avec quelqu'un qui travaille avec lui. Je mettrais ma
main au feu que c'est le même gars avec qui il est allé boire un café après
l'ouvrage, l'autre fois. Ça ressemble un
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    peu trop à mon
goût à l'histoire qu'il a déjà eue avec Jacques Cormier...
     
    — Comme
d'habitude, tu te mets à l'envers pour rien, s'impatienta Gérard. Il y a rien
qui dit que c'est avec un gars qu'il va voir ce film-là.
     
    — Gérard Morin,
bonyeu! Fais-moi pas parler pour rien! s'emporta Laurette après avoir éteint
son mégot de cigarette dans le cendrier à demi rempli. Bon. Moi, j'écoute pas
les nouvelles. J'aime mieux aller me coucher. Mets pas le son trop fort pour
pas réveiller Carole.
     
    Le soleil, bas
sur l'horizon, éclairait la chambre de Carole en ce samedi matin. Un rayon
frappa l'une de ses paupières. La jeune fille ouvrit brusquement les yeux et se
retourna dans l'intention de voir l'heure sur son réveille-
    matin. Six
heures. Elle se maudit de ne pas avoir songé à tirer les persiennes la veille,
avant de se mettre au lit.
     
    Elle s'assit avec
l'impression d'être bien reposée. Elle se rappela alors s'être couchée un peu
avant huit heures et sans souper. Elle repoussa les couvertures et posa les
pieds sur le vieux linoléum gris, l'estomac soudain tiraillé par la faim. Elle
sortit de sa chambre sur la pointe des pieds et dressa son couvert pour
déjeuner. Après avoir mis de l'eau dans la bouilloire, elle plaça deux tranches
de pain dans le grille-pain et sortit le pot de Cheez-Whiz dans l'intention
d'en tartiner ses rôties.
     
    La jeune fille
s'installa silencieusement à table avec sa tasse de café et ses rôties. Au
moment où elle allait mordre dans sa tranche de pain, une violente nausée
l'obligea à déposer sa rôtie tartinée de fromage dans son assiette. Elle ferma
les yeux durant un bref moment, s'obligeant à déglutir et à penser à autre
chose. Elle avait faim et, en même temps, son coeur se soulevait à la seule
idée d'avaler une bouchée.
     
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    Elle attendit un
long moment avant de faire une autre tentative, mais elle fut incapable de se
résoudre à avaler quelque chose. Pire, elle dut quitter la table en toute hâte
pour se précipiter aux toilettes. Comme elle avait l'estomac vide, ses efforts
pour vomir furent aussi inutiles que bruyants.
     
    Quand elle sortit
de la petite pièce, elle sursauta en se retrouvant face à face avec sa mère, la
tête couverte de bigoudis et l'air mal réveillé. Pendant un bref moment, elle
s'inquiéta de savoir si elle l'avait entendue.
     
    — Veux-tu ben me
dire ce que tu fais debout aussi de bonne heure un samedi matin? lui demanda
Laurette à voix basse.
     
    — Ben, je
m'endormais plus, répondit-elle. Je suis couchée depuis presque douze heures.
     
    Sa mère la
regarda attentivement et posa la main sur son front avant de dire: — T'es ben
pâle. Es-tu malade? Si t'as la grippe, dis-le.
     
    — Ben non, m'man,
protesta la jeune fille sur un ton légèrement exaspéré. Je suis correcte.
     
    — Bon. Si c'est
comme ça, moi, je me suis levée pour préparer le lunch de ton père. Après, je
retourne me coucher.
     
    Carole n'ajouta
rien. Elle s'assit à table et prit l'une de ses rôties maintenant froide et
mordit dedans sans le moindre appétit en faisant des efforts méritoires pour
contrôler la nausée qu'elle sentait revenir.
     
    Lorsque sa mère
retourna dans sa chambre pour réveiller son père et se remettre au lit, elle
s'empressa de jeter les restes de son déjeuner et regagna précipitamment sa
chambre. Elle s'étendit sur son lit, angoissée, incapable de décider de la
conduite à suivre. Elle posa les deux mains sur son ventre, à l'affût du
moindre signe d'une vie se
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    développant en
elle. Elle ne perçut rien, mais cette constatation ne la rassura pas le moins
du monde.
     
    Elle passa de
longues minutes sans bouger, les yeux fermés. Finalement, elle se leva. Il fallait
qu'elle parle à André, mais avant ça, elle devait être certaine de son état et
pour s'en assurer, il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir: aller voir le
médecin. Oui, mais qui? Il n'était pas question d'aller voir le vieux docteur
Miron qui l'avait mise au monde. Soudain, elle pensa au médecin de son amie
Valérie, le docteur Leduc ou Bolduc... Elle n'était pas certaine du nom et il
n'était pas question qu'elle téléphone à sa copine qui ne

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