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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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libre. Durant
un bref moment, la jeune fille eut la tentation d'aller rendre visite à sa
cousine Louise, mais à la pensée d'avoir à faire semblant d'ignorer ses amours
avec le vicaire de la paroisse, elle préféra rentrer à la maison. De plus,
affronter l'oeil perspicace de sa tante Pauline ne lui disait rien.
     
    Après être
descendue de l'autobus, elle décida brusquement de marcher jusque chez Ronald
Cyr, rue Logan, dans
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    l'intention de
parler à son amoureux qu'elle n'avait pas vu de la semaine. La chance lui
sourit. Elle l'aperçut, cigarette au bec, en train de laver sa voiture en face
de l'appartement de son frère.
     
    Le jeune tailleur
ne l'avait pas vue approcher. Il sursauta légèrement quand il la vit debout à
ses côtés au moment où il allait rincer son chiffon dans le seau d'eau
savonneuse placé à ses pieds.
     
    — D'où est-ce que
tu sors? lui demanda-t-il sans manifester la moindre amabilité.
     
    Il était bien
évident que cette visite imprévue le dérangeait et cela paraissait dans le
timbre de sa voix.
     
    — J'ai à te
parler, lui dit Carole à mi-voix.
     
    — Ça peut pas
attendre? Comme tu vois, je lave mon char et il va être tout bariolé si je
l'essuie pas tout de suite.
     
    — Non. Je peux
pas attendre.
     
    — Christ! Si
c'est encore pour ton argent, j'aime autant te dire tout de suite que j'ai pas
une maudite cenne. J'ai pas encore trouvé d'ouvrage.
     
    — C'est pas pour
l'argent que tu me dois, dit sèchement Carole.
     
    — C'est pourquoi
d'abord? — Je peux pas te parler de ça en pleine rue, déclara Carole en jetant
un coup d'oeil autour d'elle.
     
    — Viens. On peut
monter. Ma belle-soeur est là, si c'est ce qui t'inquiète, ajouta-t-il,
sarcastique.
     
    — Non. J'aime
mieux qu'on se parle à une place où personne peut nous entendre.
     
    — Sacrement,
veux-tu ben me dire ce que tu peux avoir de si important que ça à me dire?
dit-il en jetant son chiffon dans son seau.
     
    Devant Pair grave
de Carole, le jeune homme choisit d'obtempérer. Il vida l'eau de son seau dans
la rue, déposa
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    ce dernier dans
le coffre de son Oldsmobile et fit signe à Carole de monter. Il démarra
sèchement, roula jusqu'à la rue Frontenac et alla immobiliser son véhicule le
long du trottoir, près du parc où s'amusaient des enfants.
     
    — Bon. Qu'est-ce
qu'il y a? lui demanda-t-il sur un ton exaspéré en se tournant carrément vers
sa passagère.
     
    — J'arrive de
chez le docteur, déclara cette dernière.
     
    — Qu'est-ce que
t'as? T'es malade? Carole laissa passer un long moment avant de se décider à
lui répondre.
     
    — Je pense que je
suis en famille, dit-elle à mi-voix.
     
    — Comment ça, en
famille? T'attends un petit? De qui? — André Cyr, viens pas me poser cette
question-là!
     
    s'emporta soudain
la jeune fille en lui jetant un regard furieux. Comme si tu le savais pas!
     
    — Calvaire, c'est
pas vrai! Pour juste une fois.
     
    Carole aurait
aimé qu'il la prenne dans ses bras pour la rassurer et lui promettre son appui,
mais il ne bougea pas, trop occupé à essayer de voir comment, lui, il pouvait
se sortir de ce mauvais pas.
     
    — T'es sûre de
ça? finit-il par lui demander.
     
    — Pas encore,
reconnut-elle, adoucie. Je vais recevoir le résultat du test mardi soir, mais
je suis presque sûre.
     
    — Christ, il
manquait plus rien que ça!
     
    — Il va falloir
qu'on se marie, déclara Carole.
     
    — Whow!
Énerve-toi pas! s'exclama le jeune homme.
     
    Il y a pas le
feu! On va commencer par être ben certains que t'es en famille et après ça, on
en parlera.
     
    — On pourra pas
attendre ben longtemps, reprit Carole.
     
    Ça va finir par
se voir et ça va jaser.
     
    — Eh ben, ça
jasera, ciboire!
     
    — Arrête de
sacrer, l'implora la jeune fille. Ça va déjà assez mal comme ça.
     
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    — Je sais pas si
tu l'as oublié, mais j'ai toujours pas de job, dit André sur un ton qui se
voulait raisonnable. J'ai pas d'argent pantoute. Je t'en dois même. Comment tu
penses qu'on va pouvoir se marier, poignes comme ça? — On va s'arranger, dit
son amoureuse sur un ton qu'elle voulait confiant — Je vais te reconduire chez
vous, se contenta-t-il de déclarer en démarrant.
     
    Il n'y eut pas un
mot échangé dans l'habitacle de l'Oldsmobile durant le court trajet qui ramena
Carole à la porte de l'appartement familial, rue Emmett.
     
    — Tu viens
veiller à soir? demanda Carole au conducteur en

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