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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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voir sa fille afficher une meilleure humeur.
     
    Louise Brûlé
travaillait pour une compagnie d'assurances au centre-ville et finissait à cinq
heures trente, soit une demi-heure après sa cousine. Carole était persuadée
d'avoir largement assez de temps pour la rejoindre avant qu'elle ne quitte
l'édifice où elle travaillait.
     
    Un peu avant cinq
heures, son patron lui fît remettre deux documents à dactylographier par sa
secrétaire personnelle et elle ne put quitter son travail qu'avec quelques
minutes de retard. Elle eut beau se précipiter vers l'arrêt d'autobus, elle
n'arriva devant l'immeuble où étaient situés les bureaux de la compagnie
d'assurances, boulevard Dorchester, que vers cinq heures quarante.
     
    Au moment où elle
allait pénétrer dans le hall de l'édifice, la jeune fille tourna la tête à
gauche juste à temps pour apercevoir de dos un couple qui s'éloignait sans se
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    presser. Carole
s'arrêta pile. Elle venait de reconnaître la coiffure et la démarche de sa
cousine. Son premier réflexe fut de la héler, mais elle se retint à temps,
poussée par la curiosité.
     
    — Ah ben,
l'hypocrite! se dit-elle. Elle m'a jamais dit qu'elle s'était fait un nouveau
chum.
     
    Après un bref
moment d'hésitation, elle se décida à suivre les amoureux qui se tenaient
tendrement par la main, bien décidée à surprendre sa cousine avant qu'elle ne
disparaisse à bord d'une voiture ou dans un autobus avec son compagnon qui
venait justement de la saisir par la taille.
     
    À l'instant où
Carole accélérait le pas pour se rapprocher de sa cousine, cette dernière et
son amoureux s'arrêtèrent brusquement au coin de la rue, s'apprêtant
manifestement à traverser au feu vert. Au même moment, l'amoureux de Louise
Brûlé tourna le visage pour dire quelque chose à celle qu'il tenait serrée
contre lui. Carole s'immobilisa alors si brusquement qu'un homme qui la suivait
faillit la renverser. En la dépassant, l'homme lui jeta un regard furieux.
     
    — C'est pas vrai!
Je dois rêver! C'est juste un gars qui lui ressemble, dit la jeune fille à
mi-voix.
     
    Cette mâchoire
énergique, ce nez droit et ces sourcils épais appartenaient au visage de l'abbé
Vermette. Il n'y avait pas à s'y tromper. Elle ne pouvait faire erreur. Elle se
remit en route comme une automate, mais en ralentissant pour ne pas trop
s'approcher cette fois du couple qui traversait le boulevard Dorchester. Elle
les suivit à distance sur quelques centaines de pieds, incapable de décider de
la conduite à tenir.
     
    Lorsqu'elle vit
Louise s'arrêter près d'une Corvair brune stationnée un peu plus loin, elle
n'eut plus aucun doute. Il s'agissait bien de Serge Vermette, le vicaire de sa
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    paroisse. Elle
avait vu assez souvent cette voiture au coin des rues Fullum et
Sainte-Catherine, près du presbytère, pour savoir qu'elle appartenait au jeune
prêtre.
     
    Cette
constatation effaça le dernier doute dans l'esprit de la jeune fille qui décida
de faire demi-tour sur-le-champ pour ne pas risquer d'embarrasser sa cousine.
Elle prit l'autobus et rentra chez elle en se demandant comment sa tante
Pauline, si stricte, allait réagir si elle avait un jour vent des amours de sa
fille aînée. Ce serait tout un drame...
     
    Mais ce serait
peut-être un drame moins grand que celui qui la guettait elle-même.
     
    — Sacrifice! On peut
pas dire que vous avez jasé ben longtemps ensemble, lui fit remarquer sa mère
quand elle pénétra dans l'appartement.
     
    — J'ai changé
d'idée après l'ouvrage, mentit Carole.
     
    J'avais trop mal
à la tête. J'ai décidé de revenir à la maison pour m'étendre un peu.
     
    Cette dernière
phrase sembla éveiller de l'inquiétude chez Laurette qui cessa de laver la
vaisselle du souper pour la regarder avec attention.
     
    — Qu'est-ce qui
se passe avec toi depuis un bout de temps? lui demanda-t-elle. On dirait que
t'es toute de travers. S'il y a quelque chose de pas correct, t'es peut-être
mieux d'aller voir le docteur Miron. Si t'es juste faible, il pourrait te
prescrire un bon tonique.
     
    — Ben non, m'man.
J'ai rien. C'est juste de la fatigue, mentit-elle de nouveau.
     
    — Avant d'aller
t'étendre, veux-tu manger quelque chose? J'ai de la bonne sauce aux oeufs. Il y
a des biscuits au coco comme dessert.
     
    — Merci, m'man.
Je vais aller me coucher. Quand je me lèverai, je me ferai une sandwich à
quelque chose.
     
    Sur ce, la jeune
fille entra dans sa chambre.

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