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La fuite du temps

La fuite du temps

Titel: La fuite du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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refermée
sur l'ivrogne.
     
    — Si ça a du bon
sens de se mettre dans des états pareils, dit Laurette, scandalisée. Si c'était
mon mari, je te le brasserais, moi, ce maudit ivrogne-là. C'est gros comme un
pou et ça fait le jars! C'est une vraie honte!
     
    — Au moins, il a
passé la soirée à la fraîche à la taverne, lui, fit remarquer Gérard.
     
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    — C'est ça,
reprit Laurette, caustique. Et pendant ce temps-là, sa femme, la folle, se
morfondait à l'attendre en cuisant dans son jus.
     
    — De toute façon,
ça nous regarde pas pantoute ce qui se passe chez les voisins, ajouta-t-il en
se levant. Viens-tu te coucher? Ça sert à rien d'attendre la pluie. On dirait
ben que c'est pas prêt à tomber.
     
    Laurette se leva
et son mari replia sa chaise berçante qu'il rentra dans l'appartement. Pendant
qu'elle allait préparer son repas du midi pour le lendemain, il alla faire une
rapide toilette. Il régnait une chaleur à la limite du tolérable dans la
chambre à coucher. Laurette s'assura que le crochet des persiennes était bien
mis avant d'éteindre la lampe de chevet.
     
    — Je sais pas
comment on va faire pour dormir, déclara Laurette dans le noir en repoussant la
couverture au pied du lit.
     
    — Il va ben
falloir dormir quand même, dit Gérard.
     
    Quelques minutes
plus tard, elle entendit les premiers ronflements de son mari étendu à ses
côtés et l'envia d'avoir pu trouver aussi facilement le sommeil. Pour sa part,
elle était incapable de s'endormir.
     
    — Comment tu veux
dormir avec une chaleur pareille? se dit-elle. Ma jaquette est toute mouillée
tellement il fait étouffant. Si encore ça se décidait à tomber!
     
    Étendue sur le
dos, à l'affût de tous les bruits extérieurs, la quinquagénaire attendait avec
une impatience grandissante que le sommeil l'emporte et lui fasse oublier la
touffeur régnant dans la pièce. De temps à autre, elle entendait le claquement
d'une porte ou un éclat de voix en provenance de l'extérieur. À deux reprises,
excédée, elle finit par se lever pour aller fumer une cigarette dans la
cuisine. Chaque fois, elle en profita pour vérifier si la pluie s'était mise à
tomber sans qu'elle s'en soit rendu compte.
     
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    Finalement,
épuisée par cette chaleur humide, elle sombra dans un sommeil agité un peu
après minuit.
     
    Soudain, elle
s'assit brusquement dans son lit en toussant. Par réflexe, elle cracha quelque
chose et sa sensation d'étouffement disparut immédiatement. Mal réveillée, elle
prit un long moment avant de tourner la tête vers le réveille-matin trônant sur
la table de chevet.
     
    — Cinq heures du
matin! Bonyeu! Veux-tu ben me dire ce qui m'arrive? se demanda-t-elle.
     
    Gérard, réveillé
par ses mouvements brusques, ouvrit les yeux dans l'obscurité.
     
    — Quelle heure il
est? fit-il en plissant les yeux pour mieux consulter l'heure indiquée par les
aiguilles phosphorescentes du Westclock déposé sur la table de chevet.
     
    — Cinq heures.
     
    — Qu'est-ce que
t'as à grouiller comme ça, taboire! Ça fait trois fois que tu me réveilles.
     
    — Je le sais pas.
Il y a quelque chose qui m'a étouffée, avoua sa femme, qui reprenait pied peu à
peu dans la réalité.
     
    Au moment où elle
prononçait ces mots, elle sentit quelque chose d'inattendu au bout de sa
langue. Elle venait de localiser un trou anormal dans sa dentition.
     
    — Ben, voyons
donc, bout de viarge! Je me suis cassé une dent pendant que je dormais!
s'exclama-t-elle en tendant la main pour allumer la lampe. Ah ben, maudit! Il
manquait plus rien que ça! ajouta-t-elle en se levant précipitamment.
     
    Quelque chose
tomba par terre au moment où elle quittait le lit. Son mari émit une plainte
sourde devant la lumière qui l'éblouissait tout à coup. Il finit par se
soulever sur un coude pour s'emparer de ses lunettes qu'il chaussa avec
mauvaise humeur.
     
    — Bon. Qu'est-ce
que tu cherches à terre?
     
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    — Ma dent,
bonyeu! Je viens de l'entendre tomber en me levant.
     
    Un instant plus
tard, Laurette lui tendit une grosse dent jaunâtre.
     
    — La v'ià, se
contenta-elle de dire avant de se précipiter vers les toilettes pour aller
vérifier dans le miroir si la cavité laissée par cette dent tombée était
visible.
     
    En ronchonnant,
Gérard la suivit. Il savait qu'il était inutile de chercher à retrouver le
sommeil moins d'une heure avant de devoir se lever pour aller travailler. Il
rejoignit

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