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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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homme ! »
    Une femme à la robe austère m’a adressé un regard indigné.
    « Monstre ! s’est-elle écriée. On ne devrait pas tolérer des gens comme vous ! »
    Le basané a opiné du chef avec vigueur en prenant l’air outragé.
    « Vous avez ben raison, m’dame. Pour sûr, on devrait pas tolérer des gens comme vous, monsieur ! Dieu merci, il y a des sociétés comme la not’ qui viennent au secours de ces pauvres bêtes et leur dégottent un nouveau foyer. »
    La femme a acquiescé, et elle a même sorti une pièce de son sac pour la lui donner, puis elle lui a tapoté l’épaule et brandi le poing dans ma direction, ce que l’autre voyou a trouvé hilarant.
    Je me suis jeté sur lui pour essayer de saisir Néron par le col, mais l’homme l’avait attaché – comment avait-il pu faire aussi vite ? – à une laisse de métal qui l’étranglait, aussi ma tentative pour le récupérer et tous les mouvements de mon chien ne faisaient que lui resserrer le gosier !
    « Laisse tomber, mon vieux, sauf si tu veux le tuer », et là-dessus, il a hissé Néron à l’arrière du fourgon. Brutus a suivi, la queue entre les jambes, regimbant contre son adversaire, tournant la tête dans l’espoir de me voir. Mais à son tour il a été fourré avec brutalité dans le véhicule, qu’ils ont fermé en tirant un verrou.
    Je me suis rué dans le salon de ma logeuse, renversant au passage une plante, et faisant tinter la porcelaine. Restait une demi-douzaine de dames assises autour de la table de Mrs Twentyfold, qui m’ont dévisagé, stupéfaites et courroucées. Miss Slyte n’a pas manqué de sauter sur l’occasion. « Dehors ! Dehors, maudit gredin ! Vous avez même pas les manières pour frapper à la porte et attendre que la dame de la maison vous dise d’entrer ! »
    J’ai tenté d’en appeler à Mrs Twentyfold, mais elle refusait de me regarder. Si seulement je pouvais la persuader de tirer ses rideaux de dentelle et de regarder par la fenêtre ouverte, elle verrait ce qui se passait dehors. Mais elle s’est détournée.
    J’ai ouvert la bouche, et j’ai senti ma gorge s’étrécir, tout comme dans mes rêves. J’ai essayé de crier, mais rien n’est sorti, pas un souffle. J’étais incapable d’émettre le moindre son.
    Je me suis précipité dehors, balayant la rue du regard. Dans l’esprit des gens, j’étais associé au cambriolage, si bien que tous les voisins m’évitaient. J’ai eu beau tambouriner aux portes, personne n’a ouvert.
    Ils ont attendu que je revienne vers eux pour partir, et je les ai longtemps poursuivis. Je pense qu’ils allaient lentement à dessein, pour que je puisse les suivre, mais sans bien sûr me laisser les rattraper. Enfin, quand j’ai été à bout de forces, le fourgon a accéléré, et je l’ai perdu. Il a tourné à un carrefour, et je me suis retrouvé au beau milieu de la circulation, manquant me faire faucher par un autre véhicule. Le conducteur furieux a bondi sur moi, m’a repoussé d’un geste brusque sur le bord de la chaussée, et m’a mis sous le nez son horrible figure. Je ne le voyais pas, et il a dû me prendre pour un fou, car j’avais toujours la bouche ouverte, prête à laisser sortir le cri qui ne viendrait jamais.

15
    Pikemartin
    O N M’A PRIS MES CHIENS
    J’ai griffonné ces mots sur un carton – c’est la première fois que je me livre à ce genre de chose, car à ma grande honte, je n’ai jamais bien appris à écrire, et ma plume est gauche. Quand les bords du carton commencent à s’user (car je l’emporte partout avec moi et le montre à tout le monde), j’en fabrique un autre, en tout point identique. La plupart des habitants de cette ville ont déjà vu ma pancarte. Je m’assure que tous ceux que je rencontre dans la rue la lisent, et je me suis même aventuré hors de mon quartier, bien plus loin que jamais auparavant. J’arpente tous les passages, toutes les cours. J’explore les parcs et les jardins. Ainsi lancé dans cette quête étrange, je suis devenu une figure familière. Les gens me témoignent de la compassion et, chaque jour, me demandent si j’ai des nouvelles, me promettant de me rapporter tout ce qu’ils pourraient voir ou entendre. Beaucoup me reconnaissent : Chapman, l’homme aux chiens, avec ses beaux animaux si malins, le doré et le noir, Brutus et Néron. Bien sûr qu’ils se souviennent d’eux. Et feignent de se souvenir aussi de moi. Les questions pleuvent,

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