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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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périodes
(particulièrement en été) et, plus grave encore, leur efficacité était limitée
dans le temps. Cela était négligeable lors des premières tentatives d’attaque
mais lorsque les techniques de la guerre chimique s’affinèrent au cours de l’année
1916, et que l’ennemi parvint à provoquer des concentrations élevées et
persistantes de toxiques, la durée de vie relativement courte des masques
britanniques devint un problème épineux. De plus, le PH Helmet s’avérait
incapable de fixer la chloropicrine [676] .
    Les chercheurs, sous la direction du colonel Harrison
et du major Lambert, tentèrent donc de remédier à ces défauts. Les efforts
des chimistes anglais aboutirent en février 1916 sous la forme d’un
respirateur à cartouche dont le principe était voisin du modèle allemand. Sa
conception était cependant fort différente. « Le respirateur consistait en
une cartouche filtrante reliée au moyen d’un tube flexible à un masque. Le
masque était taillé dans un tissu caoutchouté et si bien ajusté à l’aide de
bandes élastiques qu’il n’y avait pratiquement jamais de fuite. Le nez était
pincé par un clip de métal recouvert de caoutchouc. La respiration s’effectuait
au travers d’un embout de plastique. L’air expiré était rejeté par une valve
placée à l’extérieur du masque. Cette conception assurait une double sécurité
dans la mesure où, même si le masque était endommagé ou percé, le fantassin ne
pouvait pas absorber de vapeurs toxiques tant que l’embout et le clip nasal
étaient en position. » [677] À l’instar du masque allemand, la cartouche était interchangeable, ce qui
permettait non seulement d’utiliser le masque à de nombreuses reprises mais
aussi d’améliorer constamment les performances des absorbants. Bénéficiant de
la taille imposante de sa cartouche filtrante, le Large Box Respirator, ou LBR,
présentait l’avantage d’offrir des capacités supérieures à son homologue
germanique. En raison de son encombrement trop important et de son poids élevé,
une version simplifiée de ce masque apparut sous le nom de Small Box Respirator
ou SBR en août 1916. Sa cartouche était plus petite et il comportait de
nombreuses améliorations, dont un nouvel embout respiratoire qui, promettaient
ses concepteurs, permettrait de se faire entendre et comprendre pendant le port
du masque. Sa conception était l’œuvre du colonel Harrison et des Millbank
Experimental Laboratories du RAMC. Les premières commandes furent passées le 16 juin 1916
et dès le mois de juillet la production atteignait 30 000 unités par jour [678] . Ce modèle fut
produit à plus de seize millions d’exemplaires. Au moment de sa distribution
sur le front, le SBR était incontestablement le meilleur des masques
disponibles parmi les armées en conflit. Il assurait une protection de trente
minutes contre une concentration de 41,2 g de phosgène [679] par mètre cube.
Des militaires britanniques ainsi qu’un certain nombre d’historiens, dont
Ludwig Haber, prétendirent même que l’apparition du SBR décida les Allemands à
mettre fin aux attaques par nuées dérivantes sur les forces britanniques.
Malheureusement, cette explication ne résiste pas à l’épreuve des faits dans la
mesure où la dernière attaque allemande de ce type sur les troupes de sa
Majesté se déroula le 8 août 1916, soit dix jours avant les premières
distributions de SBR aux fantassins.
    En dépit de ses qualités, le SBR présentait la particularité
d’être très inconfortable en raison de la pince nasale en acier qui empêchait l’air
de pénétrer par les narines. Le fantassin devait respirer, à l’instar d’un plongeur
sous-marin, au travers d’un embout de caoutchouc dont le port, très pénible,
irritait les muqueuses de la bouche. Contrairement aux affirmations de ses
concepteurs, il était impossible de parler lorsque l’on portait le masque et
cette lacune fut à l’origine de multiples accidents : à de nombreuses
reprises, des officiers britanniques furent atteints par les vapeurs toxiques
alors qu’ils avaient été obligés, pour donner les ordres, d’ôter leurs masques.
Malgré les efforts des ingénieurs britanniques, ces défauts ne purent qu’être
partiellement gommés au fil des améliorations successives. Ainsi, en septembre 1918,
le CEA, qui utilisa également le SBR, émit le souhait de ne pas voir les
soldats américains, saufs

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