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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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circonstances exceptionnelles, porter le SBR au-delà
de huit heures [680] .
    Quoi qu’il en soit, avec le SBR, les Britanniques
reprenaient le dessus sur les Allemands dans le domaine des protections
respiratoires individuelles. Si la cartouche filtrante du masque allemand était
remarquable, son défaut principal résidait dans sa durée d’efficacité. De plus
en plus souvent, les artilleurs français et britanniques parvenaient, au fil du
raffinement croissant des tactiques de l’artillerie chimique, à obtenir et à
faire durer pendant plusieurs heures des concentrations élevées en toxiques sur
les positions ennemies. Bien que les cartouches fussent interchangeables [681] , ces situations
provoquaient rapidement la saturation des filtres du masque allemand et au
cours de l’été 1917, une relative crise de confiance à l’encontre de son
matériel de protection respiratoire parcourut l’armée allemande. Ce malaise fut
à l’origine des nouvelles instructions distribuées aux fantassins allemands à
partir de septembre 1917 [682] .
    La partie faciale du masque allemand était constituée de
tissu de coton imprégné de caoutchouc. Lorsque le caoutchouc vint à manquer en
Allemagne en raison du blocus, ce tissu fut remplacé par du cuir en provenance
de Bulgarie. Ce cuir était imprégné de graisse de phoque pour le rendre
imperméable. Faisant d’une nécessité une vertu, les Allemands clamèrent que le
masque en cuir était une avancée considérable [683] . Il n’en était
rien. Le cuir se révélait peu adapté aux rudes conditions du front : il
était épais, séchait difficilement, et posait de sérieux problèmes pour être
ajusté correctement. Le remplacement des masques caoutchoutés par les masques
en cuir débuta vers le mois d’octobre 1917 [684] . La qualité de
la protection offerte aux fantassins fut dès lors largement affectée.
    La structure de la cartouche demeura inchangée mais son
contenu fut légèrement modifié au cours de l’été 1917 afin de fixer plus
efficacement la chloropicrine. En mai 1918, la solution fixatrice fut une
nouvelle fois améhorée. Sous le nom de code S-E, pour Sonntags-Einsatz, se cachait
une nouvelle augmentation du contenu de la cartouche en charbon actif.
Cependant la principale innovation résidait dans un filtre de papier destiné à
stopper les particules de chlorure de diphénylarsine [685] . Ce filtre, qui
consistait en une extension détachable, avait été élaboré au KWI par les P rs  Weigert
et Hans Pick. Il n’est pas certain que ces disques de papier aient pu
réellement stopper les particules de chlorure de diphénylarsine et, de plus,
ils avaient le défaut de gêner encore un peu plus la respiration. De surcroît,
le masque ne disposant pas de valve spécifique destinée à évacuer les gaz
expirés par la respiration du soldat, le dioxyde de carbone avait une fâcheuse
tendance à s’accumuler dans l’espace compris entre le masque et le visage. Ce
facteur aggravait encore les difficultés respiratoires [686] . Cette gêne fut
l’un des défauts majeurs du masque allemand dont même les ultimes modèles ne
purent se départir. Ainsi, lors des attaques britanniques sur Arras en avril 1917,
un grand nombre de prisonniers allemands déclarèrent que le port de leur masque
pendant plus de dix heures avait constitué un véritable calvaire. Dès la fin du
printemps 1918, les chimistes allemands avaient conscience que leur
masque, du moins sous cette forme, avait atteint ses limites et de fait,
craignaient une innovation française ou britannique susceptible de déjouer les
capacités fixatrices de la cartouche.
    Au cours de l’année 1917, les chimistes britanniques
apportèrent plusieurs améliorations à la cartouche fixatrice du masque SBR.
Trois modifications successives, en août, octobre 1917 puis en janvier 1918 [687] ,
permirent d’augmenter les qualités absorbantes du charbon actif ainsi que
celles des granules de permanganate. À l’automne 1917, le War Office se
montrait extrêmement préoccupé par l’apparition des projectiles allemands
contenant du chlorure de diphénylarsine (obus croix bleue ) et
décida de doter rapidement le SBR d’un dispositif susceptible de fixer les
arsines. L’Anti-Gas Department désigna le P r  H. S. Raper
pour mener les recherches. Après des travaux laborieux, l’équipe de chimistes
livra le résultat de ses expérimentations le 8 février 1918 au
Defence

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