La grande guerre chimique : 1914-1918
Committee du CWD [688] . Les P rs Raper
et Lambert proposaient de doter le SBR d’un sac de cellulose hermétique dans
lequel serait glissée la cartouche absorbante. Si ce procédé, certes rustique,
garantissait une protection satisfaisante contre des concentrations moyennes en
chlorure de diphénylarsine, il présentait cependant le défaut d’augmenter de
manière substantielle la gêne respiratoire. Néanmoins, grâce aux qualités du
SBR, celle-ci demeurait tout à fait supportable. La distribution des cartouches
« emmaillotées » débuta en avril et à la fin mai un million d’exemplaires
avaient été fabriqués. Cette solution, considérée comme provisoire, ne
convenait pas aux autorités militaires, qui réclamaient l’intégration du filtre
à la structure interne de la cartouche absorbante. Cela n’était pas sans
susciter de sérieuses difficultés techniques. Aussi, fallut-il attendre le mois
de septembre 1918 pour qu’apparaisse le nouveau SBR, baptisé Green Band.
Son principe de filtration, à l’instar du masque allemand, reposait sur la
superposition de feuilles de papier (entre 40 et 60) censée stopper les
particules d’arsines. Le War Office passa immédiatement une commande pour plus
de 1 million d’exemplaires livrables au 1 er janvier 1919.
Elle ne fut pas entièrement honorée en raison de la fin des hostilités. Au
total, les Britanniques assemblèrent entre 1915 et l’armistice plus de 50 millions
de masques [689] .
Ces derniers étaient devenus dès la fin de l’année 1915 des objets familiers
dont chaque fantassin était pourvu. C’était la protection indispensable du
soldat moderne à tel point qu’au sein de l’armée britannique, un homme dépourvu
de masque respiratoire était humoristiquement désigné comme étant « à
moitié nu ».
À la fin de l’année 1916, les appareils respiratoires et la
discipline de protection des troupes contre les gaz avaient fait de tels
progrès que, dans les deux camps, on observait une diminution constante du
rendement des bombardements chimiques. De fait, les masques dont étaient
équipés les belligérants avaient atteint des performances techniques
remarquables. Si en 1915 le premier filtre allemand offrait une protection
efficace contre des concentrations de 0,4 g/m 3 de chlore et de
0,2 de phosgène, au début de l’année 1916, le Large Box Respirator protégeait
déjà contre une concentration de 1 g/m 3 . À la fin 1916, le
Small Box Respirator, pourtant plus petit que le LBR, permettait de résister
pendant soixante minutes à des concentrations de 10 g/m 3 de phosgène contre 0,1 g/m 3 un an plus tôt. Bien que cela
semble peu crédible, les autorités françaises prétendaient que le masque M2
offrait la même protection pendant quatre ou cinq heures. Il semble en
effet que le M2 n’offrait cette protection pendant ce laps de temps que contre
des concentrations de l’ordre de 1 g/m 3 de phosgène. Néanmoins,
on mesure bien la rapidité extraordinaire des progrès effectués par les
chimistes dans le domaine des cartouches filtrantes pour masques respiratoires.
Les forces russes, qui manquaient cruellement de matériels
de défense chimique, durent se contenter pendant l’hiver 1915-1916 des
surplus français et britanniques sous la forme de tampons respiratoires et de
Hypo Helmet. Conscients de la faible protection offerte par ces modèles,
les chimistes russes entreprirent de concevoir leur propre masque. À l’automne 1916,
un prototype baptisé masque Koumant-Zelinski fut fabriqué [690] . Il était
entièrement constitué de caoutchouc, ce qui était, pour l’époque, une
innovation remarquable. Malheureusement, cette prouesse technique contribua à l’échec
relatif de la tentative russe dans la mesure où le port du masque se révéla par
trop désagréable (démangeaisons, chaleur étouffante…) pour que l’on décide de
le produire industriellement. Ne disposant pas d’une valve spécifique pour l’évacuation
des gaz produits par la respiration, le port du masque devenait vite
insupportable, particulièrement dans la chaleur de l’été de l’Europe orientale.
Il fut donc décidé d’importer en grandes quantités des masques M2 et PH Helmet.
Quant aux fantassins italiens, ils étaient équipés d’une copie du masque M2
français fabriquée dans la péninsule et dont la capacité filtrante avait été
améliorée. Mais de manière inexplicable, la solution
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