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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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importante ne fut
emportée [220] .
Si Falkenhayn avait obtenu un resserrement non négligeable du saillant d’Ypres
et assuré une certaine sécurité à son aile nord, il n’avait pas atteint les
objectifs fixés à la veille de l’offensive. L’état-major avait de fait
considérablement sous-estimé l’impact du gaz sur les forces alliées, et
Falkenhayn dut le reconnaître en avouant que « l’effet de surprise fut
considérable. Malheureusement, nous ne pûmes l’exploiter convenablement. Les
réserves nécessaires n’étaient pas prêtes pour cela » [221] . De nombreux
officiers supérieurs allemands, dont le général von Deimling,
partageaient ces regrets : « Si de notre côté, nous avions disposé de
réserves suffisantes, nos troupes auraient pu percer le front et arriver jusqu’à
Ypres. » [222] Aucune réserve conséquente n’avait été constituée pour assurer le soutien de l’offensive.
Comme nous l’avons vu plus haut, les cylindres pressurisés de chlore avaient
été considérés par les militaires comme une arme expérimentale dans une
opération de moyenne envergure dont l’objectif était purement local. Les gaz
devaient faire la preuve de leur efficacité au cours d’une opération mineure
avant leur emploi lors d’une offensive majeure. Cette opération fut en quelque
sorte un essai. Il est probable que l’enthousiasme de Guillaume II en
cette journée du 23 avril 1915 eût été tempéré s’il avait eu
connaissance de ces informations. Évoquant cette opération après la guerre,
Fritz Haber déclara : « Le commandement militaire a reconnu après
coup que, si l’on avait suivi mes conseils et préparé une attaque de large
envergure, au lieu de faire à Ypres une expérience vaine, l’Allemagne aurait
gagné la guerre. » [223] Cette
affirmation sans doute outrancière n’est cependant pas dénuée d’intérêt, tant
il paraît légitime de se demander si une offensive d’envergure le 22 avril
n’aurait pas produit des effets bien plus importants. Comme le souligna avec
justesse le P r  Julius Meyer en 1926, « l’impression chez l’adversaire
fut énorme et les résultats effectifs considérables mais, tactiquement, le
succès ne fut pas exploité à fond parce que les dirigeants militaires, imbus de
leur formation classique, ne pouvaient prévoir la puissante action des gaz et
ne s’étaient pas préparés en conséquence » [224] . L’impact de l’attaque
chimique de Langemarck avait été d’autant plus important que les troupes
alliées ne disposaient d’aucun moyen de protection, ce qui ne sera plus le cas
lors des prochaines tentatives.
    La surprise provoquée par l’incroyable efficacité du procédé
se fit ressentir au sein de l’OHL dès le lendemain. Dans la mesure où cette
attaque devait constituer une expérience probatoire destinée à évaluer le
potentiel tactique des gaz, aucun plan n’avait été échafaudé pour poursuivre l’offensive.
Il fallut attendre la fin de la matinée du 23 avril 1915 pour que des
ordres confus de poursuite de l’action parviennent aux officiers allemands en
premières lignes [225] .
Trop tard : le dispositif allié était reconstitué et la bataille reprit
dès lors une forme plus conventionnelle, les forces allemandes ne disposant
plus d’un nombre suffisant de cylindres pour mener une nouvelle opération
chimique d’envergure. Il faut de surcroît souligner les conséquences néfastes
que ne manqua pas de provoquer le déclenchement de l’attaque allemande à un
moment aussi avancé de la journée. Du point de vue tactique, l’infanterie ne
pouvait pas développer son action à la nuit tombante. Du point de vue
physico-chimique, le désavantage était encore plus sérieux. Le terrain chauffé
dans la journée par un beau soleil printanier ne permit pas au nuage gazeux de
coller exactement au sol comme cela eut été le cas au petit matin. Aux deux
ailes de la vague, des tourbillons ascendants, favorisés par la présence de quelques
bâtiments isolés, soulevèrent le nuage, réduisant ainsi considérablement son
action. Jusqu’à aujourd’hui, de nombreux auteurs ont disserté et spéculé sur le
fait de savoir si l’Allemagne aurait pu, en cette occasion, remporter la guerre [226] .
Certes, l’attaque de Langemarck, mieux préparée et dotée d’effectifs plus
importants, aurait sans doute permis une victoire plus éclatante encore. Quant
à savoir si elle aurait pu

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