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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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s’entourant
immédiatement de collaborateurs dévoués [439] . C’est à ce
titre qu’au début du mois de juillet à Helfaut, Foulkes reçut le roi Georges,
la reine Mary et le prince de Galles pour une démonstration des
capacités chimiques au combat de son unité [440] .
    Au cours de l’été et l’automne 1917, les polémiques
entre partisans des cylindres et ceux des projecteurs redoublèrent. Les
résultats opérationnels penchaient indubitablement en faveur de la technique
des projecteurs dont l’utilisation, on l’a déjà noté, se révélait bien moins
fastidieuse que celle des cylindres pressurisés. Conscient de ces difficultés,
mais refusant catégoriquement l’éventualité d’abandonner la technique des nuées
dérivantes, Foulkes proposa des améliorations importantes au procédé. Cette
initiative, baptisée mobile cylinder deployment [441] , consistait à
réduire la dimension et donc le poids des cylindres de manière à pouvoir les
transporter plus aisément vers les premières lignes. De la sorte, il serait
possible de déployer les agents chimiques rapidement et peu de temps avant l’heure
prévue de l’attaque, et ainsi de soulager la charge logistique des fantassins.
Ces petits cylindres, baptisés par la troupe mice (souris), par
opposition aux plus grands appelés rats (rats), ne pesaient que 25 kg
et pouvaient être transportés sur l’épaule d’un seul homme. Malgré des
tentatives plutôt satisfaisantes, cette amélioration ne bouleversait pas véritablement
la technique des nuées dérivantes et ne fit donc pas taire les critiques.
Paradoxalement, l’année 1917 marquait la banalisation et la généralisation de l’arme
chimique sur le champ de bataille. Entre avril et décembre 1917, la Special
Brigade mena près de 348 opérations distinctes qui nécessitèrent 12 000 cylindres,
100 000 bombes pour projecteurs, et 120 000 obus de
mortiers, soit un total de 2 050 t d’agents chimiques. Peu à peu,
faute de s’être imposée comme une arme offensive imparable, l’arme chimique
britannique était devenue le vecteur de la guerre d’attrition.
    En raison des rigueurs de l’hiver mais surtout à cause de la
vigoureuse poussée allemande, les hommes de la Special Brigade ne menèrent que
très peu d’opérations au cours des premiers mois de 1918. La soudaineté de la
progression ennemie obligea les forces chimiques britanniques à abandonner
souvent de grandes quantités de matériels, retardant encore la reprise des
opérations chimiques. Enfin, à la fin du mois de mai, le front britannique
retrouva une relative tranquillité, ce qui permit à Foulkes de mettre en œuvre
les plans échafaudés à l’automne précédent. Persistant dans l’idée que les
nuées dérivantes demeuraient le meilleur vecteur de la guerre chimique, le
directeur du Gas Service avait imaginé une nouvelle méthode de dissémination
des gaz qui, pensait-il, permettrait d’alléger la charge de travail imposée par
l’installation des cylindres dans les tranchées. L’idée était la suivante :
disposer sur un wagon découvert un grand nombre de cylindres pressurisés que l’on
déplacerait ensuite sur des rails installés à cet effet vers la zone du front
choisie. Cette méthode avait plusieurs avantages : d’une part, elle
évitait que les dangereux cylindres ne séjournent des semaines entières auprès
des fantassins en attendant des conditions météorologiques favorables, et d’autre
part, elle réduisait considérablement le portage. Le problème de l’ouverture
simultanée des cylindres fut résolu grâce à l’ingéniosité du caporal Wilson
de la compagnie M, qui suggéra la pose de détonateurs électriques sur les
valves. Peu avant l’heure H, les wagons étaient tractés en arrière des
lignes britanniques évacuées par les fantassins juste avant l’attaque [442] .
En quelques minutes, les centaines de cylindres libéraient leur gaz sous la
forme d’un nuage d’une concentration en toxique inégalée jusqu’alors. Le
résultat prenait rapidement la forme d’un arc de cercle caractéristique de
cette méthode de dissémination, de sorte que les fantassins britanniques la
qualifiaient de beam attack [443] . Le projet de
Foulkes consistait à préparer une offensive d’envergure impliquant la totalité
des effectifs de la brigade, qui, en utilisant une quantité de gaz très
importante, à vrai dire inédite, pourrait ainsi ouvrir une brèche

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