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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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avaient été tirés de l’expérience du combat
statique entre avril 1915 et juillet 1918. Les méthodes classiques de
la guerre chimique en vigueur jusqu’à cette date se révélaient inopérantes. Au
début du mois de septembre, il était patent, comme le signalaient de nombreux
rapports [450] ,
que les attaques de projecteurs ou de cylindres étaient impossibles à mettre en
œuvre. La préparation de ces opérations nécessitait tant de temps que lorsque
tout était enfin prêt, le front s’était parfois déplacé de plusieurs dizaines
de kilomètres [451] .
Les Special Companies durent donc s’adapter rapidement aux nouvelles conditions
de la guerre en abandonnant les nuées dérivantes au profit d’autres modes de
dissémination. Le retrait allemand des Flandres aggrava encore cette situation
au point que Thomas écrivit à cette date dans son journal : « Il
semble qu’il n’y ait aucune chance de maintenir l’ennemi dans une position
assez longtemps pour mener une attaque chimique. » [452] J. B. Platnauer,
de la compagnie O, constatait quant à lui : « Il n’y a pas un
seul Boche en vue à moins de plusieurs kilomètres sur le front de la première
armée. En conséquence, il n’y pas de cible potentielle pour nos projecteurs ou
nos nuages de gaz. Il semble que nous soyons temporairement réduits au chômage. » [453] Dans ces conditions, au début du mois de novembre, le général Fries décida
de détacher 9 compagnies de la Special Brigade auprès des troupes
américaines qui étaient engagées dans de durs combats dans la région de Saint Mihiel.
L’armistice du 11 novembre ne permit pas aux forces chimiques britanniques
de prêter main forte aux Doughboys. Ce furent là les dernières initiatives des
hommes de la Special Brigade.
    En définitive, les Britanniques, pas plus que les Allemands
ou les Français, ne parvinrent à des résultats probants à l’aide des émissions
de gaz. Toutefois, au contraire des autres belligérants, et en raison de l’obstination
forcenée du major Foulkes, ils restèrent fidèles à cette technique et
négligèrent ainsi le tournant technique constitué par l’essor de l’artillerie
chimique. L’influence déterminante exercée par un seul homme, en l’occurrence
Charles Foulkes, sur l’ensemble du programme chimique militaire britannique
souligne avec force le poids des hommes et des structures sur le déroulement
même des combats. Si le premier conflit mondial fut une guerre des matériels,
elle fut également une guerre des hommes. Cependant, il est vraisemblable que
ce facteur individuel et organisationnel n’aurait pas pu peser avec une telle
vigueur sur le développement et l’évolution d’une arme plus traditionnelle pour
laquelle les pesanteurs et les certitudes auraient fait leur œuvre. Le
caractère marginal de la technique des nuées dérivantes combiné à la relative
nouveauté constituée par l’arme chimique permit à Foulkes d’étendre une emprise
quasi absolue sur certains aspects des hostilités chimiques menées par l’armée
britannique.
Les nuages dérivants chez les autres belligérants
    Les autres protagonistes du conflit ne participèrent que de
manière anecdotique à cette nouvelle forme de guerre. Le front italien ne se
prêtait guère à la guerre chimique dans la mesure où, hormis les conditions
topographiques difficiles, les vents dominants étaient largement défavorables.
Il y eut néanmoins une émission chimique sur ce front. Elle fut le fait des
forces austro-hongroises. Cette attaque, menée par le 62 e  bataillon
de chasseurs, avec l’aide de spécialistes allemands contre les forces
italiennes sur le plateau de Doberdo près de San Michele di Carso, le
29 juin 1916 [454] , au moyen d’un
mélange chlore-phosgène, fut meurtrière. Les 100 t de gaz firent près de 5 000 victimes
dans les rangs italiens [455] , mais ne
permirent pas de gains importants. Au début de l’année 1917, les forces
austro-hongroises menèrent également quelques offensives chimiques de ce type
contre l’armée russe. Mais, on en sait bien peu quant aux résultats obtenus [456] .
Enfin, l’armée russe, en raison de difficultés d’approvisionnement en
substances chimiques, ne put mener que cinq attaques par nuages dérivants
pendant la durée du conflit [457] . Ces initiatives
se révélèrent par ailleurs sans véritable intérêt militaire tant le retard
russe dans le domaine de la guerre

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