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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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chimique était important. De fait, au moment
où les Russes libéraient leur mélange de chlore-phosgène, les fantassins
allemands disposaient de masques respiratoires si performants qu’ils étaient en
mesure de résister aisément à ces offensives. D’ailleurs, si l’on en croit les
archives allemandes, ces cinq attaques ne causèrent que quelques blessés légers
aux forces allemandes [458] .
    En raison de l’énorme labeur qu’elle nécessitait, la
technique des nuages toxiques dérivants ne bénéficia jamais d’une grande
popularité parmi les combattants de premières lignes qui avaient à l’utiliser
contre l’ennemi. Les officiers des deux camps, allemands et alliés, n’aimaient
pas voir dans leurs propres tranchées des substances aussi dangereuses,
susceptibles de provoquer de multiples incidents. D’autre part, d’un point de
vue purement tactique, les militaires déploraient les incertitudes
météorologiques inhérentes à l’utilisation des nuages dérivants [459] .
Ces critiques, incontestablement pertinentes, jouèrent sans aucun doute un rôle
important dans l’évolution technique et opérationnelle de l’arme chimique au
cours du conflit. Ces nuages gazeux dérivants étaient, on l’a vu, des nuages de
gaz nocifs de grande étendue, formés au ras du sol et entraînés par le vent sur
le terrain occupé par l’ennemi. On ne pouvait employer à cet effet que des
corps chimiques de grande nocivité, de grande densité de vapeur et de bas point
d’ébullition. Du point de vue opérationnel et logistique, l’émission d’une
vague nécessitait un énorme travail préalable, pour disposer un grand nombre de
bouteilles pressurisées dans des abris bien défilés et camouflés. Il fallait
parfois une attente très longue avant que ne se présentât un vent de direction
et de vitesse convenables ; une vitesse de plus de 3 m par seconde
provoquait en effet une trop rapide dilution du gaz tandis qu’une vitesse
inférieure à 1 m par seconde était dangereuse pour les troupes du camp qui
émettait la vague, à cause des remous et des retours de gaz qui pouvaient se
produire. Lors de circonstances exceptionnelles, les effets des vagues de gaz
se faisaient sentir et furent même mortels jusqu’à une distance de 10 km
de l’émission. C’est en ces occasions que des victimes civiles furent
atteintes. Le développement ultérieur des projectiles et obus chimiques, d’utilisation
nettement plus souple, fut la conséquence logique des difficultés soulevées par
cette technique. Elle fut cependant employée intensivement jusqu’en 1916 par l’ensemble
des belligérants, puis, sauf dans l’armée britannique, tomba peu à peu en
désuétude en raison de ses résultats opérationnels pour le moins médiocres.

CHAPITRE VII

Une guerre dans la guerre
    « L’histoire de la
guerre chimique est une succession de tentatives plus ou moins désordonnées des
belligérants de surprendre l’ennemi tout en élaborant, dans le même temps, des
moyens défensifs susceptibles de se jouer de toute innovation. C’est une course à l’initiative. »
    Victor LEFEBURE, The Riddle of The Rhine [460] .
    Au cours de l’année 1916, les espoirs de voir les gaz
disloquer le front ennemi et permettre le retour au mouvement s’étiolèrent peu
à peu. Les Allemands furent les premiers à se résoudre à cette conclusion. Ils
furent bientôt rejoints par les Français. Cela ne signifiait pas pour autant
que l’arme chimique perdait tout intérêt militaire. Bien au contraire, on
pensait toujours dans les états-majors que les gaz représentaient un moyen
efficace d’infliger des pertes humaines importantes à l’ennemi. À défaut d’avoir
pu percer les lignes ennemies, les toxiques pouvaient devenir l’arme de l’usure,
épousant ainsi le processus de totalisation de la guerre ; une guerre dont
l’objectif n’était plus seulement la victoire mais la destruction, l’anéantissement
physique de l’ennemi. L’innovation, dans le domaine de la guerre chimique, ne
se limitait pas au choix de l’agent toxique ou des moyens de protection. Nous
avons pu le constater, aucun des protagonistes n’était vraiment satisfait de la
technique des nuages dérivants. De telles attaques dépendaient entièrement des
conditions météorologiques. De plus, les Allemands étaient handicapés par la
direction des vents dominants sur le front occidental. Elles nécessitaient une
logistique énorme et

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