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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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largement
supérieures à celles habituellement rencontrées lors de telles opérations. Les
officiers canadiens se déchaînèrent alors contre les Gas Companies, accusées d’être
responsables de l’échec de Vimy. Étaient dénoncés pêle-mêle l’incompétence des
personnels chimiques, les conditions météorologiques inappropriées, et surtout
les effets quasi nuls des gaz constatés sur l’ennemi. Les Canadiens en
concluaient donc que les attaques chimiques étaient contre-productives et que
les lourdes pertes auraient pu être évitées au terme d’un assaut conventionnel.
Plusieurs semaines passèrent et des critiques plus acerbes encore se firent
entendre. Le commandant de la 4 e  division canadienne affirma qu’il
avait fait l’erreur d’accorder trop de crédit à l’action des gaz et qu’il
saurait dorénavant que les nuées dérivantes n’étaient pas la panacée. Dans son
ouvrage, Foulkes n’aborda que très rapidement ce qu’il considéra comme un
incident. Il faut y voir à la fois la marque de son orgueil démesuré et son
attachement obstiné à la technique des vagues gazeuses malgré les piètres
résultats obtenus sur le théâtre des combats. Cette obstination explique que l’armée
britannique demeura si longtemps fidèle à la technique des nuées dérivantes.
    Les critiques des militaires à l’égard de ce type d’opérations
redoublèrent à l’issue de l’épisode de Vimy. Cette opération éroda une nouvelle
fois la confiance déjà chancelante qu’accordaient les militaires britanniques
aux nuages dérivants. Ainsi, peu après le carnage de Vimy, le général Horne,
qui commandait la première armée britannique, ordonna de suspendre toutes les
opérations chimiques jusqu’à nouvel ordre : « Peu importent les
circonstances (…) je refuse que l’on décharge les cylindres. » [436] Le 9 mars,
la 1 re  division canadienne intima l’ordre à la compagnie E
de retirer la totalité des cylindres enfouis sur son secteur et le 20, les
opérations des Special Companies furent annulées : « En raison de l’incertitude
inhérente aux attaques chimiques par cylindres ainsi qu’à la charge de travail
imposée par ces opérations, le commandant du corps ne souhaite pas que l’on
installe de nouveaux cylindres sur le secteur dont il a la responsabilité. L’utilisation
des cylindres et des projecteurs est donc suspendue jusqu’à nouvel ordre. » [437] En dépit de la
déroute de Vimy, le major Foulkes espérait pouvoir redorer le blason de ses
unités lors d’une offensive chimique massive combinée (cylindres et
projecteurs) prévue lors d’une nouvelle attaque britannique dans la région d’Arras
le 9 avril 1917. Comme sur la Somme, les Special Companies
utilisèrent l’ensemble des cylindres de White Star lors des opérations
préparatoires. Les projecteurs, quant à eux, devaient entrer en action lors de
l’assaut principal en permettant une concentration maximale de toxique sur les
premières lignes ennemies. Cela devait constituer la première attaque chimique
d’envergure de la guerre à l’aide des projecteurs Livens. Près de la
moitié de la Special Brigade devait participer à cette action bien qu’un grand
nombre de compagnies n’eût pu, faute de munitions disponibles, s’entraîner au
tir réel. Malgré le danger et les difficultés logistiques et techniques
rencontrées lors de la préparation de l’offensive chimique, 2 340 bombes
furent mises à feu le 4 avril peu avant l’heure H, ainsi que 2 000
autres entre le 4 et le 8 avril. Si l’offensive générale s’essouffla
rapidement en raison du mauvais temps persistant, l’utilisation des projecteurs
fut une réussite indéniable. Elle permit de remporter de nombreux succès et le
major Foulkes, sautant sur cette occasion inespérée, s’empressa de louer l’action
de ses hommes et le rôle déterminant joué par les gaz. Au mois de juin 1917,
les rivalités, aussi stériles qu’incessantes, entre Foulkes et Thuillier au
sein du Gas Service prirent fin avec le départ de ce dernier, envoyé vers d’autres
cieux. Au terme d’une promotion, Thuillier se voyait élevé au rang de général
en charge de la 15 e  division [438] . Foulkes le
remplaça au poste de directeur du Gas Service tout en conservant le
commandement de la Special Brigade. De cette façon, il étendait son influence
directe sur l’ensemble des services chimiques de l’armée,

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