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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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ennemies des
postes de commandement. » [471] En revanche, « les obus K-stoff sont surtout employés par les Allemands
contre les positions d’où ils veulent chasser rapidement l’ennemi, mais qu’ils
ont l’intention d’occuper immédiatement, ou qu’ils veulent faire traverser,
sans délai, par leurs troupes ». [472]
    Le K-stoff allemand fut la première étape vers des
obus chimiques létaux pendant le conflit : le mélange gazeux qu’il
libérait était deux fois plus toxique que le chlore. Le 16 juillet 1915,
les forces allemandes obtinrent un succès important en Argonne, au bois de la
Chalade, grâce à ces munitions. Un bombardement de six heures leur permit d’enlever
de nombreuses positions et de faire plusieurs milliers de prisonniers.
Cependant, la toxicité de ces obus fut une fois encore rapidement jugée
insuffisante, et on allait vite entreprendre, de part et d’autre, la mise au
point de munitions beaucoup plus toxiques.
    La plupart des munitions chimiques étaient à peu près
élaborées selon le même principe : « Un récipient de plomb placé dans
le corps de la munition et empli de l’agent toxique dont l’ouverture était
provoquée par la détonation d’une charge explosive dans l’ogive. » [473] Cette structure limitait le potentiel chimique de l’obus car la grande quantité
d’explosifs nécessaire à la dispersion de l’agent toxique réduisait
considérablement le volume de gaz qu’il était possible d’introduire dans les
munitions. Après de nombreux essais, les ingénieurs français furent les
premiers à résoudre cette épineuse question. Une innovation à mettre au crédit
des Français apparue au cours du mois de janvier 1916 allait apporter de
terribles améliorations à cette technique. Le perfectionnement était double :
d’une part, le toxique employé (le phosgène) était extrêmement puissant et
pernicieux ; d’autre part, « en utilisant une quantité plus réduite d’explosifs
(environ 25 g) pour libérer les toxiques, les obus français pouvaient non
seulement transporter une charge chimique plus importante mais également
réduire le volume de dissémination des gaz pour assurer une concentration opérationnelle
plus élevée » [474] .
Les Français possédèrent pendant quelques semaines avec cet obus de 75 mm,
qui fut rapidement adapté aux pièces de 105 et 155 mm, un avantage
technique important sur les Allemands. Ils ne tardèrent pas à être imités. Il
semble que des stocks en obus au phosgène aient été constitués dès la fin 1915.
L’artillerie française n’en fit pourtant usage qu’en janvier de l’année
suivante [475] .
Jusqu’à la fin de la guerre, les ingénieurs français améliorèrent, sans
toutefois la bouleverser, la structure interne des obus chimiques. À cet effet,
de nombreux essais se déroulèrent sur les polygones de tirs de Fontainebleau et
à Satory.
    En octobre 1915, Joffre écrivait une nouvelle fois à
Albert Thomas : « J’insiste en particulier sur la nécessité primordiale
qui s’attache à ce que les obus toxiques soient mis au point de la façon la
plus complète dans le plus bref délai. » [476] En de nombreuses
occasions, Joffre avait exprimé son désir de pouvoir utiliser des obus toxiques
sur le front et demandé à ce que l’on procède rapidement à des essais.
Néanmoins, quand ceux-ci eurent lieu les 2 et 29 décembre 1915 à
Mailly, les résultats se révélèrent relativement décevants. De fait, à peine 20 %
des animaux exposés aux tirs chimiques furent tués par les gaz. Joffre concluait
qu’il ressortait « néanmoins des expériences qui viennent d’être faites
que la Collongite (phosgène) et la Vincennite (acide cyanhydrique) ne donnent
pas entière satisfaction » [477] et répétait que « le
commandant en chef et le général Foch sont d’accord pour estimer que les
gaz représentent une arme nouvelle dans l’emploi de laquelle il est essentiel
que nous prenions la première place dès le printemps 1916 » [478] .
Par l’expression « première place », Joffre signifiait bien sûr qu’il
était impératif de disposer de munitions chimiques létales. Pendant le mois qui
suivit, un débat houleux s’instaura entre le GQG et Albert Thomas à propos de l’efficacité
des obus chimiques. Le GQG se plaignait des délais, jugés trop importants. Il
fut décidé de poursuivre les recherches plus activement et les ingénieurs
redoublèrent

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