Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
Vom Netzwerk:
l’artillerie. Aucun protagoniste ne parvint à faire admettre complètement
la dimension chimique à ses artilleurs. En France, les spécialistes de l’IEEC
au GQG étaient plus ou moins tenus à l’écart par les responsables de l’artillerie.
En Grande-Bretagne, les divergences entre le corps du Royal Artillery et
le centre de recherche de Porton Down étaient telles que Winston Churchill
tenta vainement, en juin 1918, une médiation pour réconcilier les parties [487] .
Une situation semblable régnait à l’OHL. En de nombreuses circonstances, ces
pesanteurs eurent pour conséquence de freiner, parfois singulièrement, l’essor
de l’artillerie chimique au sein des armées belligérantes.
    Le premier mémorandum allemand relatif à l’utilisation de
munitions chimiques était daté du 6 août 1915 et traitait
exclusivement des obus lacrymogènes [488] . Les
concentrations recommandées pour une cible spécifique (comme une batterie
ennemie) s’élevaient à 3 200 obus par kilomètre carré et 2 660
pour une cible « classique », c’est-à-dire une tranchée ou un point d’appui.
Ces concentrations représentaient respectivement des quantités comprises entre
16 et 19 t au kilomètre carré ce qui était nettement insuffisant pour
créer des concentrations efficaces. Au moment de l’introduction des obus croix verte, ces recommandations étaient toujours en vigueur, ce qui eut pour conséquence d’obérer
largement le potentiel de ces projectiles. Au cours de l’été 1916, les
Allemands purent mesurer les lacunes du mémorandum de 1915 et affiner leur
tactique. Cette prise de conscience prit la forme d’un nouveau document qui fut
distribué à la mi-février 1917 [489] . Ces nouvelles
instructions rappelaient les conditions météorologiques favorables (vitesse du
vent inférieure à 1,5 m/s) et précisaient qu’en raison de la difficulté à
établir des concentrations satisfaisantes au moyen de l’artillerie, il était
préférable de maintenir la cible sous un feu chimique lent et régulier mais
pendant plusieurs heures. Tirant les leçons des développements chimiques de
1916, les tacticiens allemands décidèrent que les cibles « classiques »
devaient être soumises à un bombardement de 21 000 obus de divers
calibres à des rythmes fluctuant pendant six à huit heures, soit des
concentrations de 42 t de diphosgène au kilomètre carré. Les modifications
tactiques adoptées par l’artillerie allemande à la mi-février 1917 s’inspiraient
largement des méthodes en vigueur dans l’artillerie française depuis plusieurs
mois déjà. Des feux chimiques réguliers et étalés dans le temps permettaient de
neutraliser l’artillerie ennemie pendant de longues heures. Cette tactique, que
les artilleurs français avaient élaborée au cours du mois de février 1916 [490] ,
ne fut mise en pratique qu’à l’automne en raison de la faiblesse des
approvisionnements en projectiles chimiques. Le premier pilonnage de ce type
eut lieu dans la nuit du 9 au 10 octobre 1916 contre des batteries
allemandes à Pressoire, dans la Somme, au moyen de 4 000 obus de 75 mm
et 4 400 de gros calibre (155 mm pour la plupart). Peu avant la
reprise du fort de Douaumont, fin octobre, les artilleurs français usèrent à
nouveau de cette technique à deux reprises sur des durées de trente à
trente-huit heures. Néanmoins, l’impact de ces innovations tactiques était
réduit par la relative inefficacité des obus français n° 4 emplis d’acide
cyanhydrique.
    Entre février 1916 et janvier 1918, les ingénieurs
français eurent recours à de nombreux essais sur les polygones de tirs de
Satory et de Fontainebleau puis Entressen (Bouches-du-Rhône). Plus de 5 179 obus
emplis de diverses substances furent testés au cours d’une trentaine d’essais.
Les conclusions de ces travaux se révélèrent particulièrement fructueuses.
Ainsi, les tests (sur des animaux) avaient révélé que l’efficacité des
projectiles au phosgène dépendait plus de la cadence du tir que du calibre de
la munition. Un petit obus tiré à cadence élevée se montrait plus performant qu’un
gros calibre à un rythme moins élevé [491] . Pour cette
raison, les artilleurs français continuèrent à privilégier les
approvisionnements chimiques sous la forme de munitions de 75 mm. La
procédure allemande de validation des munitions chimiques était quelque peu
différente. Après avoir évalué la

Weitere Kostenlose Bücher