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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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allemandes, les
fantassins britanniques découvrirent un spectacle surprenant : 2 800 survivants
de la 14 e  division bavaroise se rendirent immédiatement en
déclarant hébétés qu’ils avaient essuyé la plus terrible attaque chimique de la
guerre.
    Selon Foulkes [521] , il y eut près
de 25 opérations de bombardement chimique par projecteur entre le 5 avril
et la fin de l’année 1917. Un grand nombre se déroulèrent en juillet dans
la région d’Ypres. Elles avaient pour objectif d’entraver les contre-attaques allemandes
mais également d’accompagner des offensives alliées. Ainsi, dans la nuit du 19
au 20 novembre 1917, 4 200 projecteurs (soit 57 t de
gaz) furent mis à feu pour appuyer le flanc gauche d’une attaque de chars
britanniques près du bois de Bourlon. Cette initiative contribua largement au
succès initial de la bataille de Cambrai [522] . Si les gaz
britanniques firent peu de victimes parmi les fantassins allemands, les chevaux
qui ravitaillaient les batteries allemandes furent, eux, particulièrement
touchés par le phosgène, ce qui permit, en la privant de munitions, de réduire
considérablement la puissance de feu de l’artillerie ennemie. Exploitant les
succès obtenus à l’aide des projecteurs Livens, les chimistes
britanniques, arguant du fait que la multiplication des toxiques pourrait
accroître l’efficacité de cette technique, développèrent des projectiles
remplis de nouveaux composants chimiques. Ainsi, on expérimenta un mélange de
chloropicrine (30 %) et de chlore (70 %) baptisé Yellow Star. Pour
une raison obscure, les bombes contenant cette substance fuyaient
dangereusement et les essais furent abandonnés. De même, un autre mélange
comprenant 35 % d’anhydride sulfurique et 65 % de chloropicrine
(Green Star) fut testé sur le front mais son maniement se révéla si délicat qu’il
fut également abandonné. De manière épisodique, des toxiques tels que l’acide
prussique, le tétrachlorure d’étain et le sulfure de carbone (Two Red Star)
furent aussi utilisés, sans toutefois supplanter le White Star.
    Le projecteur devint très vite le vecteur chimique le plus
redouté des soldats allemands. Son emploi se généralisa et, grâce à sa
simplicité extrême, le projecteur fut produit à un très grand nombre d’exemplaires.
À la fin mars 1918, 200 000 unités étaient en service dans l’armée
britannique [523] .
À la fin de la guerre, il n’était pas rare de voir des batteries anglaises
comprenant plusieurs milliers de projecteurs Livens. Ces matériels
équipèrent d’ailleurs l’armée britannique jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
En mars 1918, des attaques se déroulèrent près de Saint-Quentin avec 3 000 projecteurs
et à Quéant avec 2 900. « Dans la mesure où le gaz atteignait les
lignes ennemies à des concentrations létales sans aucun signe précurseur, les
fantassins devaient impérativement revêtir et porter leur masque en permanence
jusqu’à une distance de 600 m des premières lignes chaque fois qu’une
attaque britannique était possible. Il était évident que le moral de la troupe
s’en trouvait affecté. » [524] Toute négligence
dans le port du masque respiratoire pouvait être fatale ; comme le
remarquait un officier de la VI e  armée allemande au sujet des
victimes des gaz au cours de l’hiver 1916-1917 : « Elles étaient
surtout le fait de la surprise, du manque de discipline, de masques défectueux
ou non tenus à portée de main, mais également à l’utilisation de tampons
respiratoires aux performances insuffisantes face à de telles concentrations en
gaz. » [525] Cette arme fut, et de loin, le vecteur allié dont le rapport coût/efficacité
fut le plus remarquable de toute la guerre. William Livens avait réussi le tour
de force de concevoir une arme rustique, relativement facile d’utilisation, et
qui conservait une importante capacité d’attrition de l’ennemi ; en fait,
les avantages des nuées dérivantes, sans leurs inconvénients.
    Les ingénieurs allemands ne tardèrent pas à mettre au point
un système comparable au projecteur Livens. Au mois de mai 1917,
des fantassins allemands trouvèrent dans leurs lignes une bombe Livens intacte.
Il ne fallut pas plus de quelques semaines aux ingénieurs pour déterminer, à l’aide
de ce projectile, le mode de propulsion des bombes au phosgène. Une première
version du projecteur allemand entra en production

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