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La grande guerre chimique : 1914-1918

La grande guerre chimique : 1914-1918

Titel: La grande guerre chimique : 1914-1918 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Lepick
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sur la portée du tir, qui passait à 3 km contre
700 à 800 m précédemment. Ce nouveau projecteur (Gaswerfer 1918) avait un calibre de 158 mm. Le dessein de l’état-major était de combiner
les deux types de projecteur et de pouvoir ainsi lancer des attaques chimiques
profondes et d’atteindre les réserves ennemies en deuxième ou même troisième
lignes. De tels bombardements pouvaient en effet perturber durablement les
forces alliées. D’une part, leur profondeur aurait vraisemblablement permis d’entraver
l’arrivée des renforts ennemis mais, d’autre part, leur multiplication
forcerait les Alliés à respecter des consignes de sécurité draconiennes jusqu’à
des distances encore plus importantes du front. Cependant, la fin de la guerre
empêchera l’utilisation généralisée de ce matériel qui, sans aucun doute, se
serait montré extrêmement efficace. Les premières attaques allemandes contre
les troupes américaines dans les derniers jours du conflit semblèrent confirmer
les qualités du Gaswerfer 1918. De fait, même détectées au
préalable, les attaques par projecteurs demeuraient redoutables. Le 17 septembre 1918,
la 29 e  division américaine fut avertie de l’imminence d’une
attaque allemande par projecteurs et, malgré les précautions, elle subit la
perte de 17 hommes dont 5 mortellement atteints après que 200 bombes
se furent abattues sur leurs positions [533] .
    Les autorités françaises se montrèrent fort intéressées par
le lance-bombes britannique. Le 1 er  juin 1917, le général Pétain
écrivit à Albert Thomas pour qu’il sollicite auprès des autorités militaires
britanniques le prêt de 1 500 tubes de lancement et de 3 000 bombes Livens [534] .
Dans un premier temps, cette demande fut rejetée par le ministère. Mais, à l’automne 1917,
après l’accord du ministre français, l’armée britannique mit à la disposition
des forces françaises 1 000 projecteurs Livens [535] et 2 000 bombes. Ces projecteurs permirent aux hommes du bataillon Z
du commandant Girondin de mener deux attaques successives dans l’Aisne, le
23 octobre 1917, sur le Mont des Singes et à la ferme de la Royère.
Dans les deux cas, les positions ennemies furent bombardées par 500 bombes
au phosgène. Les positions convoitées furent prises sans coup férir. Ces
actions furent jugées si encourageantes qu’à partir de novembre, le premier
groupe des compagnies Z abandonna les opérations par nuées dérivantes [536] et fut doté de lance-bombes Livens. Ces épisodes encouragèrent
également, au début du printemps 1918, la réalisation d’un projecteur
français sur le modèle de l’engin conçu par le major Livens. À partir de cette
date, la fabrication du projecteur français, fort semblable au modèle
britannique, fut accélérée et la production des munitions portée à 250 bombes
par jour [537] .
    L’avantage que procurait le projecteur était la formation
quasi instantanée d’un nuage toxique sur les lignes ennemies. La surprise de l’attaque
chimique pouvait être totale. Le fait qu’il était presque impossible de se
protéger contre ce type d’attaques, puisque aucune alerte aux gaz ne pouvait
être déclenchée en temps utile, lui conférait une très grande valeur. Sa
portée, variable selon les modèles, était comprise entre 1 et 3 km. Le
poids des bombes était compris entre 20 et 30 kg dont la moitié de
substances toxiques. La simultanéité indispensable du tir était assurée par des
mises à feu électriques. Ici encore, le vent devait souffler dans la direction
de l’ennemi, pour éviter tout retour, mais le nuage se formant à une distance
respectable du front ami, les petites sautes de vent étaient peu redoutables.
Dans la pratique, ce procédé autorisait une vitesse du vent comprise entre 0 et
3 m/s. Naturellement, la pluie était peu propice à de telles attaques et
cela fut rapidement mentionné dans la plupart des manuels d’artillerie [538] .
Les qualités du projecteur permettaient parfois de surprendre l’ennemi au
moment où celui-ci s’y attendait le moins. Ainsi, dans la nuit du 24 mai 1918
près de Merris, les officiers allemands, jugeant le vent trop violent (environ 5 m/s),
décidèrent de lever l’alerte aux gaz qui était en vigueur depuis déjà plusieurs
jours en raison de renseignements concordants qui laissaient présager une
possible attaque britannique. Le niveau d’alerte des trois

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