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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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colère et lui lança méprisante :
    — Je ne comprends pas l’allemand ! Et d’abord, ma mère, elle déteste les frisés !
    Très digne, elle se leva et alla rejoindre sa maman qui jeta des regards perfides à ces Germains qui osaient imposer leur présence aux enfants.
    Cela fit un petit remous dans l’assistance.
    Derrière la scène, tout en actionnant ses marionnettes, Juliette s’en aperçut et reconnut immédiatement Augustin sous l’uniforme d’un Herr General. Entre deux répliques, elle avertit son grand-père qui « jouait » avec elle.
    Le vieux marionnettiste, M. Millian, trouva le moyen d’avertir l’ami de sa petite fille. Il fit hurler par Guignol en difficultés avec M me  Fripouillard : « Au Secours ! Général Augustin ! »
    La poupée Guignol demanda même à la foule des enfants d’appeler aussi à grands cris le général Augustin.
    — Augustin ! Augustin ! scandèrent aussitôt les gosses ravis de jouer un bon tour à M me  Fripouillard.
    Une marionnette revêtue d’une tenue chamarrée de général surgit sur la scène, accueillie par les bravos enfantins. Et le rideau se baissa donnant au jeune public le signal du départ. Un disque usé graillonna la ritournelle de circonstance :
    — « Au revoir et merci, merci, merci »…
    Reginald et Augustin, avec une désinvolture amusée de curieux, se dirigèrent vers les coulisses du Guignol où ils pénétrèrent.
    Malgré l’attitude pacifique des deux « Allemands », les mamans se réunissaient en sortant et échangeaient quelques paroles excédées :
    — Faut aussi qu’ils occupent le Guignol ! Ils nous prennent tout !
    Au milieu des décors et des innombrables poupées aux visages hilares et enluminés, le bon Papa-Guignol, M. Millian, salua Augustin et Reginald avec fierté et émotion.
    — Messieurs ! C’est un grand jour pour moi !… J’ai l’honneur d’accueillir deux aviateurs anglais, et un héros français… un de ces héros de l’ombre qui sauveront notre malheureux pays.
    Augustin se rengorgeait, car c’est un talent rare que de feindre la modestie sous l’éloge.
    Peter retrouva joyeusement son chef et déplora comiquement la disparition des fameuses handle-bar moustaches.
    — Elles n’étaient pas assorties à mon nouvel uniforme ! plaisanta Reginald.
    Juliette complimentait Augustin :
    — Vous avez été formidable !
    — Oui…, acquiesçait le peintre. Je l’avoue…
    — Faut être gonflé pour faire ce que vous avez fait.
    — Vous croyez ?… C’est possible…
    La modestie est, au fond, l’art de faire dire par les autres le bien qu’on n’ose pas dire de soi-même…
    Le Papa Millian mit fin aux effusions pour attaquer un sujet plus important.
    — Messieurs, dit-il solennel, je peux vous aider. Ah !… Si j’avais une carte de France, je vous expliquerais bien mieux.
    —  Got your map ? demanda Reginald à Peter.
    Celui-ci était vêtu d’un vieux costume qui lui avait été procuré par Juliette. Mais il avait conservé son écharpe de soie qu’il portait autour du cou. Ce carré dont la R. A. F. munissait tous ses membres fut déployé. On s’aperçut alors que c’était une carte de France très détaillée.
    Le père Millian fut stupéfait.
    — On n’avait pas ça pour la Guerre de 14, s’écria-t-il.
    C’était un vieux patriote qui méprisait les poètes et éditorialistes français subventionnés. Pour lui, en 40, seule ne pouvait s’ouvrir que la voie de la Résistance. Il avait été un gaulliste de la première heure, dès l’appel du 18 Juin, comme on est brun ou blond, de façon toute naturelle. Dans son cœur, la France n’était plus qu’une conspiration.
    — Pour passer en zone libre, j’ai une filière de premier ordre : ma nièce.
    — Jeune nièce ? s’enquit Reginald émoustillé.
    — Cinquante ans, répondit M. Guignol.
    — Je vois, dit le Squadron-Leader, déçu.
    Millian cherchait du doigt sur la carte de soie.
    — Meursault… Meursault… Voilà ! J’y suis !… c’est là… Meursault en Bourgogne, commentait-il. C’est en zone occupée mais à 10 kilomètres seulement de la ligne de démarcation. Retenez bien ceci…
    Les deux Anglais étaient tout oreilles, craignant de perdre une seule syllabe.
    — Vous irez à Meursault àl ’Hôtel du Globe. Vous demanderez M me  Germaine…
    Augustin l’interrompit :
    — Mais comment ils feront pour aller jusqu’à Meursault ?
    — Comme

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