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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges TABET , André TABET
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ignoraient la présence.
    Jeune, jolie, la cornette en bataille, les joues en feu, en proie à une violente indignation, elle leur assenait une dure bastonnade à grands coups d’un gros parapluie de paysanne, tout en vociférant :
    — Voleurs ! Voleurs de citrouilles ! Bandits de grands chemins !
    Reginald, au volant, subissait la dégelée sans pouvoir se permettre le moindre geste de défense. Mac Intosh essaya bien d’entrer en lutte afin de désarmer la vindicative religieuse. Mais il n’était pas de taille. La colère du bon droit l’animant, la Sœur Hospitalière continuait de plus belle à vouloir envoyer les Anglais à l’hôpital.
    —  Stop ! Please, Sister…, supplia le beau Mac, étourdi sous les chocs.
    Le Squadron-Leader surenchérit :
    — Pardonnez ! Nous sommes des aviateurs anglais descendus au-dessus de Paris… Vous n’allez pas vous aussi nous descendre ?
    Ces mots eurent sur l’irascible religieuse l’effet d’une douche sur un feu de bois.
    — Royal Air Force ? balbutia-t-elle, n’en croyant ni ses yeux ni ses oreilles.
    —  That’s right ! confirma Reginald avec un accent aussi authentique qu’un passeport.

    *
    * *

    Stanislas, toujours appuyé sur Augustin comme sur un bâton de vieillesse, cheminait péniblement. Il souffrait de plus en plus dans ses étroits escarpins dont le cuir verni lui paraissait brûlant.
    — Ah ! mes pieds ! mes pieds ! se lamentait-il.
    — Évidemment, c’est pas des chaussures pour la marche que vous avez là ! remarqua Augustin.
    Avec un toupet infernal, une impudence tranquille, le maestro répliqua :
    — Puisque vous me le proposez si gentiment, j’accepte…
    — Quoi donc ? demanda Augustin, loin de se douter du coup que l’autre lui ménageait.
    — Que vous me prêtiez vos chaussures. Vous êtes un homme généreux. Je l’ai deviné au premier coup d’œil. Merci.
    Augustin ne savait comment se défendre.
    — Vous chaussez du combien ? ris-qua-t-il avec une dernière espérance.
    — Du comme vous ! affirma Stanislas péremptoire.
    Déjà il ôtait ses escarpins.
    Augustin n’osa pas refuser. Le maestro lui en imposait trop. Il donna ses chaussures. Lefort les enfila avec un gémissement d’aise.
    Et aussitôt soulagé, il se mit à trotter sur la route sans attendre le malheureux Augustin qui, torturé dans les escarpins, avait l’air à son tour de marcher sur des œufs.
    — Attendez-moi ! suppliait-il.
    — Dépêchons ! lança Stanislas maintenant implacable et désinvolte. Nous avons assez perdu de temps !
    Soudain, un bruit pétaradant parvint à leurs oreilles.
    — Planquons-nous ! avertit le maestro.
    Il ceintura Augustin et tous deux plongèrent jusqu’au fond d’un fossé qui bordait la route.
    Il était temps.
    Du virage ne tardèrent pas à surgir des motos à side-cars montées par des Feldgendarmes casqués, armés jusqu’aux dents et portant de grosses lunettes qui les rendaient encore plus monstreux.
    Ils passèrent à toute vitesse dans un vacarme assourdissant.
    Du fond du fossé monta un petite rire méchant : Stanislas extériorisait sa satisfaction nourrie de méchanceté :
    — Ils n’iront pas loin, nos Anglais ! Bien fait pour eux !
    Augustin était plutôt chagriné par la catastrophe qui allait fondre sur les Britanniques.
    — Pauvres types ! Ils ne méritent pas ça…
    Cette magnanimité eut le don de révolter le chef d’orchestre.
    — Vous les plaignez ! Il ne manquait plus que ça ! Avez-vous oublié ce qu’ils ont fait à Jeanne d’Arc ? Á Napoléon ? Et à moi !
    Il se préparait à sortir du fossé pour reprendre la route quand il se sentit retenu par un pied…
    — Puisque vous me le proposez si gentiment… je ne veux pas vous vexer…, disait Augustin à son tour, j’accepte que vous me rendiez mes souliers.
    D’autorité, il déchaussait le Maître pris de court, récupérait son bien et rendait les inconfortables escarpins à leur propriétaire.
    Stanislas était dans une rage d’autant plus folle qu’elle ne pouvait éclater franchement.
    — Á bas l’Angleterre ! cria-t-il pour se défouler…
    Un camion surgissant de l’autre virage lui coupa la parole.
    Avant qu’ils n’aient eu le temps de réagir, le lourd véhicule s’arrêtait près d’eux :
    Ils reconnurent Reginald au volant et Mac Intosh sur le siège.
    — Vive l’Angleterre ! cria Stanislas sans transition, follement joyeux de se voir offrir une

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