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La grande vadrouille

La grande vadrouille

Titel: La grande vadrouille
Autoren: Georges TABET , André TABET
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un bruit, pas un chant. Les longs chênes gainés de lierre, étiraient leurs bras.
    Stanislas et Augustin arrivèrent devant un long mur en ruine qui leur barrait le chemin. L’un après l’autre, les chiens plongèrent dans un trou étroit qui perçait le mur au ras du sol, un orifice qu’ils paraissaient connaître.
    Les deux chiens ressortirent de l’autre côté de ce trou, tirant violemment sur leurs laisses qui retenaient malaisément Augustin et Stanislas, restés au pied du mur.
    Ils demeuraient chancelants, agrippés aux laisses, qu’ils ne pouvaient lâcher, terrorisés à l’idée de perdre les chiens et d’être seuls irrémédiablement, égarés dans la forêt, ignorant tout du chemin à suivre, livrés aux vraies patrouilles.
    Les bergers allemands, de l’autre côté, tiraient avec une turbulence terrible. Les deux faux feldgendarmes, accroupis, se trouvaient dans une situation désespérée.
    Le trou ne permettrait que le passage des chiens.
    — Tenez bon les deux laisses, proposa Augustin, j’escalade… je les récupère de l’autre côté… Vous lâchez, et vous passez à votre tour…
    — Mais ils vont me mordre, les chiens !
    — Ils ne peuvent pas… ; ils sont de l’autre côté !
    Stanislas se saisit fermement des deux laisses : cependant, ses poignets étaient trop faibles, et risquaient de céder. Augustin se releva, tenta rapidement l’escalade. Mais le mur était bien trop haut, et il dut monter sur le dos de Stanislas, qui se mit à quatre pattes en protestant.
    Augustin parvint ainsi à sauter de l’autre côté, et récupéra les laisses.
    C’était au tour de Stanislas d’escalader le mur. Gêné par son fusil, il le jeta par dessus le mur.
    Augustin le reçut sur son casque :
    — Attention ! ça peut partir, cria-t-il.
    Il s’impatientait, car les chiens le tiraient maintenant avec une violence accrue.
    Mais Stanislas, courbatu, peu sportif, parvenait laborieusement à se hisser à plat ventre sur le haut du mur. Un mouvement maladroit lui fit perdre son casque trop large.
    — Aidez-moi, voyons ! vous voyez bien que je suis en difficulté…
    — Je ne peux pas… ; il faut que je tienne les chiens. J’ai besoin pour ça de mes deux mains…
    — M’en fous ! mettez-vous en dessous…
    Augustin, obéissant à cette injonction, se colla au mur. Stanislas, satisfait, posa les pieds sur les épaules de son compagnon.
    Á cet instant, un lapin de garenne passa follement en éclair. Les bergers flairant le gibier tirèrent sur leurs laisses, en aboyant avec furie. Augustin, emporté, perdant l’équilibre, tomba, entraînant Stanislas qui était à cheval sur ses épaules.
    Dans sa chute, Augustin perdit son casque, lui aussi.
    Assis à terre, ils ramassèrent leurs casques, et, se trompant, chacun mit le casque de l’autre, qui lui allait parfaitement.
    Mais, désorientés, sans réaliser l’absurdité de leur geste, comme des clowns duettistes :
    — Pardon…, c’est le vôtre…
    — Merci…, tenez…
    Chacun reprit son casque, Augustin le petit qui vacillait sur sa tête, et Stanislas le grand qui lui cachait les yeux.
    Dans le petit jour rose, ils repartirent lamentables, laisses en main et fusil à la bretelle, vers les grands taillis mystérieux où les fourrés semblaient les guetter, comme autant de pièges.

XXXII
    — Une forêt qui s’éveille… quelle symphonie ! dit Stanislas.
    Ils traversaient des clairières d’épineuse verdure, embroussaillées d’aiguilles et de branchages tombés.
    Ils en sortaient couverts de feuillages encore ruisselant de rosée, qui s’enroulaient sur les bras, le dos, les casques, les bottes. Ils étaient tels des soldats camouflés en tenue de campagne montant à l’assaut.
    Ils ressemblaient à des arbustes ambulants.
    Soudain, un arbre s’arrêta : c’était Augustin :
    — Chut !
    Des mots s’échappèrent de l’autre arbrisseau :
    — Il y a quelqu’un ?
    — Oui… des pas… plus loin…
    — Ne bougeons plus…
    Chacun reprit la position immobile d’un tronc, se rangeant dans le rideau d’arbres, à l’alignement.
    Non loin, sur la route en contrebas, une patrouille allemande de huit hommes, accompagnés de deux chiens passait au pas cadencé. La ligne de démarcation ne devait pas être loin.
    Stanislas et Augustin, pétrifiés dans la ramure, ne bougeaient pas. Le chien de Stanislas renifla.
    Soudain, il démarra d’un trot rapide et allongé.
    Stanislas tenta
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