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La guerre de l'opium

La guerre de l'opium

Titel: La guerre de l'opium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jose Frèches
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peintures et d’objets d’art   !
    —  Tu ne m’étonnes pas   ! Mon père ne cessait de me parler du tien, en vantant son sens du contact et son goût pour les affaires   !
    —  Ce n’était pas un homme d’argent. Il aimait plus acheter que vendre et maman n’aimait pas le commerce.
    La mère de Tang était la sœur de celle de Sérénité Accomplie dont la famille, issue de la petite noblesse de la province du Zhejiang, avait fermement refusé de pactiser avec le pouvoir mandchou. Faute de pouvoir intégrer les postes de mandarins ou de généraux auxquels ils auraient pu prétendre, les aïeux de Sérénité Accomplie avaient dû se débrouiller par eux-mêmes pour survivre. Certains d’entre eux s’étaient réfugiés au fin fond de la campagne pour y cultiver leur jardin, au sens propre et figuré du terme ; d’autres s’étaient adonnés à des activités commerciales, ce qui n’était pas bien vu dans leur milieu. En tout état de cause, pour ces Han indomptables, servir le pouvoir mandchou était une issue insupportable. Sérénité Joyeuse, le grand-père de Sérénité Accomplie, était ainsi devenu l’un des grands marchands de bronzes archaïques à Canton, en développant une activité dont son fils Sérénité Vivante avait élargi la palette à toutes les sortes d’antiquités.
    —  Comment vont les affaires   ? poursuivit Tang.
    —  Il me faut à présent écouler ce gigantesque stock d’antiquités   ! Je suis vendeur… je dois trouver des clients   !
    —  Ils doivent être nombreux…
    La mine de Sérénité Accomplie se renfrogna.
    —  Les nez longs commencent à s’intéresser aux antiquités… fit-il d’un air sombre.
    —  J’en étais sûr   ! Ils raflent tout   ! Avec l’argent de l’opium, ils ont les moyens…
    —  Crois bien que c’est une perspective qui ne m’enchante guère, mais je n’ai pas trop le choix. Papa a laissé des dettes qu’il revient à son fils d’éponger. Je n’aime pas trop entendre les créanciers frapper à la porte pour réclamer leur dû   ! rétorqua Sérénité Accomplie. Suis-moi au magasin… La vue des belles choses te changera idées   !
    Ils redescendirent dans le jardin où pas moins de quatre chatons se frottaient contre les jambes de Jasmin Éthéré. Les félins savent reconnaître ceux qui les aiment. Tang fit les présentations. Puis, en compagnie de la jeune femme, ils traversèrent deux cours successives avant d’entrer dans un vaste hangar. C’était un vrai repaire à antiques, qui regorgeait des trésors du temps passé. À l’intérieur, dans un nuage de poussière suffocant, trois domestiques s’affairaient à passer le chiffon sur les meubles laqués pour les faire briller tandis que deux autres, perchés sur d’immenses échelles, époussetaient les bronzes, les jades et les porcelaines empilés avec soin sur des étagères qui montaient jusqu’au plafond.
    —  C’est fou, ce que tu as en stock   ! s’exclama Tang.
    —  Je ne vends pas assez î Je ne suis pas très doué pour faire venir à moi la clientèle. Et de nos jours, les antiquaires de mon espèce ayant pignon sur rue souffrent de plus en plus de concurrence déloyale. Beaucoup de familles ruinées par la consommation d’opium mettent en vente leur mobilier et jusqu’à leurs peintures…
    —  Je vois… Ça ne m’étonne pas, soupira Tang.
    —  Papa disposait d’un éventail de riches clients d’origine Han. Il y a dix ans, quand l’opium n’avait pas encore fait tous ses ravages, les amateurs d’antiquités affluaient ici de tout le sud de la Chine, prêts à payer le prix fort pour enrichir leurs collections. C’était le bon temps. Aujourd’hui, les choses ont bien changé… je dois me contenter d’ouvrir cet entrepôt aux nez longs qui veulent bien prendre rendez-vous avec moi.
    —  Hélas   !
    —  Il y a des jours où je me demande si nos éminences pékinoises, malgré leurs cris d’orfraie, ne sont pas les premiers complices de cette situation abominable qui amène la plupart des hommes riches à s’adonner à la consommation de drogue   ! tonna, révolté, Sérénité Accomplie.
    —  Il est vrai qu’il n’y a pas de jour où ne s’ouvre une fumerie dans les rues de nos villes… alors que la consommation d’opium y est officiellement interdite   !
    L’antiquaire s’empara d’une belle théière-éléphant de bronze d’époque Song dont le bec verseur était la trompe.
    — 

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